LA VIE PARISIENNE, Offenbach (1866 ; 1873) – dossier

Le compositeur

Jacques Offenbach (1819-1880)

Né à Cologne en 1819, Offenbach se rend à Paris alors qu’il est adolescent, suit la classe de violoncelle du Conservatoire pendant un an, puis intègre l’orchestre de l’Opéra-Comique en tant que violoncelliste. Il obtiendra par la suite le poste de directeur de l’orchestre du Théâtre-Français, puis parallèlement à sa carrière de compositeur, sera directeur de salles de spectacles : Les Bouffes-Parisiens, le Théâtre de la Gaîté.

Il composa des œuvres de genres et de styles très variés : de la musique instrumentale (Concerto pour violoncelle et orchestre : « Concerto militaire », 1847-1848), de la musique de scène (pour La Haine, drame de Victorien Sardou, 1874), des mélodies, des opéras bouffes (Orphée aux Enfers, 1858 ;  La Belle Hélène, 1864 ; La Grande-Duchesse de Gérolstein, 1867, …), des opérettes, des opéras-comiques (Robinson Crusoé, 1867).
Ses œuvres, majoritairement bouffes, prennent parfois des teintes mélancoliques (Fantasio, 1872), voire graves (Die Rheinnixen, 1864). Son chef-d’œuvre est posthume : Les Contes d’Hoffmann, l’un des opéras français les plus joués au monde, fut créé le 10 février 1881, le compositeur étant mort à Paris le 4 octobre 1880.

Les librettistes

Henri Meilhac (1830-1897)

Ayant commencé sa carrière comme dessinateur satirique dans un journal, Meilhac devient célèbre en tant que dramaturge et librettiste, ses œuvres étant presque toutes écrites en collaboration avec d’autres auteurs : Halévy bien sûr, mais aussi Albert Millaud pour Mam’zelle Nitouche (1883) ou Philippe Gille pour Manon (1884). Au théâtre, il est l’auteur de L’Attaché d’ambassade (1861, pièce ayant inspiré le livret de La Veuve Joyeuse), Le Réveillon (1872, pièce écrite avec Halévy et ayant inspiré le livret de La Chauve-Souris), ou encore de Suzanne et les deux vieillards (1868) et  L’Homme à la clé (1869, écrit avec Halévy).

Ludovic Halévy et A. Boulanger Cavé, par Degas (Musée du Louvre)

Ludovic Halévy (1834-1908)

Si Halévy est surtout resté célèbre en tant que librettiste (outre ses livrets écrits avec Meilhac pour Offenbach, il est l’auteur de celui de Carmen d’après Mérimée, toujours en collaboration avec le même complice), il fut également célèbre en son temps comme romancier (L’Abbé Constantin, 1882) et dramaturge (Froufrou, 1869, écrit avec Meilhac). Il est le fils de l’écrivain Léon Halévy et le neveu du compositeur Jacques Fromental Halévy.

Liste des livrets écrits conjointement par Meilhac et Halévy pour Offenbach :

  • Le Brésilien (1863)
  • La Belle Hélène (1864)
  • Barbe-Bleue (1866)
  • La Vie parisienne (1866)
  • La Grande-Duchesse de Gérolstein (1867)
  • Le Château à Toto (1868)
  • La Périchole (1868)
  • La Diva (1869)
  • Les Brigands (1869)
  • La Boulangère a des écus (1875)

Livrets écrits par Meilhac ou Halévy pour Offenbach :

  • Ba-ta-clan (Ludovic Halévy, 1855)
  • Orphée aux Enfers (Ludovic Halévy avec Hector Crémieux, 1858)
  • La Chanson de Fortunio (Ludovic Halévy avec Hector Crémieux, 1861)
  • Le Pont des Soupirs (Ludovic Halévy avec Hector Crémieux, 1861)
  • Le Roman comique (Ludovic Halévy avec Hector Crémieux, 1861)
  • Vert-Vert (Henri Meilhac avec Charles Nuitter, 1869)
  • Pomme d’api (Ludovic Halévy avec William Busnach, 1873)

La création – les différentes versions

La gestation de l’œuvre  fut assez complexe : destinée à une troupe d’acteurs-chanteurs (ceux du Palais-Royal), rompus au genre du vaudeville et donc habitués au chant mais dotés de moyens vocaux inégaux, le compositeur dut s’adapter à ses interprètes et remania profondément sa partition entre les premières ébauches et la version présentée lors de sa création en 1866. Finalement, le 31 octobre 1866, La Vie parisienne obtient un véritable triomphe, l’un des plus éclatants jamais remportés par le trio Offenbach/Meilhac/Halévy.  Pendant près d’un an, les représentations s’enchaînent, au grand dam des concurrents d’Offenbach, jusqu’à l’apothéose de l867 et de l’Exposition Universelle, où l’on vit « tous les étrangers ravis, ravis » se précipiter aux représentations de cette Vie parisienne ou de La Grande-Duchesse ! En septembre 1873, une nouvelle version de l’œuvre, raccourcie (elle ne comporte plus que 4 actes au lieu des 5 initiaux), prolonge le triomphe sur la scène du Théâtre des Variétés. 

