Un nouveau directeur artistique pour le Festival Offenbach d’Étretat

Le Festival Offenbach d’Étretat vient de se doter d’un nouveau directeur artistique en la personne du violoncelliste Sébastien Hurtaud, que Première Loge a rencontré afin d’évoquer avec lui la nature des événements artistiques et musicaux qui y seront présentés. 

Sébastien Hurtaud
(© Florent Vassogne)

Fondé il y a presque 20 ans par Daniel Fidelin et la soprano Ghyslaine Raphanel, le Festival Offenbach a su s’imposer comme un événement culturel incontournable de l’été normand. Le lieu s’imposait de lui-même pour célébrer le « petit Mozart des Champs-Élysées »…

La villa Orphée (© BnF / Gallica)

Étretat acquiert une certaine notoriété dès 1836, après la publication du roman Histoire de Romain d’Etretat d’Alphonse Karr. Le développement du chemin de fer, la construction d’une route reliant le Havre à Fécamp, l’établissement de liaisons régulières en omnibus à chevaux depuis les gares de ces deux villes fera le reste : très vite, la ville deviendra une station balnéaire à la mode, et Offenbach, peu après la création d’Orphée aux Enfers (1858), y fera construire sa célèbre villa Orphée, disparue dans un incendie en 1861 mais aussitôt reconstruite, plus belle et plus vaste encore que la première propriété.

L’édition 2023 du festival sera marquée par l’arrivée de Sébastien Hurtaud en tant que directeur artistique. La nomination de ce violoncelliste renommé est peut-être moins surprenante qu’il n’y paraît au premier abord – et n’est, en tout cas, nullement le fruit du hasard : Offenbach est l’un des compositeurs grâce auxquels Sébastien Hurtaud est « entré en musique » (le nouveau directeur insiste d’ailleurs sur les grandes vertus pédagogiques de la musique d’Offenbach, tremplin idéal pour amener le jeune public à la musique dite « classique ») : Sébastien Hurtaud se rappelle très bien notamment avoir joué la Barcarolle des Contes dHoffmann sur son violoncelle à 19 ans… Mais outre le fait que le nouveau directeur soit, comme Jacques Offenbach, un violoncelliste passionné, son parcours est marqué par trois caractéristiques qui portent en quelque sorte le sceau de l’esprit offenbachien, à savoir la virtuosité, l’amour de la scène et du chant : ne dit-on pas que les sonorités du violoncelle sont les plus proches de la voix humaine, et que cet instrument offre la quasi-possibilité de « phraser » comme un chanteur ? Sébastien Hurtaud, dont le frère est d’ailleurs ténor, a plus d’une fois accompagné des chanteurs célèbres lorsqu’il a débuté sa carrière comme Violoncelle Solo à La Monnaie à Bruxelles avant d’être lancé dans une carrière de soliste.

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Offenbach, Les larmes de Jacqueline (Sébastien Hurtaud, Pamela Hurtado)

Voilà pourquoi les programmations prévues par le nouveau directeur pour les années à venir équilibreront musique instrumentale et musique vocale, avec notamment, et c’est une belle façon de concilier les deux types de musiques, des hommages d’Offenbach à certains grands compositeurs lyriques sous la forme de réductions et d’adaptations pour une formation chambriste : peut-être aura-t-on ainsi l’occasion d’entendre prochainement son Hommage à Rossini (1843), ses Réminiscences de Robert le Diable (1852) ou de la Lucie, ses Caprices sur La Sonnambula, I Puritani, Béatrice de Tende, Anna Bolena, L’elisir d’amore, ou encore la Prière de Moïse pour deux violons, piano et orgue ?

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Clara Schumann – Piano Trio in G minor, Op. 17 – III. Andante, IV. Allegretto par Sébastien Hurtaud, Lana Trotovsek, et Maria Canyigueral

Comme chaque année, plus de la moitié des œuvres proposées seront signées Jacques Offenbach mais, fidèle à l’esprit du festival, Sébastien Hurtaud ouvre également la programmation à d’autres compositeurs, d’autres types de musiques, qu’il s’agisse de puiser dans les racines de l’œuvre offenbachien ou d’en proposer des avatars plus récents et un peu plus éloignés (telle la comédie musicale américaine) – et pourquoi pas, dans un avenir un peu plus lointain, à la création ? Selon Sébastien Hurtaud, l’actualité offre son lot d’événements ou de personnages qui pourraient parfaitement faire l’objet de « satires musicales », dans la lignée de ce que proposait Maître Jacques au XIXe siècle !

Outre cette variété affichée dans la programmation, il s’agira également de multiplier les lieux de concerts, des plus attendus aux plus atypiques, de faire venir aussi bien de jeunes artistes en devenir que de grandes stars du lyrique, d’où la présence de Celine Byrne dans un récital programmé le 19 juillet, au cours duquel la soprano irlandaise, accompagnée au piano et au violoncelle, interprétera notamment des extraits des Contes d’Hoffmann et de La Belle Hélène. Le festival fera également alterner des concerts aux formats traditionnels avec d’autres beaucoup plus inattendus, tel celui proposé par Pierre-François Dollé et la compagnie HeliosKine, où le public sera invité… à danser !

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« O Mio Babbino Caro »– Celine Byrne | The Late Late Show | RTÉ One

Le nouveau directeur artistique souhaite faire en sorte que le festival, tout à la fois, garde et renforce son identité propre, tout en prenant en compte les lieux, institutions et structures culturelles qui existent déjà en Normandie… Quoi qu’il en soit, la logique suivie par Sébastien Hurtaud semble renouer avec la conception qu’avait d’Étretat Jacques Brindejont Offenbach : « Refuge estival et inaccessible, d’une société joyeuse, simple, bonne fille, sans prétention, sans méchanceté » (Offenbach mon grand-père, chapitre V, « Villa Orphée »). À un détail près : « inaccessible », le festival ? Bien au contraire : conscients de l’aspect particulièrement « fédérateur » de la musique d’Offenbach, les organisateurs comptent bien attirer le public le plus large et le plus divers, du passionné spécialiste d’Offenbach à l’habitant d’Étretat, ou encore au simple touriste curieux de découvrir et d’entendre des musiques dont il n’est peut-être pas familier.

Rendez-vous cet été, du 11 au 19 août, et d’ici là, n’hésitez pas à consulter le site du festival pour en savoir plus !