Les opéras du monde –
Le Palais Garnier, un des joyaux culturels de Paris

Voulu par Napoléon III mais inauguré sous la présidence de Mac Mahon le 5 janvier 1875, le Palais Garnier reste pour beaucoup le « seul » opéra de Paris, et est aujourd’hui l’un des monuments les plus visités de la capitale française.

Le Palais Garnier dans l’histoire de l’Opéra de Paris

Plan de la Salle des Machines du Chateau des Tuileries (Encyclopédie de Diderot et d’Alembert), Paris, 1772). – © CC BY-SA 4.0

Pour le grand public, l’Opéra de Paris, c’est le Palais Garnier ! Pourtant, l’Opéra de Paris (appelé précédemment Académie Royale puis Impériale de musique), occupa de nombreuses autres salles (et en occupera d’autres aux XXe et XXIe siècles) : dès 1645, Mazarin fait représenter dans la salle du Petit-Bourbon (face au palais du Louvre) La finta pazza de Francesco Sacrati, premier opéra donné à Paris. La salle est démolie le 11 octobre 1660 et est remplacée par la salle des Machines (ou Théâtre des Tuileries). Viennent ensuite le Théâtre du Palais Royal (à partir de 1663) ; la salle du Jeu de Paume (1671) ; la salle du Bel-Air (1672) ; le Théâtre de la porte Saint-Martin (1781) ; la Salle Montansier (1794) ; le Théâtre Louvois (1820) ; la salle le Peletier (1821) ; la salle Ventadour (1874). Après le Palais Garnier, inauguré en 1875, l’Opéra de Paris occupera encore la salle de l’Opéra-Comique (1978), puis celle de l’Opéra Bastille (1989).

La construction du bâtiment

Le chantier de l’Opéra en 1866 (Atelier Delmaet & Durandelle)
L’attentat de la rue Le Peletier le 18 janvier 1858

Symbole du Paris haussmannien, le Palais Garnier est l’un des monuments les plus emblématiques de la capitale. Sa construction débute en 1861, sous le règne de Napoléon III, à la suite d’un attentat contre l’empereur devant l’ancien opéra de la rue Le Peletier. Il est alors décidé de bâtir un nouvel édifice, à la fois plus sûr et plus grandiose.

Portrait de Charles Garnier par Bouguereau (1853) – © CC BY-SA 4.0

À l’issue d’un concours d’architecture, c’est le projet audacieux du jeune architecte Charles Garnier (1825-1898), alors peu connu, qui est retenu. Outre l’Opéra de Paris, Charles Garnier conçut également le Casino/Opéra de Monte-Carlo, l’école de Bordighera en Ligurie (elle deviendra la mairie de la ville), quelques villas et hôtels particuliers, mais aussi plusieurs tombeaux (dont ceux de Georges Bizet, Jacques Offenbach, Victor Massé).
Les travaux du Palais Garnier s’étendirent sur près de quinze ans, ralentis par la guerre franco-prussienne de 1870 et par les difficultés liées au terrain marécageux. Le bâtiment fut finalement inauguré en 1875 sous la Troisième République.

Charles Garnier et son équipe lors de la conception du nouvel opéra de Paris (Louis-Émile Durandelle)
Inauguration du Palais Garnier (ENSBA/RMN-Grand Palais)

Le Palais Garnier, joyau du patrimoine architectural parisien

Le Palais Garnier impressionne par son style éclectique, mêlant baroque, classicisme et Renaissance. Apollon (dieu du soleil et de la lumière mais aussi des arts, de la beauté, de la musique, du chant, de la poésie) et sa lyre y sont représentés à maints endroits, à commencer par la célèbre sculpture d’ Aimé Millet qui orne la toiture de l’opéra. 

Apollon – © Jean-Pierre Delagarde / OnP
Bassin de la Pythie – © Jean-Pierre Delagarde / OnP

L’hommage de l’Opéra à Apollon justifie également la présence, au sortir de la rotonde des abonnés, d’une représentation de la Pythie de Delphes (sculpture ), devineresse qui officiait précisément dans le sanctuaire d’Apollon. Cette sculpture est signée « Marcello », nom d’artistise de la sculptrice Adèle d’Affry, duchesse de Castiglione.

 Autre personnage mythologique plusieurs fois représenté (trois fois sauf erreur : sur une mosaïque de l’avant foyer et dans deux peintures du foyer) : Orphée, chantre de la poésie lyrique dont la légende fournit la trame de deux des premiers opéras qui nous soient parvenus (l’Euridice de Peri et l’Orfeo de Monteverdi).

© D.R.

Marbres polychromes, dorures, sculptures et fresques participent à une mise en scène spectaculaire, pensée comme un véritable « théâtre de la société ». Le célèbre grand escalier et le plafond de la salle, peint en 1964 par Marc Chagall, comptent parmi ses éléments les plus remarquables – de même que le foyer, célèbre pour ses lustres et les peintures de Paul Baudry qui ornent son plafond.

Garnier – Le grand escalier – © Christian Leiber / OnP
Le plafond de Marc Chagall – © Jean-Pierre Delagarde / OnP
Le foyer du Palais Garnier – © Jean-Pierre Delagarde / OnP

Classé monument historique depuis 1923, le Palais Garnier attire quelque 480 000 visiteurs chaque année. Il est l’un des monuments les plus visités de la capitale française.

Quelques grandes dates dans l’histoire du Palais Garnier

  • 5 janvier 1875 : inauguration de l’Opéra Garnier.
  • 16 mars 1894 : création de Thaïs de Jules Massenet.
  • 19 décembre 1958 : débuts de Maria Callas à l’Opéra de Paris.
  • 22 mai 1964 : Callas chante Norma

https://youtu.be/Ahu5pybN4yw

  • 19 février 1965 : Callas chante Tosca
  • 1er mars 1973 : après Versailles, le Palais Garnier propose Le nozze di Figaro dans la mise en scène de Giorgio Strehler. À l’affiche : José van Dam, Mirella Freni, Gundula Janowitz, Federica von Stade, Gabriel Bacquier ! Ce spectacle inaugure le mandat de Rolf Liebermann à la tête de l’Opéra de Paris.
  • 28 octobre 1974 : première de la nouvelle production des Contes d’Hoffmann par Patrice Chéreau.
  • 24 février 1979 : création mondiale de la version en 3 actes de Lulu d’Alban Berg (Chéreau/Boulez).
  • 1983-1985 : direction de Massimo Bogiankino, sous le mandat duquel seront enfin redonnés à l’Opéra de Paris plusieurs titres qui avaient fait la gloire de l’institution au siècle précédent : Le Siège de Corinthe, Moïse et Pharaon, Jérusalem, Robert le Diable…
  • 28 novembre 1983 : création de Saint-François d’Assise d’Olivier Messiaen.
  • 8 juin 1987 : les adieux de Joan Sutherland à l’Opéra de Paris.

FICHE TECHNIQUE 

Architecte : Charles Garnier

Date d’inauguration : 5 janvier 1875

Spectacle d’ouverture : concert et ballet (l’ouverture de « La Muette de Portici d’Auber » ; les deux premiers actes de « La Juive » d’Halévy ;  
l’ouverture de « Guillaume Tell » de Rossini ; la scène de La Bénédiction des poignards des « Huguenots » Meyerbeer ; « La Source », ballet de Léo Delibes.

Nombre de places : 1979

Adresse : Place de l’Opéra 75009 Paris

Site web du théâtre : cliquez ici !

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