À la une
Les cadeaux de Parpignol pour les fêtes de Noël
Les brèves de décembre –
Crémone, I puritani  : la jeunesse à l’assaut d’un chef-d’œuvre !
Ça s’est passé il y a 200 ans : création...
« Gala lyrique à la française » salle Gaveau – Comme au...
CD – Sisters – Karine Deshayes et Delphine Haidan rendent...
CD – Mademoiselle Hilaire. Lully – Lambert – Cavalli –...
Au Maggio Musicale Fiorentino, la Passion selon saint Matthieu de...
Al Maggio Musicale Fiorentino la Matthäus-Passion di Bach con la...
Rome – Lohengrin, l’œuf et l’argent : la magie selon...
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Compte renduVu pour vousConcert

Le public strasbourgeois clame son amour à John Nelson, Joyce DiDonato et Michael Spyres !

par Stéphane Lelièvre 28 janvier 2024
par Stéphane Lelièvre 28 janvier 2024

© D.R. (Orchestre Philharmonique de Strasbourg)

© D.R. (Orchestre Philharmonique de Strasbourg)

© D.R. (Orchestre Philharmonique de Strasbourg)

© D.R. (Orchestre Philharmonique de Strasbourg)

© D.R. (Orchestre Philharmonique de Strasbourg)

© D.R. (Orchestre Philharmonique de Strasbourg)

© D.R. (Orchestre Philharmonique de Strasbourg)

0 commentaires 3FacebookTwitterPinterestEmail
1,5K

Lorsqu’au début de la seconde partie de ce concert paraissent John Nelson, Joyce DiDonato et Michael Spyres, on comprend que le critique n’aura pas vraiment ce soir à rendre compte d’un concert, mais plutôt à témoigner de l’histoire d’amour qui lie ces artistes au public strasbourgeois depuis plusieurs années maintenant… À peine arrivés sur scène, les deux chanteurs et le chef s’étreignent et reçoivent du public une chaleureuse ovation. Trois complices auxquels il conviendrait d’ajouter Hector Berlioz, qu’il servent inlassablement depuis des années avec le bonheur que l’on sait : il y eut Les Troyens en 2017, La Damnation de Faust en 2019, Les Nuits d’été (mais sans Joyce) en 2021, Roméo et Juliette (mais sans Michael) en 2022,… Et puis, il y eut malheureusement cette occasion ratée : Carmen, qui aurait dû être donnée et enregistrée l’an dernier, mais à laquelle John Nelson dut renoncer pour raisons de santé.

© D.R. (Orchestre Philharmonique de Strasbourg)

John Nelson, ce soir, ne dirigera que la seconde partie du concert, la première étant confiée à Ludovic Morlot, sous la baguette duquel l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg délivre une éblouissante « Chasse Royale et Orage », dans laquelle la fougue des cordes le dispute à l’excellence des cuivres, stupéfiants de précision ! Paraît ensuite Michael Spyres qui, après son deuxième acte de Tristan donné avec succès à l’Opéra de Lyon en février 2022, poursuit un voyage en terres wagnériennes qui le conduira de nouveau à Strasbourg en mars prochain (mais à l’Opéra du Rhin cette fois) pour Lohengrin. Pour l’heure, l’ambiance reste tristanesque puisque ce sont les Wesendonck Lieder qu’a choisi de chanter le ténor américain. On sait que le cycle fut donné pour la première fois le 30 juillet 1862 sous le titre Fünf Gedichte für eine Frauenstimme (Cinq lieder pour voix de femme) ; plusieurs ténors les ont cependant abordés (Andreas Schager, Stuart Skelton, Jonas Kaufmann…), et Michael Spyres s’y essaie à son tour avec un résultat étonnant : si le voix n’a pas l’épaisseur du timbre barytonnant d’un Kaufmann, elle dispose cependant d’un beau panel de nuances, et surtout le ténor apporte à son chant le même soin, la même délicatesse dans le phrasé qu’il le ferait dans les répertoire français ou italien. La même fluidité dans le legato également, parfois plus difficile à obtenir dans le répertoire allemand en raison de l’importance dévolue aux consonnes. Le résultat est très convaincant, d’une grande poésie et nous rend impatient de découvrir dans deux mois son interprétation du « Chevalier au cygne »…

