Carmen à Marseille : et si c’était dans les vieux pots qu’on faisait le meilleur gaspacho ?

Absent de la scène phocéenne depuis plus d’une dizaine d’années, le chef-d’œuvre de Georges Bizet y revient cet hiver dans des atours un rien désuets mais dans une production musicale de haut vol confiée à la baguette du jeune chef Victorien Vanoosten. Un an après avoir apprécié sa direction de Werther de Massenet, le public marseillais lui réserve à nouveau un accueil triomphal.

Castagnettes et chorizo

Les minutes fiévreuses qui précédent une représentation d’opéra sont propices aux conversations badines comme aux déclarations péremptoires et il suffit parfois de tendre l’oreille pour surprendre involontairement une confidence émouvante. Ce jeudi de février, un spectateur à l’accent méridional confessait à sa voisine que la première production de Carmen à laquelle il avait assisté à Marseille en 1962 était celle dont Bernard Buffet avait signé les décors et les costumes ! Se trouvait-il aujourd’hui dans la salle un enfant qui découvrait sa première Carmen ? Sans doute. Il est en revanche probable que le spectacle de cette saison 2022-2023 n’ait pas durablement imprimé sa rétine et qu’il soit incapable, dans six décennies, de s’en remémorer les noms du décorateur, ni même du metteur en scène.

La mise en scène de Carmen par Jean-Louis Grinda n’est pas une découverte : créée à Toulouse en 2018 puis reprise à Monte-Carlo en 2020 et de nouveau à Toulouse en janvier 2022, elle arrive à présent à Marseille précédée d’une réputation de spectacle élégant et consensuel. Force est de reconnaitre que, dès le lever du rideau, l’œil du spectateur est en terrain de connaissance : les costumes des promeneurs sévillans ancrent le spectacle dans un XIXe siècle propre et coquet, Micaëla porte la jupe bleue du livret de Meilhac et Halévy, pas un bouton ne manque aux guêtres des dragons d’Almanza et Carmen roule un cigarillo sur sa cuisse dénudée tandis qu’elle chante le second couplet de sa habanera. En tout cela, une certaine idée de la tradition opératique est respectée.

Ce qui finit cependant par agacer dans le spectacle du dramaturge monégasque, c’est l’accumulation de détails hispanisants qui presque systématiquement surlignent la musique de Bizet et tirent Carmen vers une sorte d’espagnolade qu’elle n’est pas. Au cours de l’intermède du deuxième acte par exemple, Jean-Louis Grinda demande à une danseuse flamenca de jouer des castagnettes tandis que la musique de Bizet est à ce moment là d’une subtilité arachnéenne ; l’idée est par ailleurs redondante avec la tradition qui consiste à laisser Carmen s’accompagner elle aussi de castagnettes quelques instants plus tard pendant qu’elle interprète « Les tringles des sistres tintaient ».

Ces réserves exprimées, il faut convenir que la mise en scène de Jean-Louis Grinda est riche de qualités narratives et qu’elle est proche de l’idéal pour accompagner de jeunes dilettantes qui découvriraient Carmen avec elle. Dès les premiers accords endiablés de l’ouverture, on assiste en effet sur le plateau au dénouement du drame : un jour de courses à Séville, un soldat déserteur assassine sauvagement une bohémienne et se laisse arrêter docilement par des soldats avant d’être conduit au fond d’une geôle. Fait divers ou crime passionnel ? On comprend aisément que tout le spectacle sera le minutieux flash-back de ce féminicide destiné à donner aux spectateurs tous les éléments à charge et à décharge pour essayer de comprendre le geste de Don José.

