Livre – Dictionnaire amoureux de la Radio

Deux Dictionnaire amoureux consacrés à la radio sont donc parus en quelques mois. Le second est celui que j’ai chroniqué fin décembre ici-même[1]. Le premier édité fut donc celui-ci, abécédaire faisant appel à une autre logique puisque parlant de la radio en générale (État, Liberté, Animateur…), de ses pratiques (Interview, Direct, Flash…), moyens de fabrication (Direct, Montage, Studio, Reportage, Podcast…) et de diffusion (Émetteur, Micro, Multiplex, Numérique, DAB…).

Mais ici, il ne s’agit pas d’un seul et unique auteur. De multiples contributeurs, logiquement liés au monde radiophonique, plus ou moins célèbres (Philippe Labro, Jean-Noël Jeanneney…), développent une entrée avec des choix plus ou moins bienvenus. Si une place est faite à l’Imprévu comme à l’Auditeur, s’il y a un article Météo, Sport ou Programmation, si des lieux qui ont compté sont bien évoqués (les rues Bayard, François 1er, Iéna…), on relève de nombreuses zones non desservies.

De façon surprenante, ne cherchez pas Ondes (petites ou grandes ondes), ni Modulation de fréquence. Aucune entrée Orchestre ou Musique, juste une surprenante occurence Quatuor que l’on doit à Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la santé, puis de l’écologie, puis de la culture, puis animatrice radio aux Grosses têtes. On peut difficilement faire plus énigmatique et égotique : aucun rapport avec la musique. Seule explication : « Tout bien réfléchit, il fallait bien un Q à ce dictionnaire»…

Ce Dictionnaire amoureux est avant tout celui d’une radio parlée. Car s’il y a le Talk, l’Histoire, la Rêverie ou l’Intellectuel, rien – ou si peu – sur la Musique, occupant pourtant, depuis les origines, une place essentielle dans ce média d’intimité. C’est Jean-Michel Jarre, le seul musicien convoqué (« nous, les musiciens »…), qui dans son article Innovation parle de Karlheinz Stockhausen et Pierre Henry, cite Pierre Schaeffer et Kraftwerk. C’est peu. Ici où là, quelques rares noms apparaissent, de Charles Trenet à David Guetta grâce à une entrée D.J. Bizarrement, c’est à l’entrée Théâtre que l’on évoque l’opéra : le théâtrophone, l’ancêtre de la radio, débuta sa première transmission avec Le tribut de Zamora de Charles Gounod.

Reste la Voix, choisie par Patrick Cohen, évoquant le mythique Jean Toscane, Macha Béranger et Gérard Klein, Pierre Bouteiller ou Jacques Chancel et Philippe Gildas. Nous serions à de lieux de la musique s’il ne citait Victor Hugo : « Quand on entend les voix qu’on aime, on n’a pas besoin de comprendre les mots qu’elles disent. » Car là est bien le secret et le mystère qui nous rendent amoureux de la radio : la voix qui nous arrive par le truchement du micro est une petite musique en soi (voir l’article Solitude), parfois même un chant.

Dictionnaire amoureux de la Radio, sous la direction de Frank Lanoux – Editions Plon – 2023

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[1] Voir : https://www.premiereloge-opera.com/mediatheque/livres/2023/12/29/livre-bernard-thomasson-dictionnaire-amoureux-de-la-radio-et-de-la-musique-critique/