À la une
Ça s’est passé il y a 100 ans : mort...
À Liège, Faust et Marguerite approfondissent leur connaissance du Bien...
La Bohème revient à l’Opéra Bastille dans la conception spatiale...
Se préparer à FLORA MIRABILIS – Opéra national de Grèce,...
Se préparer à FAUST, Opéra Royal de Wallonie-Liège, 12-20 septembre...
Le cycle FOLIES PARISIENNES du Palazzetto Bru Zane
CD – The World Feels Dusty, récital de Sarah Connolly...
Les brèves de septembre –
JULIE, Boesmans (2005) – dossier
CD – Erin Morley-Lawrence Brownlee : GOLDEN AGE, un parcours idéal sur...
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte rendu

Les Pêcheurs de Perles à l’Opéra Royal de Wallonie

par Raffaele D'Eredità 16 novembre 2019
par Raffaele D'Eredità 16 novembre 2019
0 commentaires 0FacebookTwitterPinterestEmail
1,1K

Photos : © Opéra Royal de Wallonie – Liège

Créés en 1863, Les Pêcheurs de Perles de Bizet montrent déjà pleinement cet engouement pour l’exotisme musical qui fut typique du théâtre lyrique français des dernières décennies du XIXe siècle. S’agissant bien évidemment d’un exotisme sans aucun réalisme mais plutôt d’un imaginaire onirique évocateur de mondes lointains, son ancrage géographique s’avère purement accessoire à la narration. Vue sous cette optique, l’approche essentialiste de Yoshi Oïda pour sa mise en scène se justifie par cette volonté d’indétermination, bien qu’elle soit trahie par les indications géographiques du livret et par les costumes, qui nous transportent dans un Sri-Lanka a-temporel. Cette (presque) absence de décor laisse plus d’espace à l’imagination et au rêve, car le metteur en scène conçoit la narration comme un long flash-back qui se déroule à rebours dans la mémoire de Zurga. On le voit apparaître au lever de rideau, seul, après avoir provoqué l’incendie dans la ville pour libérer Leila et Nadir, les deux amants sacrilèges, et sacrifier sa vie pour les laisser s’enfuir ensemble. L’action commence donc par son dénouement, nous invitant à suivre l’histoire à travers le regard de Zurga. Si l’idée du flash-back ne fonctionne pas de façon systématique pour tous les opéras, elle trouve ici son efficacité dans le langage même de Bizet, lequel a déployé un univers sonore vague et onirique, surtout au tout début de l’œuvre. Les personnages déambulent donc dans un néant pointillé de carcasses de bateaux en bois et de quelques petits accessoires de scène. Un minimalisme qui rehausse l’exigence du metteur en scène en ce qui concerne le travail sur la dramaturgie et la direction des acteurs. Nous pourrions affirmer que la mélodie de Bizet est déjà en soi un puissant directeur d’acteurs, et en effet l’orchestration légère et raffinée, l’enchaînement de mélodies larges et entraînantes, parmi les plus connues de l’opéra français, suffiraient pour que l’on sorte du théâtre pleinement satisfaits.

D’autant plus lorsque leur exécution est dirigée de façon impeccable par un Michel Plasson en grande forme, qui montre tout le poids de son expérience et la connaissance profonde d’une partition qui lui correspond à merveille. Par ses tempi lents et presque alanguis, Plasson sait exploiter la force de séduction de cette partition en respectant avec scrupule la première version de l’œuvre – d’après le manuscrit original de 1863 – et en la mettant au service de ses chanteurs comme seul un grand maître sait le faire.

Annick MASSIS - Cyrille DUBOIS

Qui plus est, le chef était à son tour servi par un trio vocal de prestige. Si la Leïla d’Annick Massis reste encore une référence par la richesse de l’émission, la souplesse du style vocalisant et l’éclat sonore toujours impeccable dans les suraigus, son partenaire Cyrille Dubois se confirme comme l’un des meilleurs Nadir du moment, nous rappelant à plusieurs moments celui, inoubliable, d’Henri Legay. On reste émerveillé par la richesse du timbre, ainsi que par la grâce de la ligne de chant de cet artiste, qui lui permettent d’atteindre avec souplesse et beauté de son les limites de la tessiture aiguë de ténor.

