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CD – Carl Ghazarossian : Qu’as-tu fait de ta jeunesse ?

par Stéphane Lelièvre 7 février 2025
par Stéphane Lelièvre 7 février 2025
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1,3K
Les artistes

Carl Ghazarossian, ténor
Emmanuel Olivier, piano

Le programme

Qu’as-tu fait de ta jeunesse ?

Extraits des Romances sans paroles et de Sagesse de Paul Verlaine, mis en musique par Charles Bordes, Sergueï Bortkiewicz, Joseph Canteloube, André Caplet, Claude Debussy, Albert Doyen, Gabriel Dupont, Gabriel Fauré, Reynaldo Hahn, Paul Ladmirault, Sylvio Lazzari, Lucien Mawet, Florent Schmitt, Déodat de Séverac, Josef Szulc, Edgar Varèse et Louis Vierne

1 CD Editions Hortus, 2024

Bien sûr, cet album est recommandable pour les qualités qui sont celles de Carl Ghazarossian, que l’on connaît bien (extrême clarté de la diction, sensibilité au texte, ligne vocale soignée, chant mezza-voce poétique, usage aisé et pertinent de la voix mixte ou de la voix de tête) et du pianiste Emmanuel Olivier, au jeu nuancé et délicat, dont la complicité avec le chanteur est constante. Mais ce qu’on apprécie surtout, c’est le soin apporté à la conception du programme et la logique qui le sous-tend. Si le précédent album verlainien de Carl Ghazarossian et Emmanuel Olivier laissait Verlaine, comme l’écrit le ténor dans sa notice introductive, « goûter à l’harmonie de la sérénité, tout amoureux qu’il est de sa future épouse Mathilde », celui-ci regroupe des poèmes insérés dans Romances sans paroles (1874) et Sagesse (1880), tous hantés par la figure de Rimbaud, que Verlaine rencontre en septembre 1871 (le tragique coup de feu tiré par le poète sur son ami date de juillet 1873). Il en résulte une tonalité globalement mélancolique, voire grave, avec malgré tout de belles trouées lumineuses (« Green », « C’est l’extase amoureuse ») apportées ici ou là par quelques vers apaisés du poète et les œuvres de compositeurs ayant courageusement tenté d’apporter un surcroît de musicalité à une poésie déjà en elle-même si musicale…

Au nombre de ceux-ci, de grands noms bien sûr (Fauré, Hahn, Debussy), même si les mélodies retenues ne sont pas toujours les plus fréquemment retenues par les chanteuses et chanteurs, au disque ou en récital. Mais aussi des musiciens moins fréquentés : Louis Vierne, Sergueï Bortkiewicz, Paul Ladmirault, Sylvio Lazzari, Albert Doyen, Déodat de Séverac, Josef Szulc, Charles Bordes, Florent Schmitt, André Caplet, Edgar Varèse, Gabriel Dupont ou Lucien Mawet. Ce n’est pas le moindre mérite de cet album que de faire ainsi reculer les frontières entre lesquelles on circonscrit un peu trop souvent la mélodie française, et de nous révéler des noms, des titres qui, pour certains d’entre eux, constituent de véritables découvertes. 

Sept poésies seulement… mais vingt-quatre plages sur le CD : de chaque poème, il est donc proposé plusieurs versions musicales. Le programme se déroule selon un ordre pensé par les artistes, qui permet d’apporter à l’ensemble une belle variété d’ambiances et de tonalités. Cependant, un code couleur permet de repérer immédiatement dans le livret les différentes versions musicales d’un même poème : on peut ainsi, si on le souhaite, se livrer à l’« écoute comparée » d’un seul et même texte mis en musique par différents musiciens. C’est la démarche que nous avons choisie, et elle s’est avérée plus d’une fois passionnante, tant les sensibilités différentes des compositeurs apportent à tel ou tel poème des éclairages variés. Comparez, à titre d’exemple, le si beau et si mélancolique « Ô triste, triste était mon âme » de Canteloube avec les versions qu’en proposent Florent Schmitt et Gabriel Dupont, se déployant sur une ligne mélodique épousant plus librement la parole et les mouvements de l’âme, avec un résultat assez « éthéré » chez Schmitt, plus dramatique chez Dupont dont la mélodie s’achève sur une belle conclusion pianistique, comme apaisée… Relisez « Un grand sommeil noir » (extrait de Sagesse), l’un des poèmes les plus sombres, les plus glaçants de Verlaine, et écoutez comment la musique d’Albert Doyen semble arrêter le temps sur les paroles désespérées du poète, quand Edgar Varèse en propose une lecture plus lyrique…

 

« De la musique avant toute chose », exigeait Verlaine dans son Art poétique. Avec ce programme qui propose parfois trois, quatre, jusqu’à six versions musicales (pour « Voici des fruits, des fleurs » extrait des Aquarelles) d’un même poème, son souhait se réalise : c’est à un émouvant voyage intérieur, poétique et musical que nous sommes conviés, où les sensibilités du poète, des compositeurs et des interprètes qui le servent se rencontrent et s’éclairent tout à tour, offrant des prolongements inattendus à des poèmes dont nous pensions avoir pourtant percé tous les mystères.

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Emmanuel OlivierCarl Ghazarossian
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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