On peut aujourd’hui distinguer 3 versions de La Vie parisienne :

  1.  Une version « pré-originale », reconstituée par l’équipe du Palazzetto Bru Zane à l’occasion des représentations données en 2021 à Rouen, Tours et Paris (Théâtre des Champs-Élysées). Cette version, jamais représentée du vivant d’Offenbach, comporte donc de nombreuses pages jamais entendues avant les représentations rouennaises, parfois complétées pour l’orchestration par l’équipe du Palazzetto. Le 4e acte, notamment, est absolument inédit. Difficile de dire si Offenbach renonça à ces pages en raison de la trop grande difficulté qu’elle présentait pour la troupe des acteurs du Palais-Royal : sans doute a-t-il aussi renoncé à plusieurs d’entre elles afin que l’œuvre gagne en efficacité dramatique.
  2.  La version originale de 1866, en 5 actes, sans le « Connais pas » de Métella mais avec, au 4e acte, un air pour la Baronne – à laquelle les librettistes confient des paroles que Meilhac réutilisera (presque) inchangées pour la Manon de Massenet : « Je suis encor tout éblouie » ! – et un air pour Madame de Folle-Verdure : « Quoi, ces messieurs pourraient, ma chère, / À leur aise nous insulter ».
  3. La version « définitive », remaniée et raccourcie de 1873, en 4 actes, avec un nouvel air pour Métella au premier acte (« Connais pas »), destiné à convaincre Hortense Schneider d’accepter le rôle. Le 4e acte de 1866 est supprimé.

Chaque version possède ses propres atouts et ses points faibles.  En termes de rythme, la version finale, resserrée, est sans doute la plus proche de l’idéal offenbachien, mais la suppression d’un acte entier ne va pas sans poser de menus problèmes dans l’intrigue, dus à certains raccourcis et quelques événements trop allusifs. Les versions originale et pré-originale sont fort longues, mais donnent à entendre plusieurs pages séduisantes et/ou amusantes : l’air de la Baronne (1866), l’ensemble « Lev’ra t’y, lev’ra t’y pas », le double chœur germano/marseillais (!), le trio militaire, le Fabliau de la Baronne (Bru Zane). Difficile en revanche, pour l’auditeur habitué aux versions de 1866/1873, de se passer de la Tyrolienne de Gabrielle ou du finale « Tout tourne, tout danse »…

Quoi qu’il en soit, la partition est l’une des plus enjouées d’Offenbach et multiplie couplets et refrains irrésistibles . Enfin, quelle que soit la version retenue, La Vie parisienne reste une œuvre particulièrement difficile à réussir : son succès ne repose nullement sur une ou deux personnalités marquantes (comme ce peut être le cas dans La Belle Hélène, La Grande-Duchesse, La Périchole), mais bel et bien sur un esprit de troupe, avec des chanteurs qui soient également d’excellents comédiens – ou des comédiens qui soient également de très bons chanteurs. Les pages de l’œuvre les plus séduisantes ne sont-elles pas d’ailleurs, très souvent, les ensembles (quintette, sextuor, septuor…) qui ponctuent la partition ? Outre les finales d’actes particulièrement riches et développés, citons le sextuor « Votre habit a craqué dans le dos », le septuor « Donc je peux m’en fier à vous », ou le Trio militaire de la version Bru-Zane.

Livret(s) et musique(s)

Les sources possibles du livret sont diverses, mais les librettistes semblent cette fois avoir puisé non dans des classiques de la littérature comme ils l’avaient fait avec La Belle Hélène, Barbe-Bleue, et comme ils le feront de nouveau avec La Périchole, mais plutôt dans leurs propres œuvres : les personnages du Brésilien et de Métella semblent tout droit sortis de leurs comédies La Clé de Métella (1862) et  Le Brésilien (1863). 

