CHIGIANA INTERNATIONAL FESTIVAL & SUMMER ACADEMY 2023 à Sienne et alentour : présentation du programme

La neuvième édition du Chigiana International Festival & Summer Academy, qui se tiendra du 6 juillet au 2 septembre 2023, vient d’être présentée au Teatro del Maggio Musicale Fiorentino, bien qu’aucun spectacle n’ait lieu à Florence : le festival se déroule dans et autour de Sienne. Le Maggio Musicale est cependant impliqué dans quelques productions, parmi lesquelles la plus évidente est le concert gratuit (19 juillet) de l’Orchestra del Maggio Musicale dirigée par Daniele Gatti, soliste Lilya Zilberstein, sur la Piazza del Campo à Sienne (le concert sera diffusé en direct sur RAI 5 et RAI Radio 3, les chaînes culturelles de la radio-télévision d’État).

Daniele Gatti (© D.R.)

Lilya Zilberstein (© Andrej Grilc)

Toujours Piazza del Campo à Sienne est le cadre du concert gratuit du 22 juillet : pour le programme du centenaire de l’Accademia, fondée par le comte Guido Chigi Saracini, l’Orchestra della Toscana (ORT), sous la direction de Simone Bernardini, accompagnera le violoniste Uto Ughi (ancien élève et professeur de la Chigiana, commissaire des concerts de célébration du centenaire) dans le Concert en ré majeur de Tchaïkovski.

La Piazza del Campo à Sienne en 2022 (© D.R.)

En résumé, il y aura, sous le titre de Parola (‘mot’), plus de 100 événements répartis en 6 itinéraires thématiques (Legends, Today, Off the wall, Factor, Special Events, ChigianaOperaLab) ; ils déclinent le thème central (Parola) dans un large éventail de concerts et d’œuvres de théâtre musical : on part de la vocalité de la Renaissance et du baroque pour arriver aux nouvelles frontières des explorations de la phonétique, également en relation avec les nouvelles technologies et les différentes formes de spatialisation, en passant par le bel canto, le romantisme et les avant-gardes des XXe et XXIe siècles. Parmi les représentants du secteur technologique se distingue Acousmonium, orchestre de 60 haut-parleurs crée à Paris par le GRM, l’un des plus importants centres d’expérimentation musicale au monde (l’événement est en collaboration avec l’Ambassade de France en Italie et l’Institut Français de Culture). Autour du thème de la « parole », de nombreuses œuvres et projets d’auteurs de tous âges réfléchissent à la communication et à l’incommunicabilité de l’art, à l’instar de L’Histoire du Soldat d’Igor Stravinskij (27 juillet), dans les Lieder ohne Worte de Felix Mendelssohn (19 août) ou dans The Dreams and Prayers of Isaac the Blind (31 juillet) d’Osvaldo Golijov qui nous introduit dans l’univers contaminé de la musique klezmer (l’histoire est confiée à la “voix” de la clarinette de David Krakauer, avec le Quatuor Indaco).

Luciano Berio (© Philippe Gontier)

Vingt ans après sa mort, un focus est consacré à Luciano Berio, compositeur très intéressé par les différentes formes de vocalité en relation avec la poétique, la sémiologie et la phonétique du XXe siècle. Point de référence de l’avant-garde musicale de la seconde moitié du XXe siècle, Berio était profondément lié à l’Accademia Chigiana de Sienne ; 

Tabea Zimmermann (© D.R.)

il a également été le premier directeur artistique de l’ORT-Orchestra della Toscana, qui ouvrira le Festival (6 juillet; de Berio, on jouera Voci pour alto et deux groupes instrumentaux, altiste Tabea Zimmermann, et Coro pour quarante voix et instruments).

Pendant le Festival, on va exécuter 30 des œuvres instrumentales et vocales les plus significatives de Berio, dont la création mondiale de l’édition posthume (2020) de Canticum…(ballata) pour chœur mixte, sur un texte d’Edoardo Sanguineti.

