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Otello au Teatro Regio de Parme : la tempête Verdi selon Roberto Abbado

par Stéphane Lelièvre 12 octobre 2025
par Stéphane Lelièvre 12 octobre 2025

© Roberto Ricci – Teatro Regio di Parma

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Otello, Teatro Regio de Parme, samedi 11 octobre 2025

Alors qu’Otello est programmé cet automne sur plusieurs scènes européennes — de Madrid à Strasbourg —, la cité parmesane n’a pas failli à sa réputation de place forte du chant verdien : ce samedi 11 octobre, le Teatro Regio proposait le pénultième chef-d’œuvre verdien, sommet de la maturité du compositeur, dans une production signée Federico Tiezzi et dirigée par Roberto Abbado, à la tête du Filarmonica Arturo Toscanini. Un Otello magistralement dirigé, superbement chanté, porté par une énergie dramatique sans fard.

Une soirée débutée sous tension

Le rideau s’est levé avec un quart d’heure de retard : signe avant-coureur d’une soirée semée d’aléas. Dans une loge latérale, un homme s’affairait fébrilement autour d’une partition — un instrumentiste ? Non : un chanteur. Francesco Pittari, souffrant, a dû céder in extremis le rôle de Roderigo à Damiano Lombardo, qui a courageusement accepté de le remplacer au pied levé. Ce remplacement « sur le gong » faisait suite à l’annonce, faite plus tôt dans la journée, que le titulaire du rôle-titre, souffrant (Fabio Sartori), serait remplacé par Brian Jagde… De quoi électriser l’atmosphère de la soirée !

Une mise en scène sobre, parfois trop explicite

La production de Federico Tiezzi mise sur une sobriété presque austère. Les décors sombres et l’éclairage contrasté concentrent l’attention sur le drame intérieur des personnages.
Quelques accessoires — une chaise, un lustre, un rideau rouge tombé des cintres pendant le “Credo” de Iago — ponctuent la narration d’éclats symboliques, parfois trop littéraux.
Les projections vidéo (un feu au moment de « Fuoco di gioia » ; un ciel étoilé pendant l’allusion à la planète Vénus pendant le duo d’amour ; quelques mots projetés, tel le “dolore” qui apparaît quand Otello maudit Desdemona) ajoutent un commentaire visuel redondant, appuyant le texte plutôt que de le prolonger.
Cette lecture reste néanmoins lisible, claire, et n’entrave pas le flot dramatique. Mais elle accompagne l’œuvre sans en épouser toute la fureur, ni sans atteindre la flamboyance que font entendre l’orchestre et la direction musicale.

Roberto Abbado, un chef verdien au sommet

Car la véritable intensité du spectacle vient de la fosse. Roberto Abbado propose une direction d’une intensité flamboyante, alliant précision architecturale et souffle dramatique. Sa lecture embrasse tout le spectre expressif de l’œuvre : éclat dramatique de la tempête initiale, sensualité suspendue du duo d’amour, mystère nocturne de l’introduction du quatrième acte (On regrettera cependant que le bruit de la machinerie couvrant le chant mélancolique du cor anglais au dernier acte ait quelque peu terni la poésie de ce moment.) Le Filarmonica Arturo Toscanini (la moyenne d’âge des musiciens présents en fosse est étonnamment jeune !) se montre exemplaire de cohésion et d’engagement. Plusieurs pupitres se signalent au cours d’interventions remarquées : les contrebasses menaçantes annonçant l’arrivée d’Otello avant le meurtre de Desdemona ; la tendresse du chant du violoncelle avant le duo d’amour ; le brillant des trompettes, impeccables, au finale du III. Une prestation orchestrale d’un éclat rare, soutenue par un chœur du Regio irréprochable. Bravo également au chœur de « voix blanches » et aux huit guitares et mandolines sollicitées pour accompagner l’entrée des dignitaires de la République vénitienne !