Costume du Baron de Gourdakirsch dans Le Photographe (1864)

Quant à leur pièce Le Photographe, créée en 1864 sur la scène du Palais-Royal comme le sera La Vie Parisienne – ,elle donne déjà à voir une satire des mœurs des habitants de la capitale et met en scène non pas un faux guide mais un homme qui, à des fins de séduction, se prétend photographe (un certain… Raoul de Gardefeu !), une femme nommée Métella, mais aussi un baron étranger (le baron de Gourdakirsch) flanqué de son épouse !

Le Photographe

Comédie-vaudeville en un acte de Meilhac et Halévy, représentée pour la première fois à Paris sur le Théâtre du Palais-Royal le 24 décembre 1864.

Raoul de Gardefeu (rôle joué par Gil Pérez, lequel créera le rôle de… Bobinet dans La Vie parisienne !) se fait passer pour un photographe de talent afin de séduire les belles voyageuses. Arrive dans sa boutique un certain Baron de Gourdakirsch, lequel voyage sa femme. Il est reçu par le domestique de Gardefeu : Alexandre (rôle joué par Priston, qui créera le rôle de… Gardefeu dans La Vie parisienne), qui essaie de vendre au baron des vues de paysages divers et variés, avant de comprendre que Gourdakirsch recherche avant tout des photographies de femmes, et plus précisément d’une femme en particulier…
Extrait de la scène 8 :


Nous proposons ci-dessous les résumés de l’intrigue de La Vie Parisienne selon les 3 versions citées ci-dessus, en commençant par la version définitive de 1873, puis celle originale de 1866, enfin celle proposée par le Palazzetto Bru Zane. Les principales pages musicales sont indiquées  en bleu et en italique. Les pages inédites de la version Bru Zane sont en caractères gras.

ACTE I – 1873
À la Gare Saint-Lazare

ACTE I – 1866
À la Gare Saint-Lazare.

ACTE I – version pré-originale (Bru Zane)
À la Gare Saint-Lazare.

Raoul de Gardefeu et Bobinet, deux jeunes Parisiens, attendent l’arrivée de la femme qu’ils aiment, Métella, une demi-mondaine, laquelle apparaît au bras d’un certain Gontran. Métalla feint de ne pas connaître les jeunes gens : [Air de Métella : « Attendez d’abord que je place / Mon lorgnon là, sous mon sourcil »]. Comprenant que Métella les trompe, les deux jeunes hommes, il y a une seconde encore rivaux en amour, tombent dans les bras l’un de l’autre ? C’est décidé : ils courtiseront désormais les femmes du monde, qu’ils regrettent d’avoir trop négligées ces derniers temps. [Duo Bobinet/Gardefeu « Elles sont tristes, les marquises »] ; [air de Gardefeu : « Ce que c’est pourtant que la vie… »].

Arrive justement une baronne suédoise, Christine de Gondremarck, accompagnée de son mari. Gardefeu se fait passer pour un guide du Grand-Hôtel et se propose de les promener dans Paris. [Trio : « Jamais, foi de Cicérone… Vous serez notre guide »]. Une foule bigarrée d’étrangers envahit la gare. [Chœur : « À Paris, nous arrivons en masse »]. Parmi eux se trouvent un Brésilien, bien décidé à faire connaissance avec les jolies femmes qui peuplent la capitale… [Air : « Je suis brésilien, j’ai de l’or »].

Raoul de Gardefeu et Bobinet, deux jeunes Parisiens, attendent l’arrivée de la femme qu’ils aiment, Métella, une demi-mondaine. Laquelle apparaît au bras d’un certain Gontran. Comprenant que Métella les trompe, les deux jeunes hommes, il y a une seconde encore rivaux en amour, tombent dans les bras l’un de l’autre. C’est décidé : ils courtiseront désormais les femmes du monde, qu’ils regrettent d’avoir trop négligées ces derniers temps. [Duo Bobinet/Gardefeu « Elles sont tristes, les marquises »] ; [air de Gardefeu : « Ce que c’est pourtant que la vie… »].

Arrive justement une baronne suédoise, Christine de Gondremarck, accompagnée de son mari. Gardefeu se fait passer pour un guide du Grand-Hôtel et se propose de les promener dans Paris. [Trio : « Jamais, foi de Cicérone… Vous serez notre guide »]. Une foule bigarrée d’étrangers envahit la gare. [Chœur : « À Paris, nous arrivons en masse »]. Parmi eux se trouvent un Brésilien, bien décidé à faire connaissance avec les jolies femmes qui peuplent la capitale… [Air : « Je suis brésilien, j’ai de l’or »].

