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George Dandin à l’Opéra de Versailles : l’amour n’est pas à vendre !

par Marc Dumont 27 septembre 2022
par Marc Dumont 27 septembre 2022
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« Mettons fin en mourant à nos tristes soupirs », voilà ce qui est chanté lors du premier intermède de cette noire comédie grinçante. Et cela reflète bien le côté tragique derrière la pièce de Molière empruntant à la commedia dell’arte afin de mieux souligner la violence des rapports sociaux. Le spectateur s’empresse de rire de tout – et pas seulement de Dandin triplement cocufié – afin de ne pas être amené à se sentir saisi d’effroi.

Car Molière est implacable. Le paysan riche, achetant Angélique, une jeune belle bien née qu’il n’a jamais vu, n’obtient de sa femme que tracas et infidélité. Les parents de la dame, renfloués par l’occasion d’un mariage d’intérêt, se montrent odieux avec leur gendre qui n’a pas de sang bleu. Le père est perfidement nommé Monsieur de Sotenville, ce qui le résume parfaitement. La mère, hautaine et méprisante, est totalement insupportable de morgue. Angélique n’est que mensonge et méchanceté à l’égard de son mari. Son amoureux, Clitandre, est aussi infatué que manipulateur. Ainsi, ce monde n’est qu’un spectacle sinistre de petits égoïsmes. Mais par la pirouette de sa plume, Molière en fait une comédie plus que grinçante. Le mari confondu (c’est le sous-titre de la pièce) est ridiculisé, rabaissé, mortifié. La fin est sinistre puisque Dandin se suicide.

Pourtant, ce n’est pas ainsi que le spectacle magnifiquement mis en scène par Michel Fau, se termine, mais bien par une ode à Bacchus, chantée par les quatre solistes de l’ensemble Marguerite Louise, bientôt rejoints par tous les comédiens. Dandin se noie dans le vin, ce qui est plus joyeux mais ne change rien aux gouffres révélés. Comme il est chanté, « c’est mourir que de vivre et de ne boire pas » !

© Marcel Hartmann

Ce Dandin, accablé, trop conscient de ses erreurs, se repentant d’avoir voulu se hausser du col et de la particule, c’est Michel Fau lui-même qui l’interprète avec un souffle, une énergie et un sens inné, nuancé, de la comédie. La nuance n’est pas l’apanage de sa belle-mère, ici totalement hystérique, amenant Anne-Gersande Ledoux à de vraies prouesses vocales dans le suraigu d’éclats forcés. Too much ? Pas sûr car elle et son époux moralisateur, Philippe Girard, sont au diapason du ridicule dénoncé par Molière. L’Angélique d’Alka Balbir est parfois un peu forcée et le Clitandre d’Armel Cazedepatsse montre en séducteur Janus, pédant à l’extrême côté pile, amoureux trop heureux de l’occasion côté face. Quant aux deux valets, ils sont truculents à souhait, forçant parfois le trait dans la composition, que ce soit la Claudine de Nathalie Savary ou le Lubin de Florent Hu. Mais c’est la commedia dell’arte qui l’impose.

Quant aux divertissements musicaux,  dirigés par Gaëtan Jarry[1], ils s’insèrent avec évidence. Lully ouvre le bal et le referme. Tout commence avec un duo chantant les plaisirs de l’amour dans les voix un peu acides de Juliette Perret et Virginie Thomas. Après chacune  des trois mortifications subies par Dandin, les musiciens reprennent le commentaire dans un ingénieux dispositif : à cour, les cordes : trois violons, deux altos, une viole et un théorbe ; à jardin, les bois, flûtes et basson, ainsi que le clavecin, parfois trop bavard et d’une sonorité lui faisant prendre le dessus, au détriment de l’équilibre instrumental.

Juliette Perret se taille la part de choix dans plusieurs airs, nous bouleversant dans « Ah ! mortelle douleur, coulez mes pleurs » mais avec parfois une diction peu compréhensible, petit bémol que l’on retrouvait chez les acteurs, tant le rythme en était frénétique.

Reste que ce spectacle, reprogrammé après annulation Covid, fut un régal des yeux, tant par l’ingénieux décor unique sur trois niveaux, signé Emmanuel Charles, que par les costumes somptueusement baroques (les chanteurs !) d’un certain Christian Lacroix… Sans oublier la subtilité du jeu de lumières signé Joël Fabing. On en ressort en se disant que l’amour du théâtre et de la musique n’a pas de prix.

—————————————-

[1] L’enregistrement est disponible sous le label Château de Versailles spectacles.

Les artistes

Angélique : Alka Balbir
Clitandre : Armel Cazedepats 
George Dandin : Michel Fau 
Monsieur de Sotenville : Philippe Girard 
Lubin : Florent Hu 
Madame de Sotenville : Anne-Guersande Ledoux 
Claudine : Nathalie Savary 

Ensemble Marguerite Louise, dir. Gaétan Jarry

Michel Fau Mise en scène
Christian Lacroix Costumes
Emmanuel Charles Décors
Joël Fabing Lumières
Véronique Soulier Nguyen avec la collaboration de la Maison Messaï Maquillage, coiffes et perruques
Damien Lefèvre Assistant à la mise en scène
Jean-Philippe Pons Assistant costumes
Barthélémy Fortier et Sacha Vilmar Stagiaires assistants à la mise en scène

Le programme

George Dandin ou le Mari confondu

Comédie mêlée d’une pastorale chantée en trois actes de Molière, musique de Jean-Baptiste Lully, créée à Versailles le 18 juillet 1668.

Opéra Royal de Versailles, représentation du 23 septembre 2022.

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Michel Fau
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Marc Dumont

Passionné par l’Histoire et la Musique, Marc Dumont a présenté des centaines de concerts et animé de multiples émissions à Radio France de 1985 à 2014. Il se consacre à des conférences et animations, rédige actuellement un livre où Musiques et Histoire se croisent sans cesse, et propose des « Invitations aux Voyages », qui sont des rencontres autour de deux invités, en vidéo.

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