Puisant aux sources de la nouvelle de Prosper Mérimée, Jean-Louis Grinda fait de José un garçon déraciné de sa Navarre natale et obsédé par l’image qu’il renvoie à sa mère. D’abord fils obéissant résolu d’épouser par devoir plus que par amour la falote Micaëla, le jeune soldat voit toutes ses certitudes ébranlées par la morsure vénéneuse de Carmen lorsqu’elle lui remet la fleur symbole de sa disponibilité amoureuse. Ce brutal renversement des valeurs révèle immédiatement le vrai visage de Don José, celui d’un garçon indécis, volontiers emporté, consumé d’amour et rendu presque fou par le regard que la bohémienne a daigné poser sur lui. À la fin du premier acte, lorsqu’il déchire frénétiquement la lettre qui le promettait en mariage à sa payse navarraise, le jeune soldat affiche un visage défiguré par l’hystérie d’une passion condamnée avant d’être éclose. Acculé à l’échec programmé de sa relation avec Carmen, José se révèle alors un homme violent, la main leste et le regard mauvais dès que son amante lui oppose la moindre résistance. Dans le deuxième acte, repoussé par la bohémienne qui lui reproche de lui préférer le clairon de la retraite, José la saisit à la gorge, lui fait ployer le genou et ne desserre finalement son étreinte qu’à la condition qu’elle « [l’] entendra » !

Mais c’est surtout dans les deux derniers actes que José achève de se muer en amant toxique, maladivement jaloux et névrotiquement violent. Les couplets « Dût-il m’en couter la vie » font tomber le dernier tabou de la violence conjugale qui s’est progressivement installée entre eux : rongé de jalousie, José lève la main sur Carmen sans s’en cacher, aux yeux des contrebandiers, et le Dancaïre doit s’interposer entre le soldat déserteur et la foule pour l’obliger à assumer ses actes et préférer finalement la fuite vers sa mère mourante plutôt que l’affrontement avec une amante qui le repousse et ne l’aime plus.

Sobre, monumental sans être envahissant, le décor unique de Rudy Sabounghi exprime parfaitement le désordre mental qui envahit progressivement la tête de Don José. Composé de deux grands hémisphères de métal dépoli susceptibles de tourner sur eux-mêmes, le décor suggère tantôt l’ellipse d’une arène, une ruelle étroite de Séville ou le vallon au fond duquel les contrebandiers ont installé leur campement. Plus métaphoriquement, on peut y voir aussi l’étau qui se referme sur le drame et même, avec un peu d’imagination, la forme des cornes du taureau dont l’infidélité de Carmen affuble le crâne de Don José.

Suprêmement élégantes, les lumières de Laurent Castaing tamisent le spectacle et rehaussent les costumes hispanisants de Rudy Sabounghi et Françoise Raybaud Pace. Elles deviennent même partie prenante du drame lorsque, dans le dernier tableau du quatrième acte, elles projettent sur les pans du décor les ombres des amants déchirés : la silhouette de José écrasant celle de la cigarière avant de l’assassiner est une des images bouleversantes de la soirée.

Quand tant de metteurs en scène abusent de la vidéo comme d’un gadget, Jean-Louis Grinda en usent avec parcimonie et intelligence, notamment dans ce début de quatrième acte si difficile à mettre en place avec son interminable cortège de toreros, d’alguazils, de chulos et de picadors. Tandis que le chœur se tient sur le bord de la scène, regards et doigts pointés vers la salle, Gabriel Grinda a imaginé un dispositif de projections qui permet d’assister au recueillement d’Escamillo puis à son combat contre le taureau tandis que Carmen lutte elle-même pour échapper à José.

Lorsque le noir se fait sur le plateau après le meurtre de la bohémienne, le spectateur est donc partagé entre l’agacement d’avoir assisté à une production old school et la satisfaction pas si courante de s’être laissé conter une histoire fluide et cohérente. Puis très vite l’agacement passe… et la satisfaction demeure.