Annick Massis
Pierre Doyen

L’antagoniste Zurga, promu dans cette production au rôle de protagoniste, est interprété par le baryton liégois Pierre Doyen. Artiste doué d’une voix puissante, qui se développe surtout dans le registre grave, il peint avec transport un Zurga très convaincant, dont il développe le caractère tourmenté par la jalousie et le remords. Ses mouvements sur scène apparaissent sciemment dépourvus de grâce et présentent une certaine rudesse qui correspond bien au personnage. Une rudesse qui cède pour un instant, lors de son touchant duo avec Leïla, pour se transformer par la suite en rage violente, dessinant l’un des moments les plus hauts de l’œuvre. Très applaudi aussi le Nourabad chanté avec conviction et véhemence par la basse Patrick Delcour.

Le spectacle a été couronné par de longs applaudissement et nombreux rappels. Les artistes ont remercié le public par le meilleurs des moyens… le bis.

Les artistes

Leïla Annick Massis
Nadir Cyrille Dubois
Zurga Pierre Doyen
Nourabad Patrick Delcour

Orchestre et chœurs de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège
Chef des chœurs Pierre Iodice
Direction musicale Michel Plasson
Mise en scène Yoshi Oïda
Décors Tom Schenk
Costumes Richard Hudson
Lumières Fabrice Kebour

Le programme

Les Pêcheurs de perles

Opéra en trois actes de Georges Bizet, livret d’Eugène Cormon et Michel Carré, créé le 30 septembre 1863 au Théâtre-Lyrique (Paris).
Opéra Royal de Wallonie-Liège, représentation du 16 novembre 2019

image_printImprimer
Cyrille DuboisAnnick MassisMichel PlassonYoshi Oïda
0 commentaires 0 FacebookTwitterPinterestEmail
Raffaele D'Eredità

Raffaele D'Eredità obtient la Laurea (Master 2) en Disciplines Musicologiques à l'Université de Palerme. Il a entrepris ensuite une activité de ténor lyrique et d'écrivain dans son pays d'origine. Il est l’auteur d’une thèse en Musicologie à l'Université Paris-Sorbonne consacrée aux dernières œuvres de Jules Massenet. Il est l’auteur de plusieurs articles parus dans différentes revues et collections scientifiques et collabore aux activités de l’UMR IReMus (Institut de Recherche en Musicologie) et d’autres institutions européennes telles que le Théâtre de l’Opéra National de Paris.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Fidelio au Teatro Comunale de Bologne : un singspiel des Lumières dans la crasse d’un HLM
prochain post
Die ägyptische Helena à la Scala

Vous allez aussi aimer...

À Liège, Faust et Marguerite approfondissent leur connaissance...

15 septembre 2025

La Bohème revient à l’Opéra Bastille dans la...

14 septembre 2025

Les festivals de l’été – Lisbonne – JULIE de...

9 septembre 2025

Les festivals de l’été –Ottavio plus : un...

5 septembre 2025

Les festivals de l’été – Verdi réinventé :...

1 septembre 2025

Les festivals de l’été –PARSIFAL à Bayreuth : sexe,...

1 septembre 2025

Les festivals de l’été –À Innsbruck, l’IPHIGÉNIE de...

31 août 2025

Les festivals de l’été –L’émouvante Cio-Cio San de...

30 août 2025

Les festivals de l’été –ANDREA CHENIER : le...

30 août 2025

Les festivals de l’été – Rencontres musicales de...

29 août 2025

Annonces

OPERAFEST LISBOA & OEIRAS 2025

En bref

  • Les brèves de septembre –

    12 septembre 2025
  • La vidéo du mois – TERESA BERGANZA chante Gluck

    7 septembre 2025

Humeurs

  • Édito de mars –
    Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito

  • Édito de septembre –
    L’opéra aujourd’hui : marcher – et chanter – sur des œufs !

    2 septembre 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Stéphane Lelièvre dans LA RONDINE, Puccini (1917) – dossier
  • Panossian dans Les festivals de l’été –
    TRISTAN ET ISOLDE à Bayreuth : une mise en scène figée dans la mort
  • Wim Nikolas Wiemert dans LES ITALIENS À PARIS (9) : Donizetti, Les Martyrs (1840)
  • Stéphane Lelièvre dans In memoriam : Bob Wilson (1941-2025)
  • Repetto Robert dans LA RONDINE, Puccini (1917) – dossier

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

À Liège, Faust et Marguerite approfondissent...

15 septembre 2025

La Bohème revient à l’Opéra Bastille...

14 septembre 2025

Les festivals de l’été – Lisbonne –...

9 septembre 2025