À ne pas rater à Beauvais : L’ÉLIXIR D’AMOUR, un opéra coopératif avec la participation de professionnels, d’amateurs, et… de quelque 200 lycéens !

Voici un projet comme nous les aimons à Première Loge : une équipe passionnée travaille sans relâche depuis des mois pour proposer à un public a priori peu familier du genre lyrique une nouvelle production de L’Élixir d’amour, dans laquelle professionnels, amateurs et lycéens unissent leurs forcent et leurs talents pour offrir un spectacle de qualité ! Nous avons rencontré trois des membres de cette équipe : le metteur en scène Renaud Boutin, la cheffe de chant Juliette Sabbah, la cheffe Alexandra Cravero.

Comme on peut le lire sur le site web du Labopéra Oise, cet organisme est le dernier né du réseau de La Fabrique Opéra, qui se fixe pour mission de créer des opéras coopératifs, en investissant des lieux populaires, et en offrant la possibilité à tous d’assister à des spectacles de qualité à des prix raisonnables (le prix des places de L’Élixir d’amour n’excède pas 52,50 euros).

Par ailleurs, le Labopéra tient à impliquer des jeunes lycéens dans la conception et la réalisation du spectacle : costumes, décors, coiffure, maquillage et organisation.

Renaud Boutin © D.R.

C’est dans ce cadre qu’a travaillé le metteur en scène Renaud Boutin : il s’est rendu dans les établissements scolaires afin de pouvoir travailler directement avec les jeunes, et a été surpris par l’implication des lycéens, voire l’enthousiasme suscité par le projet. Le metteur en scène a dans un premier temps expliqué les grandes lignes de sa dramaturgie (Renaud Boutin a pour habitude de chercher la modernité des œuvres en elles-mêmes plutôt que dans une transposition plus ou moins facile ; il a, dans cette œuvre de Donizetti, particulièrement été intéressé par Dulcamara qu’il considère moins comme un charlatan que comme un « vendeur de rêves »…). Puis il a laissé les élèves travailler, chercher, libérer leur imagination, avec parfois des idées étonnantes et inattendues (« Et si on donnait à Adina la robe de mariée de Brigitte Bardot ?! »). 

Les élèves se sont très vite approprié le projet, qui a peut-être suscité des vocations, et en tout cas permis d’ouvrir de belles perspectives à certains élèves. Ainsi, telles lycéennes intéressées par le maquillage, et qui pensaient ne pouvoir travailler qu’en salons, ont-elles découvert avec intérêt  que leur passion pouvait aussi s’appliquer au domaine artistique…

Des lycéennes à la confection des costumes.

Côté musique, c’est la même passion qui a présidé aux séances de travail et aux répétitions. Pour les solistes, on a procédé à des auditions et les chanteurs retenus ont très vite formé une véritable équipe, soudée et désireuse de faire au mieux ! On trouve parmi eux certains interprètes qui ont déjà l’expérience de la scène, mais d’autres sont vraiment en tout début de carrière. Adina sera chantée par Anne-Marine Suire, Nemorino par Hoël Troadec, Dulcamara par Pierre-Michel Dudan et Belcore par Bruno Khouri.

Le chœur est quant à lui constitué d’adultes et d’enfants, de choristes chevronnés ou d’amateurs – qui ont parfois l’expérience du concert, mais pas de l’opéra mis en scène.



Juliette Sabbah © Avril Dunoyer

La cheffe de chant Juliette Sabbah a relevé avec enthousiasme la gageure de faire travailler ensemble tout ce petit monde et d’atteindre un niveau d’ensemble à la hauteur de l’enjeu. Ce n’était a priori pas si facile : la langue italienne a été conservée, il a fallu la mémoriser ; et si les chœurs chantent parfois seuls un morceau qui leur est réservé, ils interagissent également fréquemment avec les personnages et leur donnent la réplique, ce qui implique précision dans les interventions et coordination entre chant et jeu scénique. Et puis, Juliette explique que si l’œuvre est bouffe, le grand style donizettien affleure parfois ici ou là, au détour de la partition : pas question de ne pas respecter l’esprit de l’œuvre, dans toutes ses composantes et toute sa diversité !

La cheffe Alexandra Cravero s’est elle aussi impliquée avec passion dans ce projet. Ce n’est à vrai dire pas une surprise, tant la pédagogie et l’ouverture de la musique dite « classique » au public le plus large font partie de son ADN ! Elle a déjà conduit il y a quelques années un projet autour des Contes d’Hoffmann (avec l’Orchestre régional de Normandie), qui impliquait également la participation de lycéens. Travailler avec des jeunes, elle connaît donc – et elle dirigera d’ailleurs en janvier prochain Le Voyage dans la lune d’Offenbach, (presque) entièrement chanté par les enfants de La Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique. Alexandra Cravero a par ailleurs adapté la partition en fonction des musiciens réunis pour ce projet et qui, là encore, mêlent professionnels (issus de l’ensemble Du bout des doigts) et amateurs (venant de l’ensemble Stravaganza, l’orchestre universitaire de Compiègne).

Alexandra Cravero © D.R.

La convergence de tous ces talents et de tous ces efforts aboutira samedi et dimanche prochains à deux représentations du chef d’œuvre de Donizetti à l’Espace Beauvais. Deux représentations seulement… mais Renaud Boutin réfléchit à une version « de poche » du spectacle, qui puisse voyager à travers les villes de la région  et aller à la rencontre des spectateurs qui n’auraient pas osé / souhaité / pu faire le déplacement jusqu’à Beauvais.

Affaire à suivre donc… et rendez-vous samedi 24 septembre à l’Espace Beauvais pour un Élixir qui, nous en somme sûrs, sera « di sì perfetta, di sì rara qualità » !

Pour toutes informations et les réservations, c’est ici !