Une leçon de musique française

Sous l’apparente facilité de son flot mélodique ininterrompu, Carmen est une partition compliquée à jouer car elle ne souffre pas la médiocrité ni les facilités ronflantes qui la font si souvent basculer du côté de la musique de bastringue. La présence de Victorien Vanoosten face à l’orchestre de l’Opéra de Marseille est la meilleure des assurances contre ce risque d’accident et c’est peu dire qu’il est à son affaire avec ce monument de la musique française du XIXe siècle.

Quand tant de chefs privilégient le négligé et dirigent en bras de chemise, le maestro respecte à la lettre les codes opératiques et se présente en fosse vêtu d’une impeccable queue-de-pie. Aux dialogues parlés de la version de 1875, Victorien Vanoosten préfère également les récitatifs orchestrés par Ernest Guiraud, ce qui confère à cette Carmen une dimension patrimoniale qui fait finalement bien écho avec la mise en scène de Jean-Louis Grinda. Mais là où la sagesse de la dramaturgie peut confiner à l’académisme, le respect scrupuleux de la musique, de son style et de ses respirations font tout le prix de la direction du chef.

Sous la baguette de ce maestro aguerri à l’esthétique de l’opéra français (il donna en ces mêmes lieux une très belle Reine de Saba en octobre 2019) , les différents pupitres de l’Orchestre de l’Opéra de Marseille sont tous à l’unisson pour délivrer une Carmen majestueuse mais sans grandiloquence, passionnée mais sans excès de fougue inutile. Saluons d’abord la parfaite solidarité des cordes qui dès l’ouverture, dans le thème du destin, bruissent de manière soyeuse et homogène. Très affutés également, les bois et les cuivres sonnent justes et précis, révélant un rigoureux travail avec le chef pour obtenir des attaques nettes et soignées, même au moment les plus dramatiques. S’il ne fallait retenir qu’un moment de cette parfaite communion entre le chef et ses musiciens, ce serait le délicat prélude de l’acte des contrebandiers interprété en état de grâce, dans un silence religieux qui réussit même à faire taire les sempiternels tousseurs de fond de baignoire…

De la salle, Victorien Vanoosten laisse entrapercevoir une direction d’orchestre aux gestes amples mais précis. Tandis que de la baguette il impose des tempi toujours respectueux des chanteurs, sa main gauche virevolte d’un pupitre à l’autre et donne le signal à chaque instrumentiste avec une rigueur qui démontre une parfaite connaissance du moindre détail de l’orchestration de Bizet ; c’est à la fois très impressionnant à observer et d’une beauté sonore inouïe.

Sur le plateau, le même miracle se produit qui permet d’assister à une Carmen d’anthologie. La réussite en revient tout d’abord à Héloïse Mas que le public marseillais retrouve trois ans après l’avoir déjà applaudie dans le rôle de Boulotte dans Barbe-bleue en 2020. De Carmen, la jeune soprano française possède le déhanché chaloupé, l’œil aguicheur, la diction canaille et surtout la maitrise parfaitement idiomatique du texte. Combien de chanteuses aujourd’hui prononcent correctement « séguedille » et non « séguédille », à l’espagnol ? Héloïse Mas a précisément ce souci rigoureux de la langue et elle délivre les vers de Meilhac et Halévy avec un talent de comédienne qui fait de sa cigarière une des interprétations les mieux incarnée qu’on ait vues depuis longtemps. Mais elle est d’abord une épatante chanteuse : son timbre pulpeux de mezzo convient idéalement au personnage provocateur de Carmen qu’elle chante avec une sobriété de moyens qui repose l’oreille et lui fait saisir la moindre nuance du texte et de la mélodie. D’abord prudente dans la habanera qui marque l’entrée en scène de son personnage, Héloïse Mas prend de l’assurance dès la séguedille, assume crânement le duo du deuxième acte face à José et interprète en tragédienne l’air des cartes qu’elle ponctue de graves sonores qui glacent le sang. Le dernier duo « C’est toi ? C’est moi ! » est finalement chanté de manière incandescente, les deux protagonistes s’abandonnant ensemble avec la même ivresse au flot mélodique composé par Bizet pour conclure dramatiquement son opéra. Au rideau final, les larmes qu’Héloïse Mas ne peut retenir sont à la fois larmes de joie et de fatigue et démontrent l’engagement émotionnel que l’artiste a mis dans la préparation de ce personnage qui semble déjà lui tenir très à cœur.

