À la une
Diva ma non troppo : le public du festival de Froville...
Dans le labyrinthe des opéras de RIMSKI-KORSAKOV
À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires
Job, le procès de Dieu : création d’un opéra engagé et...
Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »
La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de vous !
Brèves de juin –
Découvrez la saison 25-26 de l’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie
Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille dans la...
Dernière saison d’Alain Surrans à ANGERS-NANTES OPERA
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Compte renduVu pour vousConcert

IPHIGÉNIE EN AULIDE à Paris : enfin !

par Pascal Lelièvre 8 octobre 2022
par Pascal Lelièvre 8 octobre 2022
© Ville de Marseille, Dist. RMN-Grand Palais / Jean Bernard
0 commentaires 2FacebookTwitterPinterestEmail
1,5K

L’extrême rareté de l’Iphigénie en Aulide de Gluck sur nos scènes est l’un des grands mystères des programmations lyriques au XXe siècle – et ce début de XXIe siècle ne change guère la donne, en dépit, tout de même, de quelques spectacles intéressants (Muti/Kokkos à la Scala en 2002 ; Bolton/Loy à Glyndebourne la même année ; Schnitzler/Barbe et Douce à l’Opéra du Rhin en 2008 ; Minkowski/Audi au DNO en 2011). Sauf erreur de notre part, l’œuvre n’a tout simplement pas été donnée à Paris durant tout le XXe siècle ! Au disque, le bilan est encore plus triste : on peut éventuellement prêter une oreille aux versions allemandes de 1951 (Greindl/Musial), 1962 (Böhm/Ludwig), 1972 (Eichhorn/Moffo), mais on leur préférera la version française gravée par Gardiner (Erato, Dawson, von Otter, Van Dam), même si elle ne rend qu’imparfaitement compte de l’exaltant concert donné dans la Cour de l’Archevêché à Aix-en-Provence en 1987.

Cette tragédie-opéra, pourtant, regorge de beautés : à l’orchestre, dont l’importance est ici cruciale, dans les airs confiés aux solistes (Iphigénie : « Par la crainte et par l’espérance », dont les sections contrastées traduisent les sentiments opposés qui agitent l’héroïne ; le poignant « Par un père cruel », ou le flamboyant « Jupiter, lance la foudre » de Clytemnestre ; le bouleversant « Ô toi, l’objet le plus aimable » d’Agamemnon, précédé de son récitatif hautement tragique,…), mais aussi dans la structure musicale même des pages, qui semblent s’affranchir de cadres formels préétablis trop rigides pour se déployer librement, épousant ainsi les fluctuations des sentiments des personnages.

"Jupiter, lance la foudre" '(A.S. von Otter / M. Minkowski, 2011)

Il faut donc remercier le Théâtre des Champs-Élysées, le Centre de musique baroque de Versailles, l’Association pour le Développement des Activités Musicales dans l’Aisne et Le Concert de la Loge (tous coproduisent le spectacle) d’avoir enfin de nouveau programmé Iphigénie en Aulide, à laquelle sa sœur de Tauride fait sans doute un peu trop d’ombre pour qu’elle puisse pleinement occuper la place qui lui revient. Et l’on ne peut s’empêcher de penser que le triomphe remporté par le concert est avant tout celui de Gluck, les spectateurs, particulièrement attentifs, ne cachant pas leur plaisir d’avoir entendu (et peut-être pour certains d’entre eux découvert) cette œuvre trop rare.

Mais les premiers artisans de ce succès sont avant tout Julien Chauvin et les musiciens du Concert de la Loge (mention spéciale aux cordes, superbes !). Dès l’ouverture, l’ensemble manifeste une fougue exceptionnelle, dont ils ne se départiront pas jusqu’au dénouement de la tragédie, avec une science des couleurs, des contrastes rythmiques, mais aussi un sens du drame en tout point remarquables. Les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles apportent eux aussi leur pierre à cette réussite collective, avec leur impeccable musicalité et surtout une prononciation d’une clarté exceptionnelle.