Raoul de Gardefeu et Bobinet, deux jeunes Parisiens, attendent l’arrivée de la femme qu’ils aiment, Métella, une demi-mondaine. Laquelle apparaît au bras d’un certain Gontran. Comprenant que Métella les trompe, les deux jeunes hommes, il y a une seconde encore rivaux en amour, tombent dans les bras l’un de l’autre. C’est décidé : ils courtiseront désormais les femmes du monde, qu’ils regrettent d’avoir trop négligées ces derniers temps. [Duo Bobinet/Gardefeu « Elles sont tristes, les marquises »] ; [air de Gardefeu : « Ce que c’est pourtant que la vie… ». La mélodie de cet air, légère et enjouée, est complètement différente de celle de la version définitive, suave et mélancolique].

Arrive justement une baronne danoise, Christine de Gondremarck, accompagnée de son mari. Gardefeu se fait passer pour un guide du Grand-Hôtel et se propose de les promener dans Paris. [Trio : « Jamais, foi de Cicérone… Vous serez notre guide »]. Une foule bigarrée d’étrangers envahit la gare. [Chœur : « Paris ! Paris ! / Dans une course furibonde… »]. Parmi eux se trouvent un Brésilien, bien décidé à faire connaissance avec les jolies femmes qui peuplent la capitale… [Air : « Je suis brésilien, j’ai de l’or »].

ACTE II – 1873
Chez Raoul de Gardefeu.

ACTE II – 1866
Chez Raoul de Gardefeu.

ACTE II – version pré-originale (Bru Zane)
Chez Raoul de Gardefeu.

Frick, le bottier de Gardefeu, courtise la jolie gantière Gabrielle (tous deux sont allemands). [Duo : « Entrez, entrez, jeune fille à l’œil bleu » ; air de Gabrielle : « Autrefois plus d’un amant »]. Arrivent le baron et la baronne de Gondremarck, conduits par Gardefeu qui leur fait croire qu’ils se trouvent dans une annexe du Grand-Hôtel. Le baron explique à Gardefeu qu’il compte bien s’amuser. [Air du Baron : « Dans cette ville… »]. Le Baron souhaite qu’on organise une table d’hôtes en son honneur. Gardefeu demande à Gabrielle et Frick de venir dîner accompagnés d’amis : Gabrielle se fera passer pour la veuve d’un colonel, et Frick pour le Major Édouard. Gondremarck sollicite une rencontre avec une jeune femme qu’on lui a recommandée : une certaine Métella. Il détient d’ailleurs une lettre de recommandation à remettre à Métella en personne.

Métella paraît, lit la lettre [« Vous souvient-il ma belle »], et dit au baron qu’elle sera tout à fait prête à le recevoir… dans huit jours. La jeune femme, comprenant que Gardefeu courtise la baronne, jure de se venger de son ancien amant.

Dix-neuf heures : les invités de la table d’hôtes paraissent (tous sont allemands !) , conduits par le Major Édouard [« Pour découper adroitement »] et la veuve d’un colonel (Gabrielle déguisée) [Je suis veuve d’un colonel »]. L’acte se termine alors que tous se mettent à table et s’apprêtent à faire bombance [Tyrolienne : « On est v’nu m’inviter… »].

Frick, le bottier de Gardefeu, courtise la jolie gantière Gabrielle (tous deux sont allemands). [Duo : « Entrez, entrez, jeune fille à l’œil bleu » ; air de Gabrielle : « Autrefois plus d’un amant »]. Arrivent le baron et la baronne de Gondremarck, conduits par Gardefeu qui leur fait croire qu’ils se trouvent dans une annexe du Grand-Hôtel. Le baron explique à Gardefeu qu’il compte bien s’amuser. [Air du Baron : « Dans cette ville… »]. Le Baron souhaite qu’on organise une table d’hôtes en son honneur. Gardefeu demande à Gabrielle et Frick de venir dîner accompagnés d’amis : Gabrielle se fera passer pour la veuve d’un colonel, et Frick pour le Major Édouard. Gondremarck sollicite une rencontre avec une jeune femme qu’on lui a recommandée : une certaine Métella. Il détient d’ailleurs une lettre de recommandation à remettre à Métella en personne.

Métella paraît, lit la lettre [« Vous souvient-il ma belle »], et dit au baron qu’elle sera tout à fait prête à le recevoir… dans huit jours. La jeune femme, comprenant que Gardefeu courtise la baronne, jure de se venger de son ancien amant.

Dix-neuf heures : les invités de la table d’hôtes paraissent (tous sont allemands !) , conduits par le Major Édouard [« Pour découper adroitement »] et la veuve d’un colonel (Gabrielle déguisée) [Je suis veuve d’un colonel »]. L’acte se termine alors que tous se mettent à table et s’apprêtent à faire bombance [Tyrolienne : « Auf der berliner Bruck,… »].

