L’ANNONCE FAITE À MARIE, Leroux (2022) – dossier

Opéra de Philippe Leroux, livret de Raphaèle Fleury (créé le 9 octobre 2022), d’après la pièce homonyme de Paul Claudel créée le 22 décembre 1912 à Paris (salle Malakoff).

L’ŒUVRE

Le compositeur

Philippe LEROUX

Parmi ses professeurs, Philippe Leroux compte notamment Ivo Malec, Claude Ballif, Pierre Schaeffer, Guy Reibel.ou encore Olivier Messiaen et Iannis Xenakis.
Titulaire de trois premiers prix au Conservatoire Supérieur de Musique de Paris, il est pensionnaire à la Villa Médicis de 1993 à 1995.

Son œuvre comporte aussi bien de la musique instrumentale et mixte que de la musique électroacoustique. Avec L’Annonce faite à Marie, c’est la première fois que Philippe Leroux se confronte au genre de l’opéra.
Outre ses compositions musicales, Philippe Leroux est aussi l’auteur d’articles sur la musique contemporaine. Il enseigne la composition à l’Université McGill (Montréal, Québec) depuis septembre 2011. Il a reçu de nombreux prix et distinctions dont le prix SACEM des compositeurs en 2003 ou, en 2018, le « Coup de cœur musique contemporaine de l’Académie Charles Cros » pour Ailes.

La librettiste

Raphaèle FLEURY

Raphaèle Fleury est docteure de l’université Paris-Sorbonne en Littérature et civilisation françaises, et historienne de la marionnette. Elle est aujourd’hui directrice de la Recherche et de l’Innovation à l’Institut International de la Marionnette et titulaire de la chaire ICiMa (Innovation Cirque et Marionnette). Parallèlement à ses activités de recherche et d’écriture, elle est aussi praticienne, notamment dans les domaines de la mise en scène et de l’enseignement. Elle est également librettiste et dramaturge : elle a ainsi rédigé le livret du Soulier de satin daprès Paul Claudel pour l’opéra de Marc-André Dalbavie créé à l’Opéra de Paris en 2021.

La création

La création de L’Annonce faite à Marie est prévue le dimanche 9 octobre 2022 à Nantes, au Théâtre Graslin. La direction musicale est confiée à Guillaume Bourgogne, la mise en scène à Célie Pauthe.

La source du livret

Paul Claudel (1868-1955)

La pièce de Claudel est un « mystère en 4 actes et un Prologue » se déroulant dans « un Moyen Âge de convention ».
Violaine  Vercors, la fille d’un riche paysan, est promise à Jacques Hury, voisin des Vercors. Elle donne un baiser au lépreux Pierre de Craon alors que celui-ci s’apprête à quitter la propriété familiale.  La scène est surprise par Mara, la sœur de Violaine, laquelle est amoureuse de Jacques Hury. Dévorée par la jalousie, elle révèle à ce dernier le fait que Violaine ait embrassé Pierre de Craon. Reniée par les siens et par celui qui devait devenir son mari, elle est conduite dans une léproserie.

Sept ans plus tard, Violaine, devenue aveugle, reçoit la visite de sa sœur : Mara a épousé Jacques et a donné le jour à une fillette, laquelle vint de mourir. Grâce aux prières de Violaine, la petite revient à la vie. Pourtant, ce miracle ne fait qu’aviver la haine de Mara envers sa sœur : elle tente de l’assassiner mais, avant d’expirer, Violaine a le temps de pardonner à sa sœur et d’obtenir pour elle le pardon de ses proches. On apprend que la lèpre de Pierre de Craon a été mystérieusement guérie, et Mara trouve la paix au son des cloches de l’Angélus.

La pièce a été créée par la troupe du Théâtre de l’Œuvre dans une mise en scène d’Aurélien Lugné-Poe le 20 décembre 1912. Vincent d’Indy en avait composé la musique.

Elle a été adaptée au cinéma par Alain Cluny (1991), mais aussi à l’opéra par Walter Braunfels en 1935 (Die Verkündigung), puis Marc Bleuse en 2019. 

Extrait du Prologue : la rencontre entre Violaine et Pierre de Craon




Paul Claudel, L’Annonce faite à Marie, Prologue (éditions Gallimard, 1940)

La partition

Voici comment le compositeur analyse lui-même son œuvre, dans une interview accordée à Jérémie Szpirglas et que vous pouvez lire dans son intégralité sur le site d’Angers-Nantes Opéra :

« C’est un opéra qui tient compte des innovations des langages musi­caux des dernières décennies, tout en con­servant ce qui fait l’unicité du genre. Je souhaite également y trouver un juste mé­lange entre langage concret et abstraction. C’est pourquoi je conserve de l’opéra traditionnel l’idée de narration tout en y adjoignant celle de périodes fondées sur une signifiance générale plus que sur un discours ration­nel. Du point de vue vocal, j’escompte des chanteurs qu’ils aient une maîtrise de leur vibrato et qu’ils puissent faire appel à d’autres techniques que le simple bel canto. Enfin, j’attends du recours à l’électronique ce qu’elle peut apporter au niveau de la résonance et du concept, ainsi que sa capacité à enrichir la pâte sonore, permettant ainsi de travailler avec des formations instru­mentales moins grandes et plus souples que les orchestres traditionnels. »

Par ailleux, Philippe Leroux entreprend également de recréer la voix de Claudel, avec l’aide des équipes de l’Ircam : « Nous y travaillons avec Christophe Veaux et Carlo Lorenzi, grâce à un synthétiseur neuronal composé de deux réseaux de neurones – une technique qui relève de l’apprentissage profond. Mon idée est de mettre en scène musi­calement Claudel lui-même, en le faisant intervenir dans son opéra, comme s’il rêvait, était en train d’écrire son texte, en se le récitant, ou nous guidait dans notre écoute en soulignant telle ou telle expression. […] La voix de Claudel intervient dans des sortes de « récitatifs » qui proposent aux auditeurs une écoute « flottante », où ils peuvent associer librement les mots entre eux. Se crée ainsi une dialectique entre le sens ordinaire des mots, qui sup­porte la narration dramatique de l’opéra, et une signification plus métaphorique et subjective, d’ordre poétique, portée par les voix, les instruments et la partie électro­acoustique, qui convoque nos sensations et notre inconscient. ».

Comptes rendus de représentations