Les laboratoires de production de la Chigiana donneront vie cette année à 4 productions d’opéras différentes :

– dans Chigiana OperaLab, les étudiants du cours de direction d’orchestre tenu par Daniele Gatti, avec les chanteurs de l’Accademia del Maggio Musicale Fiorentino et l’Orchestra Senzaspine de Bologne, présentent un spectacle composé de trois moments pris des célèbres opéras de Verdi (Traviata acte II, Rigoletto acte III, Falstaff acte III), mis en scène par Lorenzo Mariani; décors et costumes de William Orlandi, lumières de Gianni Mirenda (31 juillet, 1er août)

– les élèves du cours de chant de William Matteuzzi participeront à la nouvelle mise en scène de Il combattimento di Tancredi e Clorinda de Monteverdi et de Il campanello de Donizetti (lumières de Lucia Ferrero du Guido Levi Lighting Lab, chorégraphie de Francesca Duranti et Emanuel Josè Viana Santos et mise en scène par Cesare Scarton), proposée dans une version de chambre inédite pour quatuor à cordes et piano avec le Quatuor Leonardo et Francesco De Poli, maître de concert au clavecin et piano (29 juillet)

– dans BaroqueLab la Chigiana, en collaboration avec l’Université Mozarteum de Salzbourg, réalise une nouvelle production scénique du chef-d’œuvre de Henry Purcell Dido & Aeneas, opéra en trois actes joué pour la première fois en 1689 pour le couronnement de Guillaume III d’Orange et de Marie II Stuarda. Dans la même soirée, on met en scène Elissa, nouvelle création de théâtre musical (d’après un texte d’Elisabeth Gutjahr ) commandée au compositeur français Henry Fourès ; Kai Röhrig dirige l’Orchestre et l’Ensemble vocal du Mozarteum de Salzbourg, avec des instruments anciens (29 et 30 août).

Un grand espace est dédié aux premières représentations, 9 au total, auxquelles s’ajouteront les premières représentations des compositions des étudiants du cours de composition tenu par Salvatore Sciarrino. Outre la création mondiale de Luciano Berio, ce sont les Sei nuovi capricci per violino solo e un saluto de Salvatore Sciarrino, commandés par l’Accademia Chigiana pour le centenaire et interprétés en première mondiale par le violoniste Ilya Gringolts (18 juillet), de l’œuvre commandée par l’Accademia Chigiana à Andrea Molino (1964) La vérité, pas toute, pour 32 choristes, 8 percussionnistes, 16 caméras et électronique en direct, sur des textes tirés de Wittgenstein, Ortega y Gasset, Lacan, Eco, Derrida, Agostino d’Ippona, Giovanni Evangelista, Camus, Pasolini, Heidegger, Peraldo, élaboré par un collectif créatif d’enseignants et d’étudiants en Esthétique, Sémiotique et Linguistique de l’Université de la Sapienza à Rome et de Cassino, centré autour de la figure de Pietro Montani, Professeur émérite d’esthétique au Département de philosophie de la Sapienza (14 juillet).

Ilya Gringolts (© D.R.)

 Le 10 juillet, l’action scénique pour 5 voix et 11 instruments Protocolli (création de la nouvelle version 2018) de Fausto Razzi, compositeur italien récemment décédé (1932-2022), d’après le texte homonyme d’Edoardo Sanguineti, dans l’interprétation du Cluster Ensemble dirigé par Fabio Galadini. Il y a encore la nouvelle création commandée par l’Accademia Chigiana à Stefano Gervasoni (1962) intitulée Significanti, dédiée à Giovanni Puddu, qui l’interprétera le 21 août ; Ad sidera tollere vultus, pour clarinette et 6 pianos de Fabrizio Festa (1960) (11 juillet) ; Phonomaggio, hommage électronique à Luciano Berio du compositeur argentin Daniel Teruggi, interprété dans la dimension sonore futuriste de l’Acousmonium du GRM dont on a déja dit (24 juillet). Enfin, la création italienne de la composition de Jacopo Baboni-Schilingi, Spatio intermisso [temporis], pour hautbois et électronique en direct (19 août). Nicola Piovani (1946) revient à la Chigiana avec un spectacle de théâtre musical en trio intitulé Note a margine, avec des images de Milo Manara et la participation de Nicola Piovani lui-même au piano (11 août).

À noter que les prix des spectacles ne dépassent pas 15 euros ! On peut consulter le calendrier complet avec tous le détails à cette adresse.