La distribution est d’une belle homogénéité. Plus encore que la Clytemnestre de Stéphanie D’Oustrac, d’un bel engagement mais pas toujours à son aise dans le registre élégiaque et un peu approximative vocalement quand elle laisse éclater sa fureur, on apprécie l’Iphigénie de Judith van Wanroij, peut-être un peu froide d’expression mais dont la voix et le style sont parfaitement adaptés à l’esthétique de l’œuvre (son air du dernier acte est une très belle réussite). Et bravo pour son excellente prononciation du français ! En Achille, Cyrille Dubois fait valoir ses habituelles qualités de style et de diction ainsi qu’une ligne de chant comme toujours soignée – même si le registre « vaillant » propre au personnage lui est peut-être moins naturel que d’autres… Tassis Christoyannis nous a semblé un peu fatigué ce soir ; son timbre et sa diction (il est capable de donner aux vers de Marie François Louis Gand Bailli du Roullet l’autorité, mais aussi toute la tendresse et la douleur requises) sont cependant parfaitement adaptés au personnage d’Agamemnon. Jean-Sébastien Bou, enfin, est tout simplement parfait dans le rôle trop bref de Calchas.

Une très belle réussite, qui nous rend impatients d’entendre le disque qui ne manquera probablement pas d’être gravé dans la foulée du concert. 

Les artistes

Iphigénie : Judith van Wanroij 
Clytemnestre : Stéphanie D’Oustrac 
Achille : Cyrille Dubois 
Agamemnon : Tassis Christoyannis 
Calchas : Jean-Sébastien Bou 
Patrocle / Arcas / Un Grec : David Witczak 
La première Grecque : Anne-Sophie Petit 
La deuxième Grecque : Jehanne Amzal 
La troisième Grecque : Marine Lafdal-Franc 

Le Concert de la Loge, dir. Julien Chauvin
Les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles, direction artistique Fabien Armengaud

Le programme

Iphigénie en Aulide

Tragédie-opéra en 3 actes de Christoph Willibald Gluck, livret de Marie François Louis Gand Bailli du Roullet d’après Jean Racine, créée à l’Académie royale de musique (salle des Tuileries) le 19 avril 1774 (Paris).

Concert du vendredi 7 octobre 2022, Théâtre des Champs-Élysées (Paris)

image_printImprimer
Jean-Sébastien BouJulien ChauvinTassis ChristoyannisJudith van WanroijCyrille DuboisStéphanie d’Oustrac
0 commentaires 2 FacebookTwitterPinterestEmail
Pascal Lelièvre

Fils d'un explorateur danois et d'une soprano vénézuélienne, Pascal Lelièvre est styliste et comédien. Il fréquente assidûment les théâtres lyriques de France et du monde depuis avril 1976, et a rejoint l'équipe de Première Loge en janvier 2021.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
JOYCE DIDONATO : L’ÉBLOUISSEMENT !
prochain post
Exceptionnelle TOSCA à L’opéra de Toulon

Vous allez aussi aimer...

Diva ma non troppo : le public du festival...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création d’un opéra...

14 juin 2025

Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »

13 juin 2025

La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de...

13 juin 2025

Brèves de juin –

13 juin 2025

Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille...

12 juin 2025

À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de...

9 juin 2025

Retour triomphal de Pretty Yende au Théâtre des...

9 juin 2025

Núria Rial et l’Accademia del Piacere donnent le...

9 juin 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    30 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • cecile PABA ROLLAND dans Il trovatore à Marseille : Le chant de l’Extrémo
  • Stéphane Lelièvre dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • Alessandro dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • antonio meneghello dans GEORGE GAGNIDZE : « Mi accosto a Verdi con la massima venerazione e rispetto… »
  • Giancarlo Arnaboldi dans Berliner Philharmoniker: memorabile Madama Butterfly di Kirill Petrenko, Eleonora Buratto e Jonathan Tetelman

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Diva ma non troppo : le public...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des...

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création...

14 juin 2025