À la une
Les brèves d’août –
Les festivals de l’été –À Bregenz, un FREISCHÜTZ version Fantasy...
LES DOSSIERS DE PREMIÈRE LOGE
OPERAFEST 2025 – LISBONNE & OEIRAS : Amours interdites !
Les festivals de l’été –Salzbourg : Schönberg – Webern –...
Les festivals de l’été –Vérone : reprise de la mise en...
Saison cinématographique 25/26 du Metropolitan Opera
Triplice anniversario all’Arena di Verona, con CARMEN di Georges Bizet...
À Prague, une MANON LESCAUT seule, perdue, abandonnée de tous...
Les festivals de l’été –Salzbourg : GIULIO CESARE, ou la...
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Compte renduRécital

Kévin Amiel : Hommage à Pavarotti

par Camillo Faverzani 15 octobre 2020
par Camillo Faverzani 15 octobre 2020
0 commentaires 3FacebookTwitterPinterestEmail
2,3K

Crédit photo : © Océane Amiel

Saluons l’extrême rigueur de Kévin Amiel et son assurance sans esbroufe !

Il est toujours délicat de se comparer aux mythes et, en ce qui concerne le regretté Luciano Pavarotti, plus d’un ténor en a revendiqué l’héritage dès sa disparition, souvent avec arrogance. Puis d’autres ténors sont venus et ceux qui se voyaient déjà éternels ont été vite oubliés… Kévin Amiel rend hommage au grand chanteur italien avec humilité et panache à la fois. Humilité ne veut d’ailleurs dire ni amateurisme ni approximation et cet interprète de trente et un ans se dépense sans compter. Son programme est très chargé et, contrairement à d’autres collègues et à d’autres hommages, il ne choisit pas la facilité, comme pour tel ou tel hommage à Maria Callas au cours duquel s’égrènent bien des banalités que la diva, autre mythe du XXe siècle, n’a fait qu’effleurer, alors que son véritable répertoire est vite escamoté. C’est ainsi que ce jeune chanteur propose à l’écoute du public une dizaine de morceaux, entre airs d’opéra et mélodies de concert, tous tirés du répertoire de Big Luciano, sauf l’air de Don José de Carmen, abordé uniquement au disque ou en concert.

Si la romanza de Tosti donnée en hors d’œuvre est somme toute assez simple, elle lui permet de se chauffer la voix et surtout de délecter les spectateurs d’un timbre solaire qu’il ne cessera de déployer tout au long de la soirée. Le récitatif de l’air de Macduff, tiré du Macbeth verdien, « O figli, o figli miei… », dont les premières mesures sont chantées a cappella, est impressionnant d’intensité et, dans la cavatine qui suit, Kévin Amiel fait preuve d’une savante maîtrise du médium et d’un aigu d’un naturel époustouflant qu’il n’a nul besoin de forcer. C’est ensuite avec fraîcheur qu’il redonne vie à Rodolfo de La Bohème, malgré l’espace limité d’un seul air, assumant une gestuelle qui, par bribes, n’est pas sans rappeler celle de son modèle. Un probable clin d’œil à l’hôte de la soirée, comme plus tard dans ces intermèdes que sont Funicolì Funicolà et La danza de Rossini.

Mais, s’il a probablement beaucoup écouté Luciano Pavarotti, Kévin Amiel se garde bien de tomber dans le piège de l’imiter, notamment sur son terrain d’élection, comme dans « Una furtiva lacrima » de L’elisir d’amore, où il excelle par un très beau phrasé – sur « M’ama », par exemple – et un contrôle absolu de la ligne et du souffle, comme plus tard dans « E lucevan le stelle », déjà une incursion dans un répertoire plus lourd. Avec « La fleur que tu m’avais jetée », ce jeune ténor lirico veut surtout se faire plaisir et si ses moyens actuels sont sans doute encore limités pour un rôle si dramatique, son rendu est attachant et l’approche bien prometteuse.

Cependant, la gageure majeure de ce concert réside dans l’air final d’Edgardo (Lucia di Lammermoor) et Kévin Amiel s’en sort avec les honneurs : le récitatif, « Tombe degli avi miei », est presque déclamé dans une diction parfaite et le travail d’orfèvre que le chanteur mène sur la parole suscite une telle émotion que la vaillance de la cavatine ne peut que contrebalancer. On espère pouvoir le réentendre bientôt à la scène dans le rôle entier.

« La solita storia del pastore » de L’Arlesiana de Cilea, où pointe peut-être un soupçon d’accent d’Émilie, la terre natale de Pavarotti, vraisemblablement voulu par l’interprète, fait preuve d’une sûreté dans l’aigu que renouvelle O sole mio, donné en bis, où le jeune ténor démontre comment, au stade actuel de sa carrière, il peut faire ce qu’il entend de sa voix.