Appelé in extremis pour remplacer Amadi Lagha incapable d’assurer la première représentation de cette série de Carmen, Jean-François Borras est familier du rôle de Don José qu’il a déjà chanté dans cette même mise en scène de Jean-Louis Grinda. Familiarisé avec ses placements, le ténor peut consacrer tout son engagement à l’interprétation du brigadier et délivrer ce soir de Première une prestation parfaitement équilibrée entre grands élans lyriques et nuances subtiles. Le charme solaire de son timbre permet effectivement à Jean-François Borras d’incarner aussi bien la maladresse un peu naïve de José dans son premier duo avec Micaëla que la passion incandescente qui le consume à partir du deuxième acte. « La fleur que tu m’avais jetée » permet en un seul air de saisir toute la palette des talents de ce bel artiste : il sait y mettre la fièvre avant d’achever sur un si bémol pianissimo détimbré qui révèle toute la fragilité psychologique de son personnage. L’ultime duo avec Héloïse Mas conclut en apothéose cette interprétation : Jean-François Borras s’y livre tout entier, sans s’économiser, sa voix trouvant alors des accents désespérés et des raucités de fauve qui sont la signature d’un excellent titulaire du rôle de Don José.

Il y a onze ans, dans la dernière production de Carmen présentée à Marseille, Jean-François Lapointe incarnait déjà Escamillo. Du toréador, il maitrise incontestablement le charisme latin, le port de tête altier et l’art de manier la navaja dans le duel qui l’oppose à José à la fin de l’acte des contrebandiers. Musicalement, son interprétation offre elle-aussi de beaux moments : la fin du troisième acte le révèle fin diseur, le medium solide et le souffle long. Les couplets du toast en revanche s’avèrent plus problématiques : si le timbre est chaleureux, la diction élégante et les aigus percutants, les notes les plus graves sont systématiquement détimbrées et deviennent malheureusement inaudibles sous le flot de l’orchestre.

Alexandra Marcellier est – sauf erreur – la seule artiste de cette distribution à aborder son rôle pour la première fois. De Micaëla, la jeune soprano originaire de Perpignan a la silhouette timide et les gestes un peu gauches mais dès qu’elle ouvre la bouche c’est une femme passionnée qui s’exprime d’une voix ample, riche en harmoniques et savamment projetée. « Je dis que rien ne m’épouvante » n’est pas chanté par une timide jouvencelle mais par une femme amoureuse qui entend bien disputer à Carmen l’amour de Don José. On est d’ores et déjà impatient de retrouver ce jeune talent dans le même rôle – et dans la même production – aux Chorégies d’Orange l’été prochain.

Carmen nécessite enfin de solides seconds rôles pour assumer l’ensemble des numéros de la partition composés par Bizet. Au premier acte, Jean-Gabriel Saint Martin et Gilen Goicoechea sont tous deux de fringants soldats qui portent élégamment l’uniforme. Le premier joue de son timbre clair de baryton pour asseoir un Moralès nonchalant tandis que le second prête les graves et l’élégance de sa voix de basse à un Zuniga plus aristocratique. Charlotte Despaux et Marie Kalinine se complètent en bohémiennes délurées, confidentes des amours de Carmen et chevilles ouvrières des trafics des contrebandiers. Leur numéro de cartomanciennes est élégamment interprété et offre un contrepoint comique aux prédictions plus macabres de Carmen. Par ailleurs, dans tous les ensembles, les aigus de Charlotte Despaux font merveille et retiennent l’attention. Olivier Grand et Marc Larcher forment enfin un savoureux tandem de brigands, aussi fins interprètes que roués comédiens. Le quintette « Nous avons en tête une affaire », quoiqu’attaqué sur un tempo un peu trop rapide par rapport à l’orchestre, est un agréable moment bouffe juste avant que le drame ne se noue entre Carmen et José.

