Montpellier : l’effervescence de la saison 22-23

Le lendemain du géant concert montpelliérain des 40 ans de la Fête de la Musique (retransmission France Télévision), la métropole languedocienne affiche à nouveau son effervescence culturelle, via la présentation de la saison 22-23 de l’Opéra Orchestre national de Montpellier. Valérie Chevalier, directrice générale, et le maire Michaël Delafosse la placent sous le signe d’une culture partagée et d’un plaidoyer pour l’ouverture citoyenne, que les années 80 ont initiés.

Consultez le programme et réservez à compter du 23 juin sur le site de l’OONM !

Côté opéra

Sept productions se succèderont depuis les « blockbuster » selon la Directrice – Aida de Verdi, La Flûte enchantée de Mozart – jusqu’à la création (Climat de R. Hepplewhite) et l’exhumation (Orfeo de Sartorio). Un bel équilibre.

  • du 30 septembre au 4 octobre : Aida de Verdi paraît avec la mise en espace d’Annabel Arden fuyant la vision colonialiste pour adopter un point de vue politique sur l’actuel Moyen Orient.
  • du 13 au 19 janvier : La Flûte enchantée de Mozart, dans une lecture fraîche d’Anna Bernreitner, mise sur la réécriture des scènes parlées pour s’adresser au public famille / enfants.
  • du 8 au 11 mars : Climat, création de Russel Hepplewhite, réveille les enjeux de notre temps (livret d’Helen Eastman). Les jeunes d’Opera Junior s’emparent de la production.
  • du 19 au 23 avril : Iphigénie en Tauride de C. W. Gluck sera conduit par le jeune chef Pierre Dumoussaud avec une distribution française de haut vol : Vannina Santoni, le très jeune ténor Valentin Thill et Jean-Sébastien Bou. La vision scénique abordera les enjeux actuels de l’ex Tauride, actuelle Crimée.
  • du 12 au 14 mai : Scènes du Faust de Goethe de R. Schumann seront mises en scène par le vidéaste Julian Rosefeldt (sur fond de Rave party berlinoise). Sous la baguette du directeur musical de l’OONM, Michael Schonwandt, les solistes, l’orchestre national et le chœur montpelliérain, renforcé par le prestigieux Chœur Opera Vlaanderen, allumeront les feux de l’Opéra Berlioz.
  • du 2 au 4 juin : Grisélidis de J. Massenet (Opéra-Comique, 1901), version concertante soutenue par  la fondation du Palazetto Bru Zane, sera dirigée par Jean-Marie Zeitouni. Grâce à des interprètes de qualité (Vannina Santoni, Adèle Charvet, Frédéric Antoun, etc.), le public découvrira une diablerie médiévale fort réjouissante.
  • du 7 au 10 juin : Orfeo d’Antonio Sartorio (Venise, 1672) sera la découverte proposée par Philippe Jaroussky et son ensemble Artaserse, dans une mise en scène de Benjamin Lazar.

Du côté des récitals et concerts

Les récitals attendus du baryton Stéphane Degout (9 mars) et du ténor Michael Spyres avec Il Pomo d’oro  (16 mai) jalonnent la saison, sans omettre les Quatre dernier lieder de R. Strauss avec Elza van den Heever (soprano franco-sud-africaine) et l’Orchestre national de Montpellier (9 décembre).

En concert, le répertoire lyrique s’enrichit dès les Journées européennes du patrimoine avec la création d’Etape par étape (2 chanteurs solistes et ensemble instrumental), mise en œuvre par trois jeunes artistes en résidence. La sélection swing du concert Montpellier-Heidelberg (4 novembre) est l’occasion d’activer le jumelage franco-allemand par la réunion des deux chœurs de jeunes. Avec le Concert de la Loge et le contre-ténor Philippe Jaroussky, les Airs oubliés (15 novembre) révèlent les joyaux baroques (de Hasse jusqu’à Traetta), tout comme Rivalités à Venise (25 janvier), concert proposé par Le Consort et Justin Taylor. Enfin, le 3 décembre, la Petite messe solennelle de Rossini est dirigée par le pétulant Michele Spotti.

Ouvertures

La politique de résidence d’artistes permet une diversification des cultures et des médiations par le truchement de jeunes artistes : le chef Ka Hou Fan, le compositeur Alex Ho, la metteuse en scène hongroise Franciska Ery et Chloé Kobuta, réalisatrice sonore. Quant à celle de Philippe Jaroussky, elle se poursuit non seulement avec l’Orfeo de Sartorio, mais aussi avec les nombreux concerts de lauréats de son Académie.

Signalons l’élargissement des publics avec les processus d’audiodescription et de sur-titrage chansigné lors de certaines représentations lyriques (publics mal-voyant, malentendant). La pratique amateur est intégrée à l’action culturelle : celle des choristes (en concert dans Un Air de famille) diffère de celle des usagers de jeux vidéo (Tosca), conçus en partenariat avec les étudiants du studio montpelliérain ETPA. Enfin, le Bal avec l’orchestre national est désormais un temps fort de la vie sociale montpelliéraine (5 et 6 novembre) dans le foyer de l’Opéra-Comédie.

Pour synthétiser cette foisonnante saison, le jeune poète haïtien en résidence la performe en exergue du programme : « Citoyens citoyennes d’horizon / quand les ténèbres se mettent / à chanter un coucher de soleil / faisons de la vie / un opéra d’allumettes / pour allumer l’espoir » (Ar Guens Jean Mary).