Ça s’est passé il y a 100 ans : disparition du baryton Jean Noté

Né à Tournai le 6 mai 1858, le baryton belge Jean Noté s’éteignait à Bruxelles il y a tout juste 100 ans, le 1er avril 1922.

Destin étonnant que celui de Jean Noté, que rien, a priori, ne destinait au chant classique : issu d’un milieu extrêmement modeste, il quitte l’école à dix ans pour entrer dans l’atelier de bonneterie Wattiez, à Tournai. Il devient par la suite tambour de la garde civique, accrocheur de wagons aux Chemins de fer puis intègre le 2e régiment d’artillerie à Malines, déserte, passe la frontière et travaille en France aux Tramways et à l’établissement du gaz, retourne en Belgique et réintègre l’armée après quelques jours de prison militaire. Un Officier le remarque alors qu’il chante lors de concerts organisés par ses camarades de régiment : il s’inscrit alors au Conservatoire royal de musique de Gand, avec la permission de son chef de Corps.

Jean Noté, qui en fait avait toujours aimé chanter en tant qu’amateur, se fait rapidement remarquer par la beauté de sa voix. Il sort du Conservatoire en 1884 avec les premiers prix de chant et déclamation lyrique, et est engagé dès l’année suivant à l’Opéra de Lille où il chante Lucia di Lammermoor et Hérodiade. Il est engagé au Théâtre royal d’Anvers où il se produit de 1887 à 1889, mais c’est en devenant pensionnaire de l’Opéra de Lyon que sa carrière prend un bel essor : il y chante dans EsclarmondeLohengrin ou Tannhäuser, qu’on joue pour la première fois en France. À Marseille, les triomphes qu’il remporte dans Guillaume Tell et L’Africaine attirent l’attention des directeurs de l’Académie nationale de musique de Paris…

Il fait ses débuts à l’Opéra dans Rigoletto en 1893, et se produira dès lors très régulièrement sur les planches de la première scène française. Il y chantera notamment le rôle d’Hermann dans la très oubliée Cloche du Rhin de Samuel Rousseau en 1898, Nélusko dans L’Africaine en 1902, Alberich dans la première française de Siegfried (le 3 janvier 1902, aux côtés de Jean de Reszke dans le rôle-titre), de nouveau le rôle-titre de Rigoletto (toujours en 1902), Alphonse de La Favorite en 1904, Le Grand-Prêtre de Samson et Dalila en 1905, Amonasro dans Aida en 1907, et Guillaume Tell deux ans avant sa mort en 1920.

Jean Noté possédait une voix solide, à la projection facile, d’une couleur étonnamment claire par rapport à celle de la plupart des barytons actuels. Il possédait par ailleurs, comme souvent à l’époque, une diction d’une remarquable clarté.

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Carmen, air d’Escamillo (1904)