Dans la plus pure tradition marseillaise, les artistes du chœur de l’Opéra municipal se montrent homogènes et précis, leur plaisir à jouer la comédie n’altérant en rien la rigueur musicale de leurs interventions. Les jeunes chanteurs de la Maîtrise des Bouches-du-Rhône sont eux aussi à l’honneur de ce spectacle : timides et un peu raides dans les couplets de la « Garde montante », ils prennent confiance en eux et semblent davantage s’amuser au quatrième acte dans « Les voici, voici la quadrille ».

Le passage en revue de la distribution ne serait pas complet sans évoquer la danseuse flamenca Irene Rodriguez Olvera dont la mise en scène fait un double de Carmen. Présente sur scène pour danser au cours de chacun des intermèdes musicaux qui séparent les actes du drame, elle apporte par sa maitrise de l’art traditionnel de la danse andalouse une touche d’hispanité authentique.

Au rideau final, le public marseillais fait un triomphe au chef et aux deux protagonistes principaux de la soirée, manifestant bruyamment sa joie d’avoir assisté à une Carmen « traditionnelle » dans le meilleur sens du terme.

« Ta ra ta ta, mon Dieu… c’est la retraite »

Pour terminer, rappelons que cette Première de Carmen est donnée le soir de la troisième grande mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites. Avant le lever de rideau, tandis que les spectateurs finissent de s’installer et que les lumières de la salle sont encore allumées, un artiste du chœur de l’Opéra de Marseille, déjà maquillé et costumé, se présente à l’avant-scène et réclame l’attention du public. Il donne alors lecture d’un texte rédigé par les personnels artistiques et techniques de la maison et rappelle que l’exigence de qualité du spectacle vivant ne peut s’accommoder d’un recul de l’âge légal de départ en retraite à 64 ans. Dans la salle, l’intermède politique est diversement apprécié. Des premiers rangs du parterre fuse une réprobation : « Tais-toi, Cosette ! » à laquelle rétorquent immédiatement les applaudissements solidaires de l’amphithéâtre.

Si l’art lyrique s’est indiscutablement démocratisé au cours des dernières décennies, l’incident marseillais souligne qu’il demeure, dans les salles à l’italienne, une répartition sociologique des spectateurs contre laquelle il est difficile de lutter.

Les artistes

Carmen : Héloïse Mas
Micaëla : Alexandra Marcellier
Frasquita : Charlotte Despaux
Mercédès : Marie Kalinine
Don José : Jean-François Borras
Escamillo : Jean-François Lapointe
Moralès : Jean-Gabriel Saint Martin
Zuniga : Gilen Goicoechea
Le Dancaïre : Olivier Grand
Le Remendado : Marc Larcher
Lilas Pastia : Frank T’Hézan
Une marchande : Christine Tumbarello
Un bohémien : Tomasz Hajok
Danseuse : Irene Olvera

Orchestre et Chœur de l’Opéra de Marseille, dir. Victorien Vanoosten
Maîtrise des Bouches-du-Rhône 
Mise en scène : Jean-Louis Grinda
Décors : Rudy Sabounghi
Costumes : Rudy Sabounghi et Françoise Raybaud Pace
Lumières : Laurent Castaingt
Chorégraphie : Eugénie Andrin

Le programme

Carmen

Opéra-comique en quatre actes de Georges Bizet, livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy d’après Prosper Mérimée, créé à l’Opéra-Comique à Paris le 3 mars 1875.
Opéra de Marseille, représentation du jeudi 16 février 2023.