Le musée du Louvre s’apprête à mettre à l’honneur l’un des artistes majeurs de la période révolutionnaire : Jacques-Louis David. À partir du 15 octobre 2025 et jusqu’au 26 janvier 2026, le musée consacre une grande exposition au peintre, explorant la puissance dramatique et politique de son œuvre. En parallèle, un spectacle théâtral et musical intitulé « La lame et le pinceau. David, metteur en scène de la Révolution », conçu par Benjamin Lazar, viendra prolonger cette réflexion autour du rapport entre art et engagement.
Une esthétique « faisant le choix du classicisme » et empreinte de théâtralité

Conçue sous le commissariat de Sébastien Allard, historien de l’art, l’exposition permet de redécouvrir David à travers le prisme des événements révolutionnaires qu’il vécut intensément (il fut député à la Convention et vota la mort du roi), mais aussi du théâtre et du langage dramatique qui semblent inspirer nombre de ses toiles. Peintre du drame, David capte ses personnages dans des postures intenses, presque scéniques, comme dans sa célèbre Douleur d’Andromaque. Selon Sébastien Allard, l’émotion de la veuve d’Hector n’est pas saisie dans le paroxysme de la douleur, mais au moment où elle naît, laissant au spectateur le soin de la prolonger.
Ce qui, selon Benjamin Lazar, n’est pas sans rappeler, curieusement, certaines théories d’Antoine Vitez, telles celles de la « réserve d’interprétation de l’acteur », qui permet précisément aux spectateurs de prolonger l’émotion que l’acteur est censé véhiculer.
Froide, l’esthétique de David ? Trop « classique » ? Sébastien Allard préfère parler, pour ce peintre, d’un « choix classique » plutôt que d’évoquer un néoclassicisme. En effet, le néoclassicisme renvoie au passé, tandis que, toujours selon Sébastien Allard, le choix d’une esthétique classique permet à David d’inscrire ses tableaux dans l’actualité, en ceci que le peintre tente avec ses œuvres d’apporter une forme d’équilibre dans des événements particulièrement houleux et de proposer un avenir plus stable à cette période profondément tourmentée.
Il est à noter que David fut également metteur en scène d’événements politiques : il organisa plusieurs cérémonies révolutionnaires, telles que la Fête de la Régénération ou la Fête de l’Être suprême, et imagina même des costumes civiques, inspirés de l’Antiquité, du Moyen Âge et de la Renaissance (costume du Citoyen français, du Législateur, de l’Officier municipal) qui, à y regarder de près, s’apparentent à de véritables costumes de scène !
Bref, l’exposition propose, de l’œuvre du peintre, une vision d’ensemble qui fait de ses tableaux un véritable théâtre de la Révolution.

« La lame et le pinceau » : un spectacle au cœur de l’histoire

En écho à cette exposition, Benjamin Lazar propose un spectacle original, à la croisée du théâtre, de la musique et du cinéma. « La lame et le pinceau » permet d’apporter des éléments de réponse à cette question : que devient l’artiste lorsqu’il est plongé dans une actualité brûlante, convaincu de participer à l’histoire de son pays ?
Sur scène, se mêleront les textes de David, mais aussi d’autres de Robespierre, Marat, Olympe de Gouges, André Chénier, Camille Desmoulins ou Charlotte Corday, portés par des musiques de Lesueur, Gossec, Devienne et Catel, lesquelles seront interprétées par l’ensemble Les Lunaisiens.
Le spectacle sera présenté les 7, 8 et 9 novembre 2025 à l’auditorium Michel Laclotte du Louvre. Un événement rare, qui promet de faire dialoguer la peinture, la scène et l’histoire autour d’une même question : comment l’art peut-il témoigner d’un temps en révolution ?
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