C’est avec émotion que le monde de l’opéra a appris la disparition du ténor Gary Lakes.
Né le 26 septembre 1950 à Woodward, Oklahoma, Gary Lakes a grandi à Irving (Texas). Il avait débuté sa carrière en 1981 au Seattle Opera, dans le rôle de Froh dans Das Rheingold. Wagner l’accompagnera d’ailleurs toute sa carrière, et son très beau Siegmund a fort heureusement été capté par les caméras du Metropolitan Opera, dans une production de La Tétralogie ( Otto Schenk/Günther Schneider-Siemssen) qui marqua fortement les esprits dans les années 1990 (dans Die Walküre se produisaient notamment, sous la baguette de James Levine, Hildegard Behrens, Jessye Norman, James Morris ou encore Christa Ludwig !).
De Wagner, Gary lakes chanta aussi Parsifal, Tristan und Isolde, Tannhäuser ou Lohengrin, mais son répertoire, très vaste, comportait aussi des œuvres de Mozart (Idomeneo), Bizet (Carmen), Saint-Saëns (Samson et Dalila), Beethoven (Fidelio), Strauss (La Femme sans ombre) ou Moussorgski (Boris Godounov).
La France l’accueillit à plusieurs reprises, notamment l’Opéra de Paris en 1994 (Alceste) et 1995 (La Damnation de Faust). Mais on se souvient surtout des soirées lyonnaises d’avril 1987 où le public français découvrait enfin la version intégrale des Troyens : dans une mise en scène de Moshe Leiser et Patrice Caurier, sous la baguette de Serge Baudo, Gary Lakes y campait un très émouvant Énée aux côtés de la Didon bouleversante de Kathryn Harries (disparue en 2023).
Gary Lakes possédait une voix à la fois ample et souple, dont l’héroïsme n’excluait nullement la tendresse, voire une forme de fragilité – ce qui a parfois mené certains critiques à comparer son chant à celui de Jon Vickers. Il nous a quittés le 11 novembre dernier à Pittsburgh. Il était âgé de 75 ans.

