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JEAN CARTAN – Partir avec un idéal

par Laurent Bury 27 avril 2020
par Laurent Bury 27 avril 2020
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Les artistes

Kaëlig Boché, ténor
Thomas Tacquet, piano

Le programme

Trois poésies de François Villon
Cinq poèmes de Tristan Klingsor
Sonatine en trois mouvements
Trois chants d’été
Deux sonnets de Mallarmé
Sonatine
Hommage à Dante
Psaume 22

Enregistré au studio Stephen Paulello en septembre 2019
1 CD Hortus 183 (mars 2020) – 61’48

Le 13 août 2008 est décédé le mathématicien français Henri Cartan, à l’âge de 104 ans. Distingué par la prestigieuse Médaille Fields, il était l’un de ces scientifiques qui avaient fait briller la recherche française pendant plusieurs décennies. Fils d’Elie Cartan, lui-même mathématicien distingué, il avait vu mourir un par un les membres de sa fratrie, et pas seulement du fait de sa longévité exceptionnelle. Sa sœur Hélène, mathématicienne également, était morte à 35 ans, peu après la guerre. Son frère Louis, physicien, périt à 34 ans dans un camp allemand. Et peut-être plus tragique encore, Jean, né en 1906, fut fauché à 25 ans par la tuberculose, alors qu’il était un compositeur plein de promesses.

Comme dans le cas des mélodies de Robert Dussaut et Hélène Covatti brillamment redécouvertes par Adriana González et Iñaki Encina Oyon, la musique de Jean Cartan aurait pu rester longtemps méconnue sans la curiosité d’interprètes qui, voulant sortir des sentiers battus, ont découvert un superbe chemin qui ne demandait qu’à être parcouru.

Un jeune homme qui attira la protection de Paul Dukas et d’Albert Roussel ne pouvait pas être le premier venu. Contemporain d’Olivier Messiaen et de Maurice Duruflé au Conservatoire de Paris, Jean Cartan avait remporté un premier prix d’harmonie mais son écriture ne plaisait guère à ses maîtres (ni à la plupart de ses contemporains, semble-t-il). Presque un siècle plus tard, on entend en effet un talent original s’exprimer dans les quelques compositions qu’il eut le temps de concevoir avant de succomber à la maladie. Le livret d’accompagnement signale qu’on lui doit au moins deux œuvres pour orchestre, en plus de la musique de chambre.

Le disque que fait paraître le label Hortus réunit une voix et un piano. Également connu pour ses activités de chef de chant et de chef de chœur, notamment avec la Compagnie de l’Oiseleur, Thomas Tacquet se fait ici remarquer comme pianiste pour interpréter divers morceaux instrumentaux. On remarque notamment les deux Sonatines de Jean Cartan. La première, conçue entre juillet et octobre 1925, rappelle parfois les Avant-dernières Pensées d’Erik Satie, mais le ton en est plus sérieux ; l’œuvre est bien plus longue (dix-sept minutes contre quatre pour les interprétations les plus lentes de la partition de Satie) et suppose un tout autre élan. La deuxième Sonatine, de 1931, est plus ravélienne, avec notamment un Rondeau final partagé entre le motorisme de la dernière partie du Concerto en sol et des accents presque jazzy. L’Hommage à Dante, dont il existe une version pour orchestre, est d’humeur plus sombre.

Dans le même climat austère et dépouillé se situe initialement le Psaume 22, daté de 1925, d’une nudité d’abord comparable au Socrate de Satie, mais dont le discours se fait peu à peu plus passionné. Et contrairement à ce qui est souvent le cas, les mélodies semblent ici presque plus audacieuses, plus personnelles, alors que le traitement de la voix inhibe parfois l’inventivité de compositeurs moins affirmés. Jean Cartan ne craint pas de marcher sur les traces de Ravel, là non plus, puisqu’il s’attaque lui aussi à Mallarmé (et même dans un des Villon, on entend un « Princesse » dont la montée rappelle furieusement celle du « Placet futile »). Chez Tristan Klingsor, il choisit notamment « Le Souvenir », qui lui permet d’explorer exactement les mêmes terres orientalistes que Shéhérazade – on aimerait maintenant beaucoup entendre la version plus étoffée de cette partition, pour quatuor à cordes, flûte et harpe. De Klingsor également, le texte de « L’ibis mort » fait référence aux Mille et une nuits, mais la musique s’abstient de saisir cette perche. Là où l’on reconnaît le musicien inspiré, c’est justement dans le fait qu’il parvient à imposer une voix sur des mots que d’autres ont su s’approprier avant lui.

Kaëlig Boché

Le ténor Kaëlig Boché, Révélation 2017 de l’Adami, remarqué dans de petits rôles ici et là, prête de mâles accents et la fraîcheur d’un aigu sans faille à ces mélodies au profil imprévisible, mais sait aussi les aborder avec toute la délicatesse, toute la poésie ou tout l’humour nécessaires, selon les différent climats que sait créer Cartan.

Avec ce disque, Hortus prouve à son tour qu’il est encore possible de découvrir des pépites ignorées, pour peu que l’on veuille bien se donner le mal de les rechercher là où elles se cachent.

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Laurent Bury

Une fois hors d'un charnier natal assez septentrional, Laurent Bury a longtemps habité sous les vastes portiques du 123, rue Saint-Jacques, du 45, rue d'Ulm et du 1, rue Victor Cousin (et même ensuite du 86, rue Pasteur, 60007). Longtemps, il s'est couché de bonne heure aussitôt après les spectacles que, de 2011 à 2020, il allait voir pour un autre site opératique. Papillon inconstant, farfallone amoroso, il vole désormais entre divers sites, et a même parfois l'honneur de prêter sa plume aux volumes de L'Avant-Scène Opéra.

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