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La Bohème de Graham Vick fait son retour à l’Opéra national de Grèce

par Camillo Faverzani 6 janvier 2025
par Camillo Faverzani 6 janvier 2025

© Opéra national de Grèce

© Opéra National de Grèce

© Opéra National de Grèce

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La Bohème, Greek National Opera-Stavros Niarchos Hall, 5 janvier 2025

Reprise au Stavros Niarchos Hall du spectacle conçu il y a quelques années par le regretté Graham Vick.

Le Stavros Niarchos Hall, une salle d’envergure internationale

La mise en scène de cette Bohème avait été conçue par le regretté Graham Vick pour la saison 2007-2008, lorsque l’Opéra national de Grèce se produisait encore à l’Olympia Theater. Comme lui-même le rappelle dans le programme de salle, c’est le réalisateur qui avait proposé au directeur artistique Stefanos Lazaridis de monter ce titre puccinien, estimant que l’ouvrage s’adaptait à la perfection au quartier où se trouve la salle, près de l’université. Lors de la reprise au Stavros Niarchos Hall, pendant la saison inaugurale de 2017-2018, il n’avait pas souhaité redéfinir les personnages mais les costumes (Richard Hudson) avaient quelque peu changé. La production avait par la suite voyagé à Bologne, l’hiver 2018, puis l’été 2021, notamment sous la direction de Michele Mariotti. Elle y retournera en novembre prochain.

Pour le lecteur parisien qui ne connaîtrait pas encore le Stavros Niarchos Hall, rappelons que l’Opéra national de Grèce s’intègre dans un ensemble culturel très vaste, projeté par Renzo Piano, incluant aussi la Bibliothèque nationale de Grèce et un très grand parc où il fait bon se promener le week-end, quelque peu à l’image du Parc de la Villette. Sa saison lyrique est, à tout égard, de grand respect, programmant aussi des distributions d’envergure internationale.

Une mise en scène inclusive

La dimension estudiantine soulignée par le metteur en scène se démarque dès le lever du rideau : nous sommes bien dans une colocation assez frustre, au papier peint jauni ; du linge sèche sur la droite ; un vieux poste de télévision trône au beau milieu de la pièce, sans doute déjà anachronique en 2007 ; on s’éclaire à la bougie et on fait du feu, comme l’indique le livret, à l’encontre de toute règlementation actuelle ; les habits sont bien contemporains mais on peut légitiment se demander s’il était nécessaire de les modifier entre 2007 et 2017. Cela dit, le but de Graham Vick était celui de dépeindre un monde universel, sans référence particulière à l’Athènes de 2007, puis de 2017. Ainsi, au deuxième tableau, nous sommes bien à Paris : les enseignes sont affichées dans la langue de Molière et les garçons de café sont incontestablement parisiens. Dans un texte d’introduction justifiant cette reprise, Giorgos Koumendakis, actuel directeur artistique de l’institution, affirme que Graham Vick a été le premier à introduire le concept d’inclusion dans le monde de l’opéra. C’est au troisième tableau que cela tend davantage à se concrétiser : la barrière d’Enfer devient un lieu plutôt glauque de prostitution masculine où on assiste à une scène de fellation perpétrée sur un jeune homme ; l’indigence dans laquelle vivent nos personnages est telle que l’on peut se demander si Rodolfo et Marcello ne s’y adonnent pas à leur tour ; à son arrivée, Mimì faillit se faire violer. Ici, les représentants de l’ordre sont grecs, reconnaissables à leur uniforme. Cela dit, si ce monde essentiellement viril se veut l’expression du politiquement correct, les vêtements successifs de Musetta ne laissent percer aucun doute quant à son activité. À l’épilogue, dans le même appartement du début, ne subsistent plus qu’une gazinière, quelques bouteilles et un gros carton de déménagement. Un détail non négligeable vient noircir un peu plus le comportement de Rodolfo, pas toujours édifiant : le bonnet rose de Mimì a atterri dans une poubelle et c’est à cet endroit qu’il doit le récupérer pour soulager les derniers instants de la jeune femme.