Intéressante la complicité le liant au chef, Benjamin Levy, qui le dirige consciencieusement, ainsi que l’Orchestre régional de Cannes-Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’acoustique de la salle ne permet pas toujours à la musique de s’épanouir, parfois les sons nous arrivent quelque peu écrasés, on perçoit quelques stridences, surtout dans l’intermède de Pagliacci. Mais on sait gré aux musiciens de jouer avec un masque (sauf les vents, heureusement) et l’intermède de Cavalleria rusticana est une invitation à l’apaisement, Crisantemi de Puccini un délice, l’ouverture de Don Pasquale, dirigée piano, nous réserve de beaux effets et le prélude de La traviata fait ressortir des détails qui passent souvent inaperçus.

Saluons donc l’extrême rigueur de Kévin Amiel, son assurance sans esbroufe, une discipline qui l’empêche d’en faire trop. Une soirée de très haut niveau qui sera retransmise le samedi 7 novembre sur France Musique – et que les mêmes artistes proposeront ce dimanche à Cannes au Théâtre Debussy. Aux entendeurs…

Les artistes

Kévin Amiel, ténor
Benjamin Levy, direction

Orchestre régional de Cannes-Provence-Alpes-Côte d’Azur

Le programme

Concert du jeudi 15 octobre, Hôtel National des Invalides
Ruggero Leoncavallo – Pagliacci, Intermezzo
Francesco Paolo Tosti – Non t’amo più
Giuseppe Verdi – Macbeth, « O figli, o figli miei… / Ah la paterna mano » (Macduff)
Giacomo Puccini – Crisantemi
Giacomo Puccini – La Bohème, « Che gelida manina » (Rodolfo)
Gaetano Donizetti – L’elisir d’amore, « Una furtiva lagrima » (Nemorino)
Gaetano Donizetti – Don Pasquale, Ouverture
Luigi Denza – Funicolì Funicolà
Gioachino Rossini – La danza
Pietro Mascagni – Cavalleria rusticana, Intermezzo
Giacomo Puccini – Tosca, « E lucevan le stelle » (Mario Cavaradossi)
Georges Bizet – Carmen, « La fleur que tu m’avais jetée » (Don José)
Giuseppe Verdi – La Traviata, Prélude
Gaetano Donizetti – Lucia di Lammermoor, « Tombe degli avi miei… / Fra poco a me ricovero » (Edgardo)
Francesco Cilea – L’Arlesiana, « La solita storia del pastore » (Federico)

image_printImprimer
Kévin Amiel
0 commentaires 3 FacebookTwitterPinterestEmail
Camillo Faverzani

Professeur de littérature italienne à l’Université Paris 8, il anime le séminaire de recherche « L’Opéra narrateur » et dirige la collection « Sediziose voci. Studi sul melodramma » aux éditions LIM-Libreria musicale italiana de Lucques (Italie). Il est l’auteur de plusieurs essais sur l’histoire de l’opéra. Il collabore également avec des revues et des maisons d’opéra (« L’Avant-scène Opéra », Opéra National de Paris).

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Un soir de fête à l’Opéra : concert de l’Académie au Palais Garnier
prochain post
Natalie Dessay donne la voix aux femmes à l’Opéra de Bordeaux

Vous allez aussi aimer...

Les festivals de l’été –À Bregenz, un FREISCHÜTZ...

17 août 2025

Les festivals de l’été –Salzbourg : Schönberg –...

16 août 2025

Les festivals de l’été –Vérone : reprise de la...

16 août 2025

Triplice anniversario all’Arena di Verona, con CARMEN di...

16 août 2025

À Prague, une MANON LESCAUT seule, perdue, abandonnée...

15 août 2025

Les festivals de l’été –Salzbourg : GIULIO CESARE,...

15 août 2025

Les festivals de l’été –NABUCCO pour célébrer un...

13 août 2025

Les festivals de l’été –Salzbourg : Hotel Metamorfosis,...

13 août 2025

Les festivals de l’été –Innsbruck : première représentation moderne...

11 août 2025

Les festivals de l’été –Salzbourg : MARIA STUARDA, pas...

10 août 2025

Annonces

OPERAFEST LISBOA & OEIRAS 2025

En bref

  • Les brèves d’août –

    18 août 2025
  • Les brèves de juillet –

    17 juillet 2025

Humeurs

  • Édito de mars –
    Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito

  • Édito de mars –
    Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Roberto Menozzi dans Triplice anniversario all’Arena di Verona, con CARMEN di Georges Bizet nella leggendaria produzione di Franco Zeffirelli
  • Luciano barilli dans Les festivals de l’été –
    Vérone : reprise de la mise en scène légendaire de CARMEN par Franco Zeffirelli
  • Stéphane Lelièvre dans LINDA DI CHAMOUNIX, Donizetti (1842) – dossier
  • Philippe BAZERIES dans LINDA DI CHAMOUNIX, Donizetti (1842) – dossier
  • meyer dans « Déesse d’or, entends nos voix ! »
    LÉO DELIBES au-delà de Lakmé

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Les festivals de l’été –À Bregenz,...

17 août 2025

Les festivals de l’été –Salzbourg :...

16 août 2025

Les festivals de l’été –Vérone : reprise...

16 août 2025