Otello triomphant, Iago fascinant

Annoncé souffrant, Fabio Sartori a donc dû céder la place au ténor américain Brian Jagde, déjà applaudi à Madrid il y a quelques semaines dans le même rôle. On pouvait craindre la fatigue d’une série d’interprétations successives de ce rôle redoutable entre tous. Il n’en fut rien ! Le ténor américain a fait preuve d’une aisance stupéfiante, traversant les quatre actes sans signe de fatigue, avec des aigus éclatants et une projection vocale impériale. Son Otello, héroïque, gagne en émotion au fil de la soirée, jusqu’à la folie et au désespoir final. Jagde s’impose sans conteste parmi les meilleurs titulaires actuels du rôle.

Face à lui, le baryton Ariunbaatar Ganbaatar (Iago), qui incarnait la veille des personnages pétris d’humanité (Luiser et Rigoletto), déploie ici une noirceur fascinante, avec un “Credo” qui fait littéralement frémir la salle ! Le phrasé incisif du chanteur lui permet par ailleurs de traduire toute la duplicité du personnage avec un naturel glaçant. Une incarnation parfaitement maîtrisée vocalement et dramatiquement, saluée à juste titre par des applaudissements enthousiastes. Ce duel vocal entre Jagde et Ganbaatar aura sans aucun doute constitué l’un des sommets de la soirée !

La noblesse bouleversante de Desdemona

C’est toutefois à Mariangela Sicilia que revient la palme de l’émotion. La soprano italienne campe en effet une Desdemona d’une noblesse poignante. Sa voix lumineuse, d’une flexibilité exemplaire, se déploie tantôt avec pudeur, tantôt avec une intensité rare. La chanteuse ne cherche jamais la beauté pour elle-même, ni l’effet gratuit. Elle sert le texte et la musique avec une intelligence rare. Ses nuances — crescendi, diminuendi, pianissimi suspendus — sont d’une délicatesse infinie, toujours au service de l’émotion. Son Air du Saule bouleverse, l’adieu à Emilia tire les larmes, et la prière finale est d’une sincérité désarmante (on a l’impression que la voix est prête à se briser sous le poids du désespoir). Une interprétation de très haute tenue, qui confirme une artiste majeure, méritant assurément une reconnaissance internationale accrue.


Le reste de la distribution ne montre aucun point faible. Davide Tuscano, notamment, campe un Cassio clair et élégant ; et Natalia Gavrilan est une Emilia digne et émouvante, à la ligne vocale assurée. L’ensemble forme un plateau cohérent, homogène, sans faille.

 

Le public ne s’y est pas trompé : il a réservé un accueil chaleureux à l’ensemble des artistes, et des ovations prolongées pour les trois protagonistes et Roberto Abbado. Au-delà des tensions du début du spectacle, la représentation s’est transformée en un magnifique succès collectif où la rigueur musicale et l’émotion dramatique ont fusionné pour faire vibrer tout un théâtre.

Les artistes

Otello : Brian Jagde
Jago : Ariunbaatar Ganbaatar
Cassio : Davide Tuscano
Roderigo : Damiano Lombardo
Lodovico : Francesco Leone
Montano : Alessio Verna
Desdemona : Mariangela Sicilia
Emilia : Natalia Gavrilan
Un Araldo : Cesare Lana

Filarmonica Arturo Toscanini, dir. Roberto Abbado
Coro del Teatro Regio di Parma, dir. Martino Faggiani
Coro di voci bianche del Teatro Regio di Parma, dir. Massimo Fiocchi Malaspina
Mise en scène : Federico Tiezzi
Décors : Margherita Palli
Costumes : Giovanna Buzzi
Lumières : Gianni Pollini

Le programme

Otello

Dramma lirico en quatre actes de Giuseppe Verdi, livret d’Arrigo Boito d’après la tragédie de Shakespeare, créé au Teatro alla Scala de Milan le 5 février 1887.
Teatro Regio de Parma, représentation du samedi 11 octobre 2025.

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Roberto AbbadoBrian JagdeMariangela SiciliaDavide TuscanoAriunbaatar GanbaatarNatalia GavrilanFederico Tiezzi
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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