Frick, le bottier de Gardefeu, courtise la jolie gantière Gabrielle (tous deux sont allemands). [Duo : « Entrez, entrez, jeune fille à l’œil bleu » ; air de Gabrielle : « Autrefois plus d’un amant » ; reprise du duo : « Savez-vous bien, mademoiselle / Que vous êtes crânement belle ? »]. Arrivent le baron et la baronne de Gondremarck, conduits par Gardefeu qui leur fait croire qu’ils se trouvent dans une annexe du Grand-Hôtel. Le baron explique à Gardefeu qu’il compte bien s’amuser. [Air du Baron : « Dans cette ville… »]. Le Baron souhaite qu’on organise une table d’hôtes en son honneur. Gardefeu demande à Gabrielle et Frick de venir dîner accompagnés d’amis : Gabrielle se fera passer pour la veuve d’un colonel, et Frick pour le Major Édouard. Gondremarck sollicite une rencontre avec une jeune femme qu’on lui a recommandée : une certaine Métella. Il détient d’ailleurs une lettre de recommandation à remettre à Métella en personne.

Métella paraît, lit la lettre [« Vous souvient-il ma belle »], et dit au baron qu’elle sera tout à fait prête à le recevoir… dans huit jours. La jeune femme, comprenant que Gardefeu courtise la baronne, jure de se venger de son ancien amant.

Dix-neuf heures : les invités de la table d’hôtes paraissent (tous sont allemands !) , conduits par le Major Édouard [« Pour découper adroitement »] et la veuve d’un colonnel (Gabrielle déguisée) [Je suis veuve d’un colonel »]. L’acte se termine alors que tous se mettent à table et s’apprêtent à faire bombance. [Double chœur marseillais (« Troun de l’air, té ! ») et allemand (« Wenn ich Brot mit Butter haben »)].


Costumes de l’Amiral suisse et du Brésilien par Draner.  (© Gallica / BnF)

ACTE III – 1873
À l’hôtel de Quimper-Karadec.

ACTE III – 1866
À l’hôtel de Quimper-Karadec.

ACTE III – version pré-originale (Bru Zane)
À l’hôtel de Quimper-Karadec.

Bobinet a proposé à Gardefeu d’organiser une soirée à laquelle serait convié le Baron : cela permettrait de le tenir éloigné de sa femme et favoriserait l’entreprise amoureuse de Gardefeu… La soirée aura lieu à l’hôtel de Quimper-Karadec, propriété de Mme de Quimper-Karadec (la tante de Bobinet) qui s’est absentée jusqu’au lendemain avec sa nièce Madame de Folle-Verdure. Les domestiques de la maison sont chargés de se déguiser et de se faire passer pour des gens de la haute société [Septuor : « Donc, je peux m’en fier à vous ?]. Les faux princes, généraux, amiraux, marquises et baronnes distraient le baron, qui se laisse surtout séduire par Pauline, la femme de chambre déguisée en « Madame l’Amirale ». [Duo : « L’amour, c’est une échelle immense »]. Arrive Gabrielle la gantière, déguisée en « Madame de Sainte-Amaranthe » : elle vante auprès du baron le charme irrésistible des Parisiennes lorsqu’elles sortent à pied. [« On va courir]. L’Amiral (Bobinet déguisé) paraît enfin : il n’arrivait pas à entrer dans son uniforme. Consternation générale : si l’Amiral a finalement réussi à endosser son habit, c’est au prix d’une large déchirure dans le dos… [Sextuor : « Votre habit a craqué dans le dos »]. Qu’à cela ne tienne : le vin coule à flots et la soirée s’achève dans un galop endiablé. [Finale : « Soupons, soupons, c’est le moment… En endossant mon uniforme… Il est gris… Quand on boit, il est une chose… Feu partout ! »].