Un finale qui arrache les larmes

Anna Sohn a récemment abordé le rôle de la couturière dans des théâtres allemands et son incarnation, sans doute encore en devenir, est déjà très accomplie. Son interprétation se caractérise par l’intensité du portamento, ainsi que par un legato exceptionnel ; le haut de registre est parfaitement conduit. Son Rodolfo (Ivan Magrì) est honnête sans être éclatant. Malgré une belle projection, il est légèrement desservi par un timbre pas toujours agréable et, si l’aigu est le plus souvent bien maîtrisé, dans son premier air il semble par moments fâché avec la justesse. Son interprétation est néanmoins en constante progression au fil de la soirée : le duo du premier tableau est ainsi mené avec panache, celui du III confirme les qualités des deux chanteurs et la scène finale est tout particulièrement émouvante. On a beau avoir vu La Bohème des dizaines de fois, ce soir on s’est volontiers laissé charmer par un finale qui arrache les larmes. Signe que l’interprétation est exceptionnelle.

Ivan Magrì – qui, depuis une dizaine d’années a chanté le rôle du poète aux quatre coins de la planète – trouve chez Nikos Kotenidis un Marcello remarquable, sachant conjuguer volume et nuance, complice très efficace tout le long du drame, jusqu’à un quatrième tableau très soutenu. Le baryton grec (qui avait été Schaunard ici même en 2017) a un sens de la ligne très mélodieux, son accent se singularisant au sein du finale II. Il se marie aussi par une grande complicité avec la clarté des couleurs d’Anna Sohn au III.

En prises de rôle, Marios Sarantidis et Tassos Apostolou sont respectivement un Schaunard et un Colline de bonne facture, le premier se distinguant par son beau grave, le second par un air de la zimarra bien articulé, exempt de tout effet de bravoure inutile. Musetta pétulante à souhait, Danae Kontora sait savamment varier les teintes de son héroïne, notamment la valse du II.

Jacques Lacombe dirige avec finesse l’Orchestra of the Greek National Opera, dont les vents, quelque peu anguleux au démarrage, font des merveilles au quatrième tableau. Une mention particulière pour le chœur d’enfants, visiblement bien géré, au II.

Les artistes

Rodolfo : Ivan Magrì
Schaunard : Marios Sarantidis
Benoît : Vangelis Maniatis
Mimì : Anna Sohn
Marcello : Nikos Kotenidis
Colline : Tassos Apostolou
Alcindoro : Kostis Rassidakis
Musetta : Danae Kontora
Parpignol : Thanassis Evangelou
Sergente : Ioannis Kontellis
Un doganiere : Yannis Stamatakis

Orchestra, Chorus and Children’s Chorus of the Greek National Opera chefs de choeur : , Agathangelos Georgakatos et Konstantina Pitsiakou), dir. Jacques Lacombe.

Mise en scène : Graham Vick
Décors et costumes : Richard Hudson
Lumières : Giuseppe di Iorio
Chorégraphie : Ron Howell

Le programme

La Bohème

Opéra en quatre tableaux de Giacomo Puccini, livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica d’après Scènes de la vie de bohème d’Henry Murger, créé au Teatro Regio de Turin le 1er février 1896.

Athènes, Greek National Opera-Stavros Niarchos Hall, dimanche 5 janvier 2025

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Graham VickJacques Lacombe;Anna SohnIvan MagrìNikos Kotenidis
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Camillo Faverzani

Professeur de littérature italienne à l’Université Paris 8, il anime le séminaire de recherche « L’Opéra narrateur » et dirige la collection « Sediziose voci. Studi sul melodramma » aux éditions LIM-Libreria musicale italiana de Lucques (Italie). Il est l’auteur de plusieurs essais sur l’histoire de l’opéra. Il collabore également avec des revues et des maisons d’opéra (« L’Avant-scène Opéra », Opéra National de Paris).

1 commentaire

Emilia 9 janvier 2025 - 21 h 42 min

Merci pour cet excellent commentaire, précis et compétent. Bravo à Faverzani pour sa délicate ironie. Personnellement, j’ai vu l’édition de Bologna les yeux presque fermés. Les descriptions et les images me renvoient encore au malaise de ce moment, à cause des scènes désagréables et de l’abruttissement excessif. La musique et les chanteurs peuvent sauver l’opéra, mais la mise en scène l’abîme, en accentuant à l’extrême la sordidité et la misère humaine. Le bonnet rose sorti de la poubelle se heurte à une musique qui exprime de fortes affections ; la profondeur émotionnelle et humaine de la « vecchia zimarra » et de la « stagion dei fior » est incompatible avec le manque de dignité attribué aux personnages… Je comprends qu’il faille s’attaquer au problème de la « modernisation du mélodrame », mais une telle mise en scène dénature l’opéra et n’en respecte pas la poésie.

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