Un Verdi à ne pas mettre en toutes les oreilles

ERDI : C’est si beau de rire

Les éditions L’Orma proposent un petit recueil de lettres de Verdi qui brisent l’image du musicien sérieux et austère qui nous est familière !

Certes, en son temps, Verdi put offenser les plus bien-pensants de ses contemporains, en dépeignant avec compassion les souffrances d’une femme entretenue, mais de là à se l’imaginer en polisson adepte de la gauloiserie, il y a un pas que nous fait franchir un petit livre publié publié aux éditions L’Orma. Dans une série de volumes consacrés à la correspondance de personnages célèbres (uniquement gens de lettres jusqu’ici), est apparu ce mois de novembre un ouvrage consacré à Giuseppe Verdi, une sélection d’une vingtaine de lettres allant de 1836 à 1877, ce qui laisse de côté le dernier quart de siècle qu’a vécu le compositeur. Néanmoins, la première partie de l’ouvrage a vocation à retracer une carrière dans ses grandes lignes, du jeune homme qui aspire à quitter Busseto jusqu’à la célébrité fêtée dans toute l’Europe. Quelques illustrations témoignent de cette gloire, notamment le billet de mille lires à l’effigie du maître. Mais la seconde moitié de ces quelque soixante pages petit format justifie le titre du livre, Verdi, c’est si beau de rire. Et l’on découvre la relation qui unissait Verdi à Francesco Maria Piave, son librettiste pour dix opéras dont certains de ses meilleurs. En 1845, il l’appelle « gros lard » (ludro dans la version originale). L’année suivante, le ton monte d’un cran : « Sa Majesté le Roi des cons » est prié de se hâter de rédiger le livret de Macbeth, et Verdi d’annocer que s’il ne trouve aucune chanteuse qui lui convienne, « je te ferai couper les couilles, Sieur Ducon, et c’est toi qui feras Lady Macbeth ». Mais qu’on se rassure, Verdi était lucide son propre cas : « moi, quand je fais des conneries, elles sont toujours grosses »… Une première approche en attendant que la correspondance de Verdi soit davantage traduite en français qu’elle ne l’a été jusqu’ici (sauf erreur, il n’y a rien eu depuis le volume paru en 1984 chez Lattès).

Verdi, c’est si beau de rire. Lettres d’un génie compris.  Lettres choisies et présentées par Eusebio Trabucchi. Traduit de l’italien par Margaux Bricler. Editions L’Orma, novembre 2020, 7,95 euros