Bobinet a proposé à Gardefeu d’organiser une soirée à laquelle serait convié le Baron : cela permettrait de le tenir éloigné de sa femme et favoriserait l’entreprise amoureuse de Gardefeu… La soirée aura lieu à l’hôtel de Quimper-Karadec, propriété de Mme de Quimper-Karadec (la tante de Bobinet) qui s’est absentée jusqu’au lendemain avec sa nièce Madame de Folle-Verdure. Les domestiques de la maison sont chargés de se déguiser et de se faire passer pour des gens de la haute société [Septuor : « Donc, je peux m’en fier à vous ?]. Les faux princes, généraux, amiraux, marquises et baronnes distraient le baron, qui se laisse surtout séduire par Pauline, la femme de chambre déguisée en « Madame l’Amirale ». [Duo : « L’amour, c’est une échelle immense »]. Arrive Gabrielle la gantière, déguisée en « Madame de Sainte-Amaranthe » : elle vante auprès du baron le charme irrésistible des Parisiennes lorsqu’elles sortent à pied. [« On va courir]. L’Amiral (Bobinet déguisé) paraît enfin : il n’arrivait pas à entrer dans son uniforme. Consternation générale : si l’Amiral a finalement réussi à endosser son habit, c’est au prix d’une large déchirure dans le dos… [Sextuor : « Votre habit a craqué dans le dos »]. Qu’à cela ne tienne : le vin coule à flots et la soirée s’achève dans un galop endiablé. [Finale : « Soupons, soupons, c’est le moment… En endossant mon uniforme… Il est gris… Quand on boit, il est une chose… Feu partout ! »].

Bobinet a proposé à Gardefeu d’organiser une soirée à laquelle serait convié le Baron : cela permettrait de le tenir éloigné de sa femme et favoriserait l’entreprise amoureuse de Gardefeu… La soirée aura lieu à l’hôtel de Quimper-Karadec, propriété de Mme de Quimper-Karadec (la tante de Bobinet) qui s’est absentée jusqu’au lendemain avec sa nièce Madame de Folle-Verdure. Les domestiques de la maison sont chargés de se déguiser et de se faire passer pour des gens de la haute société [Sextuor : « Donc, je peux m’en fier à vous ?]. Les faux princes, généraux, amiraux, marquises et baronnes distraient le baron [Air d’Urbain : « C’est ainsi, moi, que je voudrais mourir » ; trio militaire : « Rien ne vaut un bon diplomate »]. Le Baron se laisse séduire par Pauline, la femme de chambre déguisée en « Madame l’Amirale ». [Duo : « L’amour, c’est le cœur qui s’entrouvre »]. Toutes les femmes présentes font mine de trouver le Baron séduisant [Quintette : « Ah, qu’il est bien ! »]. Arrive Gabrielle la gantière, déguisée en « Madame de Sainte-Amaranthe » : elle vante auprès du baron le charme irrésistible des Parisiennes lorsqu’elles sortent à pied. [« On va courir]. L’Amiral (Bobinet déguisé) paraît enfin : il n’arrivait pas à entrer dans son uniforme. Consternation générale : si l’Amiral a finalement réussi à endosser son habit, c’est au prix d’une large déchirure dans le dos… [Sextuor : « Votre habit a craqué dans le dos »]. Qu’à cela ne tienne : le vin coule à flots et la soirée s’achève dans un galop endiablé, mené par les bottiers et gantières invités par Gabrielle [Finale : « Chanson de la balayeuse » par Gabrielle ; Pastourelle : «Lev’ra t’y pied, / Lev’ra t’y pas » ; « Feu partout ! » ].

1873 : acte supprimé

ACTE IV – 1866
Chez Raoul de Gardefeu.

ACTE IV – version pré-originale (Bru Zane)
Même endroit (hôtel de Quimper-Karadec), le lendemain.

La Baronne Christine de Gondremarck chante son éblouissement devant les merveilles que Paris a offertes à sa vue. [Air de la baronne : « Je suis encore tout éblouie »]. Arrivent la vieille douairière Madame de Quimper-Karadec et sa nièce Madame de Folle-Verdure, amies de la Baronne : horrifiées par la fête qui bat son plein dans leur appartement et qu’elles ont découverte à leur retour, elles cherchent un refuge.
Métella a remis à la Baronne la lettre qu’elle a reçue de Gardefeu, dans laquelle on lui demandait de répondre favorablement à l’invitation de Gondremarck… La baronne explique sa situation à ses deux amies, qui lui recommandent de trouver un moyen de se venger du baron. [Air de Madame de Folle-Verdure : « Quoi, ces messieurs pourraient, ma chère, / À leur aise nous insulter »].

Gardefeu annonce qu’il a réservé une chambre au Grand-Hôtel pour Madame de Quimper-Karadec et Madame de Folle-Verdure. La Baronne et Madame de Quimper-Karadec échangent rapidement leurs vêtements : tandis que Christine se sauve, la douairière prend  sa place dans sa chambre. Lorsque Gardefeu y pénètre, espérant y trouver Christine, il tombe nez à nez sur la vieille femme et se sauve. Arrive le baron qui, croyant lui aussi retrouver sa femme, doit affronter à son tour la douairière, qui l’attend armée de la pince à bûches qu’elle a découverte près de la cheminée de la chambre qu’occupait la Baronne. [Finale : « Tout tourne, tout danse… Bonsoir Messieurs… J’amène ici mes deux amis »].