En seconde partie, Michael Spyres revient pour une « Nuit d’ivresse et d’extase infinie » chantée avec Joyce DiDonato, qui ravive le souvenir des légendaires Troyens de 2017… même si les deux interprètes ne retrouvent pas tout à fait la magie de leur interprétation d’il y sept ans : l’aigu du ténor sur « Grands astres de sa cour » est un peu tiré, et la voix de la mezzo semble avoir encore besoin de se chauffer un peu…  Joyce DiDonato retrouve ensuite Cléopâtre, interprété l’été dernier à la Côte Saint-André avec l’orchestre Les Siècles sous la direction de François-Xavier Roth. L’orchestre fait entendre les premières mesures de la fulgurante introduction et le visage de la mezzo, instantanément, donne à voir l’expression de la douleur la plus intense : littéralement habitée par son personnage, Joyce DiDonato traduira par la moindre inflexion de sa voix, le moindre de ses gestes (jusqu’à ce bras tendu lorsqu’elle se saisit du serpent, et le frisson qui la parcourt au moment de la morsure) les tourments de la reine d’Égypte, tiraillée entre son orgueil blessé, sa passion amoureuse, sa honte, son désespoir. La voix se fait tantôt véhémente (avec un médium et des graves particulièrement assurés), tantôt d’une douceur infinie (le « Dieux du ciel » final, bouleversant, est à peine murmuré), et l’incarnation est à ce point magistrale qu’on aurait mauvaise grâce à souligner ici ou là un aigu parfois un peu court ou un peu tendu… La salle, d’une qualité d’écoute exceptionnelle, retient son souffle et noie la chanteuse sous un tonnerre d’applaudissements.

John Nelson et l’orchestre ont leur part dans le succès remporté par cette page : les musiciens déploient sous la voix de la chanteuse un tapis sonore exceptionnellement riche et expressif, aussi bien dans les déferlements sonores (« Actium m’a livrée ! ») que dans l’introspection à la fois hiératique et douloureuse de l’invocation aux « Grands Pharaons ». Mais c’est peut-être dans la section finale que l’orchestre éblouit le plus, avec des contrebasses évoquant d’une façon saisissante les battements du cœur de la reine angoissée (« Dieux du Nil, vous m’avez trahie… »), avant que les cordes ne suggèrent les derniers soubresauts de vie ressentis par la reine, précédant le froid de la mort qui l’envahit progressivement… Magistral !

Les mêmes qualités de précision, de poésie et de musicalité se manifestent dans la « Grande Fête chez Capulet » de Roméo et Juliette, qui conclut de façon éblouissante un concert accueilli avec enthousiasme par un public rappelant sans fin John Nelson afin de lui témoigner son amour et sa reconnaissance.

N.B. : Le concert a été diffusé en direct par medici.tv, et reste disponible en replay.

—————————————————-

Retrouvez ici Joyce DiDonato en interview !

Les artistes

Joyce DiDonato, mezzo-soprano
Michael Spyres, ténor

Orchestre philharmonique de Strasbourg, dir. John Nelson et Ludovic Morlot

Le programme

Hector Berlioz, Les Troyens
Acte IV : « Chasse royale et orage »

Richard Wagner, Wesendonck Lieder, WWV 91

Hector Berlioz, Les Troyens
Acte IV:
« Nuit d’ivresse et d’extase »

Hector Berlioz, Cléopâtre, scène lyrique

Hector Berlioz, Roméo et Juliette
« Roméo seul », « Grande Fête chez Capulet »

Palais de la Musique et des Congrès de Strasbourg, concert du Vendredi 26 janvier 2024.

image_printImprimer
Joyce DiDonatoMichael SpyresJohn NelsonLudovic Morlot
0 commentaires 3 FacebookTwitterPinterestEmail
Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Liège cède au chant de la sirène RUSALKA !
prochain post
Il aurait 100 ans aujourd’hui… Luigi NONO

Vous allez aussi aimer...

Crémone, I puritani  : la jeunesse à l’assaut...

10 décembre 2025

Les cadeaux de Parpignol pour les fêtes de...

10 décembre 2025

« Gala lyrique à la française » salle Gaveau –...

9 décembre 2025

Au Maggio Musicale Fiorentino, la Passion selon saint...

8 décembre 2025

Al Maggio Musicale Fiorentino la Matthäus-Passion di Bach...

8 décembre 2025

Rome – Lohengrin, l’œuf et l’argent : la...

7 décembre 2025

Robinson, enfin !

5 décembre 2025

Cinéma – LUDOVIC – Le film évènement !

5 décembre 2025

Nice : en – bonne – Company de...

5 décembre 2025

Tous sur le podium : les virtuoses de l’ADAMI...

5 décembre 2025

En bref

  • Les brèves de décembre –

    11 décembre 2025
  • Les brèves de novembre –

    20 novembre 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito


  • Édito d’octobre –
    « O, mia musica, si bella e perduta… » : quand le cas Venezi révèle un malaise plus profond concernant les arts et la musique en Italie

    2 octobre 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Don Giovanni, de Mozart – À Dom e-mots dans KOSTAS SMORIGINAS
  • Josy Santos dans L’Opéra de Liège inscrit le CHAPEAU DE PAILLE DE FLORENCE à son répertoire
  • STEFANI dans Le Chœur de Paris chante Schubert et Pergolesi
  • G.ad. dans Démission de Jean-Louis Grinda, un seul opéra programmé cet été en version de concert… : AVIS DE TEMPÊTE SUR LES CHORÉGIES D’ORANGE
  • Simon De Salmans dans LA WALKYRIE à l’Opéra Bastille : un plateau vocal triomphant !

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Crémone, I puritani  : la jeunesse...

10 décembre 2025

Les cadeaux de Parpignol pour les...

10 décembre 2025

« Gala lyrique à la française » salle...

9 décembre 2025