Ensemble Agamemnon, dir. François Cardey
Amandine Trenc, soprano
Artemisia
Œuvres de Orazio Tarditi, Lucretia Orsina Vizana, Giovanni Battista Fontana, Giovanni Bassano, Francesca Caccini, Domenico Mazzocchi, Salomone Rossi, Girolamo Frescobaldi, Ippolito Tartaglino, Orlando Di Lasso, Alessandro Grandi.
1 CD Seulétoile (60′), novembre 2025.
Depuis quelques décennies, la peintre Artemisia Gentileschi (1593-1656) revient sur le devant de la scène, au point d’occulter le génie de son père Orazio. Elle bénéficie de l’intérêt pour les présences féminines dans tous les domaines artistiques, qui nous vaut notamment le mouvement de redécouverte des compositrices. De plus, Artemisia Gentileschi a été victime d’un viol dans sa jeunesse, et plusieurs historiens de l’art pensent que son regard sur les hommes et sa façon de les représenter ont été durablement influencés par cette expérience. A Paris, le musée Jacquemart-André lui a consacré une exposition au printemps dernier, et quelques mois plus tard, un ensemble français choisit Artemisia Gentileschi comme inspiratrice du programme d’un disque (Signalons qu’en 2018 était paru chez Dynamic un CD intitulé « Artemisia Gentileschi and the Music of Her Time », avec un programme totalement différent).
De manière assez logique, le CD paru chez Seulétoile regroupe des musiques écrites du temps de celle qu’il est de bon ton de désigner par son seul prénom : il y a là des compositeurs illustres, comme Frescobaldi, Roland de Lassus ; d’un peu moins familiers du grand public, comme Domenico Mazzochi, Salomone Rossi et plusieurs autres ; et bien sûr, quelques femmes, dont l’incontournable Francesca Caccini, mais aussi Lucretia Orsina Vizana. Le lien avec Artemisia Gentileschi n’est pas seulement la première moitié du XVIIe siècle, où ils vécurent, mais aussi ces sujets religieux que la peinture traitait en priorité, l’Eglise restant la première des commanditaires. Outre les sonates et pièces instrumentales, il y a donc différents motets d’inspiration mariale, et surtout des cantates évoquant la pénitence de Marie-Madeleine ou l’épisode de Suzanne et des deux vieillards, thème maintes fois abordé par Artemisia (la Susana combattuta de Mazzocchi, monologue aux affects variés, qui dure près d’un quart d’heure, est pratiquement une scène d’opéra).
Et c’est là que le bât blesse : toutes ces œuvres vocales ont une interprète, la soprano Amandine Trenc, dont la présence n’est en aucun cas négligeable, puisque sa voix agile et claire occupe six des treize plages que compte le disque, soit environ trente-six minutes sur l’heure que dure le programme. Son nom ne méritait-il pas de figurer sur la couverture du CD ? Sans rien retirer au mérite des cinq vaillants instrumentistes de l’ensemble Agamemnon, fondé en 2015 par le cornettiste François Cardey, il semble qu’il aurait dû être possible de mettre en avant le nom de la chanteuse, même si elle est considérée comme faisant partie intégrante du groupe : cela aurait notamment pu attirer l’attention du mélomane sur le caractère en partie vocal du programme, et donc sur la diversité d’un disque qui mérite un vrai coup d’oreille.