Madame de Qimper-Karadec et sa nièce Madame de Folle-Verdure sont de retour chez elles. Elles découvrent, horrifiées, l’état dans lequel les fêtards ont mis leur demeure… [Trio des ronflements : « Ah ! Quelle fête !]. Découvrant la présence du baron de Gondremarck, elles demandent aux domestiques l’identité de cet inconnu. Pauline, la femme de chambre, le fait alors passer pour « Jean le cocher », le fiancé qu’elle doit épouser prochainement – un mariage à l’occasion duquel a eu lieu la fête de la veille… [Couplets de Pauline : « Belle livrée, / Tête poudrée »]. Le baron sort pour se préparer : il est invité à un dîner en compagnie de sa femme. Voici justement la Baronne qui entre en scène, en compagnie de Bobinet et Gardefeu. Christine avoue à Madame de Quimper-Karadec et Madame de Folle-Verdure qu’elle ne se sent pas du tout à la hauteur des Parisiennes et de leurs manières si distinguées. [Fabliau de la Baronne : « Hier au bois, j’ai vu, ma charmante… »]. Les deux femmes promettent de l’aider en lui donnant des conseils et en la conduisant chez leur tailleur. Christine explique alors qu’elle a échappé de justesse à un piège que lui avait tendu Gardefeu, l’imposteur qui s’était fait passer pour son guide : une certaine Métella lui a révélé que Gardefeu aurait dû la rejoindre dans sa chambre tandis que son mari était retenu éloigné dans une fête donnée dans un riche appartement parisien. Pour sauver l’honneur de la Baronne, Métella a pris sa place. Le Baron réapparaît : la supercherie est démasquée et l’acte s’achève dans la confusion générale. [Finale : « Ma tête ! Ma tête ! / Nous devenons fous !… Feu partout ! »].

ACTE IV – 1873
Un grand restaurant parisien.

ACTE V – 1866
Un grand restaurant parisien.

ACTE V – version pré-originale (Bru Zane)
Un salon dans un restaurant parisien.

Tout le monde s’affaire pour la grande fête organisée par le Brésilien du premier acte. [Air d’Alfred : « Avant toute chose »]. Installé dans un salon particulier, le Baron reçoit Métella, qui lui dévoile l’esprit du lieu dans lequel ils se trouvent : [Rondeau de Métella : « C’est ici l’endroit redouté des mères, / L’endroit effroyable où les fils mineurs / Font sauter l’argent gagné par leurs pères, / Et rognent la dot promise à leurs sœurs »]… Métella repousse les avances du Baron : elle lui avoue qu’elle est toujours amoureuse de Gardefeu, ce qui suscite la colère du Suédois. Une colère qui redouble lorsque Métella ose lui présenter, à sa place, une dame masquée (il s’agit de la Baronne elle-même) : « Selon vous, alors, j’ai l’air du monsieur auquel on repasse les amies ? ». C’en est trop, le Baron part à la rencontre de Gardefeu, bien décidé à le provoquer en duel. L’intervention de la Baronne met fin à la querelle, Bobinet et Gardefeu retombent tous les deux dans les bras de Métella ; quant au Brésilien, il est tombé amoureux de Gabrielle en lui achetant une paire de gants. [Duo : « Hier, à midi, la gantière… »]. La réconciliation générale est scellée par une ronde joyeuse, suivie d’un galop endiablé : [« En cherchant dans la ville… Feu partout ! »]

Tout le monde s’affaire pour la grande fête organisée par le Brésilien du premier acte. [Air d’Alfred : « Avant toute chose »]. Installé dans un salon particulier, le Baron reçoit Métella, qui lui dévoile l’esprit du lieu dans lequel ils se trouvent : [Rondeau de Métella : « C’est ici l’endroit redouté des mères, / L’endroit effroyable où les fils mineurs / Font sauter l’argent gagné par leurs pères, / Et rognent la dot promise à leurs sœurs »]… Métella repousse les avances du Baron : elle lui avoue qu’elle est toujours amoureuse de Gardefeu, ce qui suscite la colère du Suédois. Une colère qui redouble lorsque Métella ose lui présenter, à sa place, une dame masquée (il s’agit de la Baronne elle-même) : « Selon vous, alors, j’ai l’air du monsieur auquel on repasse les amies ? ». C’en est trop, le Baron part à la rencontre de Gardefeu, bien décidé à le provoquer en duel. L’intervention de la Baronne met fin à la querelle, Bobinet et Gardefeu retombent tous les deux dans les bras de Métella ; quant au Brésilien, il est tombé amoureux de Gabrielle en lui achetant une paire de gants. [Duo : « Hier, à midi, la gantière… »]. La réconciliation générale est scellée par une ronde joyeuse, suivie d’un galop endiablé : [« En cherchant dans la ville… Feu partout ! »]

