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La Princesse jaune/Djamileh : exotisme épuré et inspiré pour un doublé Saint-Saëns/Bizet à Tours

par Gilles Charlassier 5 octobre 2021
par Gilles Charlassier 5 octobre 2021
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Crédit photos : © © Marie Pétry

L’Opéra de Tours fait sa rentrée avec une affiche qui résume sans doute idéalement le projet de Laurent Campellone. Sans renoncer à la diversité du répertoire, le chef français entend faire de l’institution ligérienne l’une des proues majeures de la défense de la musique française, qu’il sert avec autant de science que de passion. Créés la même année, 1872, chacun sur un livret dû à Louis Gallet, les deux opéras-comiques La princesse jaune de Saint-Saëns et Djamileh de Bizet déclinent deux évocations exotiques, habilement mises en perspective par la mise en scène de Géraldine Martineau, pensionnaire de la Comédie Française, qui fait ses débuts – réussis – dans le domaine lyrique.

Opportunément programmé dans le cadre des célébrations du centenaire de la mort de Saint-Saëns, La princesse jaune affirme une inspiration à la fluidité virtuose, tant dans la versatilité entre chanté et parlé, que dans la porosité entre songe et réalité – sous influence psychotrope. Aussi subtile que la dramaturgie, la partition fait chatoyer une orchestration inventive, qui ne se départ jamais d’une exquise légèreté et se fait l’écrin d’une écriture vocale élégante et aérée, où flottent les voiles d’un sourire qu’incarne idéalement la Léna discrètement mutine de Jenny Daviet : la déception et la jalousie amoureuses ne versent jamais dans le tragique. En Kornélis, Sahy Ratia révèle un lyrisme complémentaire, à la sincérité plus naïve, mais non moins dénuée d’esprit.

Après cette première partie, traitée de manière presque apéritive par une scénographie d’atelier aux allures d’antichambre astucieusement concentrée sur l’avant du plateau, et où l’estampe japonaise du décor dessiné par Salma Bordes se nimbe, à l’heure où Kornélis tombe dans les bras des phantasmes, d’évanescences lumineuses, calibrées par Olivier Oudiou, Djamileh investit l’ensemble de la scène, avec un décor aussi économe et épuré dans l’orientalisme exotique. Suggéré par un panneau de motifs abstraits vaguement mauresques, l’Egypte et le colonialisme – avec amours que l’on achète comme des esclaves – ne dépassent pas le cadre pittoresque, accompagné par la sobriété des costumes imaginés par Léa Perron, et les sensuels déhanchements chorégraphiques de la nouvelle recrue pour les plaisirs d’Haroun réglés par Sonia Duchesne.

Développée avec un authentique sens de la tension dramatique et du suspense, la dialectique et le croisement des émotions du livret est magnifiée par l’opposition entre le Splendiano solide de Philippe-Nicolas Martin, qui, sous une apparence de feu passionnel cache des réactions égoïstes sinon phallocrates, voyant dans l’amour une conquête et une possession, et le Haroun de Sahy Ratia, cœur sensible et vulnérable sous une carapace d’indifférence donjuanesque. Entre le Saint-Saëns et le Bizet, le ténor malgache démontre une admirable palette expressive, soutenue par une ligne souple et la clarté de l’émission.

Mais le nœud dramatique de Djamileh reste l’héroïne éponyme, dont Aude Extrémo fait vibrer les inquiétudes affectives avec une sincérité et une vérité saisissantes. L’ampleur du mezzo, au médium nourri et aux graves bien définis, sans oublier la vigueur des élans jusque dans le registre supérieur de la tessiture, confèrent au personnage une belle consistance tragique, également portée par une qualité de la déclamation et de l’intelligibilité du chant que partagent l’ensemble des solistes. À la tête de l’Orchestre Symphonique Région Centre- Val de Loire/Tours, Laurent Campellone rend  justice à l’inspiration d’une œuvre avec laquelle Bizet avait trouvé sa voix, une voie originale où la chamarre des timbres s’incarne dans un renouvellement de l’expressivité orchestrale, par-delà l’influence wagnérienne. Un remarquable spectacle pour la reprise automnale, soutenu, comme il se doit dans les raretés du Romantisme français, par Bru Zane, et qui sera repris en mai à Tourcoing, cette fois par l’orchestre Les Siècles sous la baguette de François-Xavier Roth.

Les artistes

Léna : Jenny Daviet 
Kornélis : Sahy Ratia

*

Djamileh : Aude Extrémo
Haroun : Sahy Ratia 
Splendiano : Philippe-Nicolas Martin
Marchand d’esclaves : Maxime Le Gall 
Sonia Duchesne ; danseuse

Chœur de l’Opéra de Tours, Orchestre symphonique Région Centre-Val de Loire / Tours, dir. Laurent Campellone

Géraldine Martineau : mise en scène

Le programme

La Princesse jaune

Opéra-comique en un acte de Saint-Saëns, livret de Louis Gallet, créé à l’Opéra-Comique (Paris) le 12 juin 1872.

Djamileh

Opéra-comique en un acte de Bizet, livret de Louis Gallet, créé à l’Opéra-Comique (Paris) le 22 mai 1872.

Opéra de Tours, représentation du 1er octobre 2021.

 

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Gilles Charlassier

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