À la une
Les brèves d’août –
Les festivals de l’été –À Bregenz, un FREISCHÜTZ version Fantasy...
LES DOSSIERS DE PREMIÈRE LOGE
OPERAFEST 2025 – LISBONNE & OEIRAS : Amours interdites !
Les festivals de l’été –Salzbourg : Schönberg – Webern –...
Les festivals de l’été –Vérone : reprise de la mise en...
Saison cinématographique 25/26 du Metropolitan Opera
Triplice anniversario all’Arena di Verona, con CARMEN di Georges Bizet...
À Prague, une MANON LESCAUT seule, perdue, abandonnée de tous...
Les festivals de l’été –Salzbourg : GIULIO CESARE, ou la...
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte rendu

Streaming – Athènes célèbre le bicentenaire de la Révolution grecque avec Andrea Chénier

par Stéphane Lelièvre 1 avril 2021
par Stéphane Lelièvre 1 avril 2021
0 commentaires 4FacebookTwitterPinterestEmail
1,2K

Le 25 mars, fête nationale grecque, marque le début de l’insurrection de 1821, laquelle conduisit à l’indépendance de la Grèce face à l’empire ottoman. En cette année de bicentenaire révolutionnaire, Athènes propose une nouvelle production d’Andrea Chénier, avec en tête d’affiche Marcelo Álvarez et Maria Agresta.

Le répertoire italien fin de siècle redeviendra-t-il un jour à la mode ? L’a-t-il jamais été en France ? On est en droit de se poser la question, tant nos salles d’opéra se sont montrées – et plus encore : se montrent – frileuses avec les œuvres que l’on qualifie de façon parfois abusive de véristes. Le fait qu’il ait fallu attendre 2009 pour qu’André Chénier entre au répertoire de l’Opéra de Paris est en soit très révélateur du mépris dans lequel cette musique est tenue. Certes, la construction dramatique de l’ouvrage n’est pas parfaitement aboutie (c’est surtout vrai du second acte), et l’on est toujours un peu gêné de voir les actes III et IV préfigurer aussi nettement les deux derniers actes de Tosca (Illica signe d’ailleurs les livrets de ces deux œuvres), sans pour autant atteindre l’essence tragique du chef-d’œuvre de Puccini. Mais incontestablement, l’œuvre de Giordano possède ses qualités propres : elle fait notamment entendre un orchestre richement coloré, des motifs puissamment expressifs, et plusieurs scènes marquantes : « La mamma morta », bien sûr, mais aussi, entre autres, pas moins de trois airs pour le rôle-titre, deux belles scènes pour le baryton et deux superbes duos.

Est-ce parce que l’arrière-plan historique de l’œuvre, avec l’évocation des Merveilleuses, des Girondins, de Robespierre, Marat, Fouquier-Tinville, les échos musicaux de la Carmagnole, du Ça ira ou de la Marseillaise, est trop prégnant ? Les mises en scène, aujourd’hui pourtant si friandes des transpositions les plus inattendues, restent en tout cas toujours sagement ancrées dans le contexte de la Révolution française tel que décrit par le livret (été 1789 pour le premier acte, 1794 pour les trois autres). Celle proposée par Nikos Petropoulos pour l’Opéra national de Grèce ne déroge pas à la règle : tout y est, des bonnets phrygiens aux extravagants chapeaux des Merveilleuses, des piques sur lesquelles sont plantées les têtes des guillotinés aux pantalons à rayures portés par les « sans-culottes ». Le spectacle se déroule sans faute de goût mais sans grande imagination non plus, se contentant d’une sage mise en images du livret. Voilà en tout cas qui satisfera pleinement les partisans de la tradition.

Musicalement, l’œuvre est assez difficile à monter, en raison notamment d’une galerie de seconds rôles très riche. L’Opéra national d’Athènes, comme pour sa Butterfly d’ouverture, a fait le choix d’inviter deux chanteurs internationaux pour les deux personnages les plus importants, et de distribuer des artistes grecs dans les autres rôles. L’ensemble se révèle très homogène, avec quelques irrégularités (une Bersi un peu acide, une Comtesse et une Madelon aux timbres usés, ce qui se conçoit bien pour la seconde, moins bien pour la première) mais, au total, une équipe de chanteurs très impliqués dans le spectacle. S’en distinguent notamment Yannis Yannissis, Foucher efficace, et Dimitri Platanias – un habitué de Gérard qu’il a notamment chanté à Covent Garden –, qui offre du personnage autre chose que le portrait monolithique auquel on le réduit parfois.

Maria Agresta semble s’éloigner de plus en plus des rôles belcantistes qu’elle chantait encore il n’y a guère (elle aurait dû cependant incarner Elisabetta de Roberto Devereux au Théâtre des Champs-Élysées en mars 2020…) au profit d’emplois de plus en plus lyriques. Sa Madeleine est sensible et émouvante, portée par une voix au timbre un peu impersonnel mais bien conduite en dépit d’un vibrato parfois un peu large.

