17 mai : Journée internationale contre l’homophobie

Jusqu’en 1982, aimer une femme quand on est une femme ou un homme quand on est un homme était considéré comme un crime en France, et il a fallu attendre le XXIe siècle pour qu’un pays européen reconnaisse à deux êtres de même sexe le droit de s’épouser (ce sont les Pays-Bas qui, les premiers, ont accordé ce droit en 2001) : on ne sera donc guère surpris de constater que l’homosexualité est restée complètement absente des livrets d’opéras jusqu’à une date récente. Bien sûr il y eut des couples ambigus d’amis unis par des liens tellement forts qu’ils peuvent s’apparenter à des liens amoureux – Oreste et Pylade, Don Carlos et Posa, Kurwenal et Tristan), mais il faut attendre Britten (Billy Budd, 1951) ou  Tippett (King Priam, 1962) pour que « l’amour qui n’ose pas dire son nom » sorte enfin du placard. Depuis, plusieurs opéras ont ouvertement intégré à leurs livrets des personnages homosexuels : Harvey Milk de Steven Wallace (1995), Brokeback Mountain de Charles Wuorinen en 2014, Claude de Thierry Escache en 2013 ou encore Edward II de Scartazzini en 2017.

En cette journée de lutte contre l’homophobie, écoutons le chant d’Oreste et Pylade dans l’Iphigénie en Tauride de Gluck, deux héros dont rien ne dit qu’ils étaient homosexuels, mais dont l’amitié est si puissante et inconditionnelle qu’elle les conduit à interpréter un véritable chant d’amour dans lequel les deux hommes font assaut de générosité, chacun suppliant l’autre de le laisser mourir à sa place.  

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« Ô moment trop heureux » par Jean-François Lapointe et Yann Beuron