OPÉRA DE PARIS – Saison 22/23 : des ouvrages et des artistes français à l’honneur !

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Dans l’absolu, la saison 21/22 de l’Opéra de Paris fut certes un peu « légère ». Mais on se dit finalement qu’Alexander Neef et Gustavo Dudamel s’en sortent avec les honneurs, au regard des circonstances vraiment difficiles dans lesquelles elle fut conçue.

La saison 22/23 est évidemment beaucoup plus riche et mieux construite, même si certains titres ne sont pas forcément ceux que l’on attendait en priorité : Roméo et Juliette, par exemple, après s’être fait attendre de très longues années (la dernière reprise de l’œuvre à l’Opéra date de 1982 : c’était avec Neil Shicoff et Barbara Hendricks !), font leur grand retour… juste après leur toute récente  programmation au Comique. Idem pour Hamlet…  Côté baroque, nous aurons un nouvel Ariodante… mais le TCE en propose un également (en version de concert il est vrai). Dommage que le hasard des programmations occasionne de tels télescopages, mais ne boudons pas notre plaisir : Roméo et Juliette ou Hamlet restent suffisamment rares pour qu’on puisse en apprécier deux productions en peu de temps !

Le XXe siècle sera triplement présent : à son orée (avec Salomé, 1906), en son milieu (Peter Grimes, 1945), à son terme (Nixon in China, 1986). Le répertoire français est bien représenté avec trois titres (Carmen, Roméo et Hamlet) ; le répertoire allemand aussi (La Flûte enchantée, Tristan et Isolde, Salomé), même si un soupçon d’originalité dans le choix des titres aurait été le bienvenu… Déplorons que le bel canto soit, une fois de plus, le parent pauvre de la programmation : certes Rossini et Donizetti seront bien présents, mais nous devrons nous contenter, une fois encore, des éternels Lucia, Cenerentola et Capulet et Montaigu – quand Roberto Devereux, Semiramide, Tancredi, La Gazza Ladra, Otello, Maria Stuarda, Anna Bolena, Armida, Beatrice di Tenda attendent désespérément que quelqu’un s’intéresse enfin à leur sort… Soyons honnête : nous aurons tout de même la modeste Scala di seta, présentée par les membres de l’Académie. 

Certaines reprises nous paraissent tout à fait dispensables : Tosca, La Force du Destin, Tristan et Isolde, Le Trouvère ne comptent pas parmi les grandes réussites de l’Opéra de Paris ; Lucia ou Les Capulet et les Montaigu ont été vus, revus et re-revus… Mais la présence de grands artistes dans les distributions devrait malgré tout éveiller l’intérêt du public. « La Bohème sur la lune » selon Claus Guth, en revanche, réussira-t-elle à remplir onze fois la Bastille en l’absence de grandes stars dans la distribution ?…

La future saison comporte cependant plusieurs événements très alléchants sur le papier… Citons entre autres :

  • La venue de Saioa Hernández en Tosca (elle vient de triompher dans le rôle à Berlin). Son Scarpia sera Bryn Terfel.
  • La Cenerentola de Gaëlle Arquez, qui succédera à Marianne Crebassa dans le spectacle conçu par Guillaume Gallienne.
  • Le trio français qui interprétera les Capulet dans l’inusable spectacle de Carsen (Fuchs, Crebassa, Teitgen).
  • Simone Young à la baguette pour Salomé, avec Karita Mattila en Herodias (elle triompha sur cette même scène en Salomé en 2003 !)
  • L’alternance de deux Carmen françaises (Gaëlle Arquez et Clémentine Margaine), avec Adriana Gonzalez en Micaëla, enfin distribuée dans un rôle de premier plan à Paris !
  • Un nouveau Peter Grimes mis en scène par Deborah Warner, avec Allan Clayrton et Simon Keenlyside.
  • Un Hamlet et un Roméo et Juliette aux affiches éblouissantes : Tézier, Teitgen, Behr, Oropesa pour Hamlet (Hengelbrock dirige, Warlikowski met en scène) ; Dreisig, Bernheim, Desandre/Viotti pour Roméo (Thomas Jolly met en scène, Carlo Rizzi dirige).
  • Une nouvelle production de Nixon in China avec Thomas Hampson et Renée Fleming.

Notons pour conclure la présence de très nombreux chanteurs français distribués dans des rôles de premier plan, y compris dans des œuvres étrangères : une preuve supplémentaire de l’excellente santé du chant hexagonal aujourd’hui !