On retrouve dans le rôle-titre Marcelo Álvarez, qui avait fait ses débuts en Chénier à l’Opéra Bastille en 2009. Après quelque trente ans de carrière, la voix a conservé l’essentiel de ses couleurs et une belle qualité de projection. La ligne de chant, en revanche, malgré une vraie volonté de nuancer, a perdu en souplesse et se fait souvent hachée, en raison d’un souffle un peu court et d’aigus certes vaillants mais atteints au prix d’efforts visibles. Le metteur en scène, enfin, n’a pas réussi à libérer l’acteur (particulièrement mal fagoté et perruqué au premier acte) d’un jeu toujours un peu gauche, ce qui s’avère préjudiciable à l’incarnation d’un personnage duquel doit émaner un charisme incontestable.

Interventions vaillantes du chœur, et raffinées de l’orchestre (avec notamment des cordes particulièrement soyeuses), placés sous la conduite énergique et précise du chef français  Philippe Auguin.

Un spectacle qui, après Madame Butterfly et Don Giovanni, confirme la visibilité nouvellement acquise par l’Opéra national de Grèce parmi les scènes européennes.

Spectacle visible en streaming sur le site du GNO.

Les artistes

Andrea Chénier   Marcelo Álvarez
Charles Gérard   Dimitri Platanias
Roucher   Yannis Yannissis
Fléville   Vangélis Manniatis
L’Incroyable   Christos Kechris
Fouquier-Tinville   Giorgios Matthaiakakis
Mathieu   Kostis Rasidakis
Madeleine de Coigny   Maria Agresta
Bersi   Marisa Papalexiou
Comtesse de Coigny   Inès Zikou
Madelon   Julia Souglakou

Chœur et Orchestre du GNO, dir. Philippe Auguin
Mise en scène   Nicos Petropoulos

 

Le programme

Andrea Chénier

Opéra en 4 actes de Umberto Giordano, livret de Luigi Illica, créé à la Scala de Milan le 28 mars 1896.

Opéra capté le 28 mars 2021, disponible en streaming sur le site du GNO.

 

image_printImprimer
GiordanoMarcelo AlvarezMaria Agresta
0 commentaires 4 FacebookTwitterPinterestEmail
Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
« Ne donner la parole qu’à celles et ceux qui savent de quoi elles et ils parlent » : RENCONTRE AVEC DOMINIQUE PERNAZ, « DRAMATURGE ÉTHIQUE » À L’OPÉRA DE LUGANO
prochain post
L’Opéra de Wallonie-Liège s’apprête à mettre en ligne 15 spectacles sur son site !

Vous allez aussi aimer...

Les festivals de l’été –À Bregenz, un FREISCHÜTZ...

17 août 2025

Les festivals de l’été –Salzbourg : Schönberg –...

16 août 2025

Les festivals de l’été –Vérone : reprise de la...

16 août 2025

Triplice anniversario all’Arena di Verona, con CARMEN di...

16 août 2025

À Prague, une MANON LESCAUT seule, perdue, abandonnée...

15 août 2025

Les festivals de l’été –Salzbourg : GIULIO CESARE,...

15 août 2025

Les festivals de l’été –NABUCCO pour célébrer un...

13 août 2025

Les festivals de l’été –Salzbourg : Hotel Metamorfosis,...

13 août 2025

Les festivals de l’été –Innsbruck : première représentation moderne...

11 août 2025

Les festivals de l’été –Salzbourg : MARIA STUARDA, pas...

10 août 2025

Annonces

OPERAFEST LISBOA & OEIRAS 2025

En bref

  • Les brèves d’août –

    18 août 2025
  • Les brèves de juillet –

    17 juillet 2025

Humeurs

  • Édito de mars –
    Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito

  • Édito de mars –
    Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Roberto Menozzi dans Triplice anniversario all’Arena di Verona, con CARMEN di Georges Bizet nella leggendaria produzione di Franco Zeffirelli
  • Luciano barilli dans Les festivals de l’été –
    Vérone : reprise de la mise en scène légendaire de CARMEN par Franco Zeffirelli
  • Stéphane Lelièvre dans LINDA DI CHAMOUNIX, Donizetti (1842) – dossier
  • Philippe BAZERIES dans LINDA DI CHAMOUNIX, Donizetti (1842) – dossier
  • meyer dans « Déesse d’or, entends nos voix ! »
    LÉO DELIBES au-delà de Lakmé

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Les festivals de l’été –À Bregenz,...

17 août 2025

Les festivals de l’été –Salzbourg :...

16 août 2025

Les festivals de l’été –Vérone : reprise...

16 août 2025