Tout le monde s’affaire pour le bal masqué organisé par le Brésilien dans un grand retaurant [Air d’Alfred : « Avant toute chose »]. Bobinet et Gardefeu s’y rencontrent. Ce dernier est dépité par la tournure que prennent ses aventures : la Baronne, ayant tout compris du piège qui lui était tendu, est partie et loge dorénavant au véritable Grand-Hôtel. Et s’il renonçait aux femmes du monde pour se rapprocher de nouveau des cocottes ? Bobinet partage son avis. À la réflexion, les deux jeunes hommes ne sont plus tout à fait sûrs que Métella les a trompés : peut-être pourraient-ils renouer avec elle ?…
Arrivent Gabrielle la gantière et le Brésilien, tombés amoureux l’un de l’autre alors que le Brésilien cherchait à acheter une paire de gants. [Duo : « Hier, à midi, la gantière… »]. On annonce que le dîner est servi : les invités célèbrent Paris dans une joyeuse ronde. [« Des amants, des maîtresses / Qui s’aiment en riant »].
Trois dames masquées apparaissent sur la musique du trio des Masques de Don Giovanni : « Un peu de Mozart, ça ne peut pas faire de mal ! », s’exclame Madame de Quimper-Karadec, venue avec Madame de Folle-Verdure et la Baronne dans l’espoir de se venger des fourberies des hommes. Elles sont rejointes par Métella qui leur explique où elles se trouvent. [Rondeau de Métella : « C’est ici l’endroit redouté des mères, / L’endroit effroyable où les fils mineurs / Font sauter l’argent gagné par leurs pères, / Et rognent la dot promise à leurs sœurs »]. Métella a sauvé l’honneur de la Baronne en prenant sa place dans la chambre de Christine. Elle demande maintenant à la baronne de lui rendre la pareille : Christine doit prendre la place de Métella lors d’un souper qu’elle a promis à un homme. Christine refuse, avant de comprendre que cet homme n’est autre que son propre mari : belle occasion de se venger de son mari volage ! Lorsque Gondremarck comprend  que la femme masquée à qui il fait la cour n’est autre que sa propre femme, il demande à la baronne de lui pardonner. Christine accepte… à condition que tous deux regagnent Copenhague dès le lendemain ! L’acte s’achève sur une réconciliation générale. [Finale : « Des maris infidèles / Au bercail ramenés… »]

Pour voir et écouter l’œuvre

CD

Renée Doria, Andrée Gabrielle, Robert Lilty, Pierre Gianotti, Dario Moreno. Orchestre et chœur René Alix dirigés par Marcel Cariven, Philips (extraits), 1956.

 

Simone Valère, Suzy Delair, Jean Desailly, Jean-Pierre Granval, Jean-Louis Barrault. Grand Orchestre Symphonique, dir. André Girard, Musidisc, 1959.

Nadine Renaux, Deva Dassy, Michel Hamel, Willy Clément. Orchestre des Concerts Lamoureux, Chœurs Raymond Saint Paul, dir. Jules Gressier, EMI (extraits), 1950. 

Mady Mesplé, Régine Crespin, Michel Sénéchal, Michel Trempont, Jean-Christophe Benoit. Orchestre et chœurs du Capitole de Toulouse, dir. Michel Plasson, EMI, 1975.

DVD et Blu-rays

Isabelle Mazin, Hélène Delavault, Jean-François Sivadier, Jacques Verzier. Orchestre et chœurs de l’Opéra national de Lyon, dir. Jean-Yves Ossonce, mise en scène Alain Françon, 1991.

Marie Devellereau, Maria Riccarda Wesseling, Jean-Sébastien Bou, Marc Callahan,  Jesus Garcia. Orchestre et choeurs de l’Opéra national de Lyon, dir. Sébastien Rouland, mise en scène Laurent Pelly, 2008.

 

Jodie Devos, Aude Extrémo, Rodolphe Briand, Marc Mauillon, Les Musiciens du Louvre, chœur de chambre de Namur, dir. Romain Dumas, mise en scène Christian Lacroix, 2021.