CD – « Au bord de l’eau » (Fleur Mino, Jérôme Brajtman)

Les artistes

Fleur Mino, soprano

Jérôme Brajtman, guitare

Le programme

Au bord de l’eau

Mélodies et chansons de Michel Legrand, Hubert Giraud, Serge Lama, Kurt Weill, Claude Debussy, Gabriel Fauré, Guy Béart, Eddy Marnay, Henry Mancini, Antonin Dvorak, Francis Poulenc. Poésies de Valéry larbaud.

1 CD KLARTHE, décembre 2023.

Voilà un CD qui ravira celles et ceux qui aiment abolir les frontières entre les genres et considèrent que poésie et musique (tous les genre de musiques !) ne font qu’un ! Autour du thème de la nature – et plus spécifiquement encore de l’eau –, le programme proposé donne à entendre un air d’opéra (l’hymne à la Lune de Rusalka), des mélodies dites « classiques » (Debussy, Fauré, Poulenc, Weill), des chansons issues de la variété française (Béart, Legrand, Lama), de musiques de films (« Moon river », que chantait Audrey Hepburn dans le film de Blake Edwards  Diamants sur canapé) ou du répertoire populaire traditionnel (le folklore auvergnat, avec « L’aïo dè rotso té foro mourir » que Canteloube inclura dans ses Chants d’Auvergne), ainsi que deux poésies de Valéry Larbaud.  On est ainsi très heureux de redécouvrir certains standards bien connus mais qu’on n’entend plus guère aujourd’hui (la « Ballade irlandaise » d’Eddy Marnay, ou la délicieuse « Tendresse » d’Hubert Giraud, toutes deux immortalisées en son temps par Bourvil), ou d’autres pages qui nous sont plus familières mais que l’on redécouvre dans l’adaptation pour chant et guitare que nous proposent Fleur Mino et Jérôme Brajtman. Deux artistes qui étaient « la femme et l’homme de la situation » pour ce projet situé à la croisée des langages et des esthétiques. Tous deux ont en effet suivi une formation académique, tout en s’ouvrant rapidement aux styles les plus variés : musiques classiques occidentales, indiennes, américaines et jazz pour le guitariste ; opéra, opérette, comédie musicale, chanson pour Fleur Mino qui outre ses passages au Conservatoire à rayonnement régional de Lyon et au Conservatoire à rayonnement régional de Paris, s’est également formée à l’Académie internationale de Comédie musicale de Paris. Le timbre clair de la soprano lui permet de ne pas surarticuler et de conserver fraîcheur et spontanéité dans sa façon de dire les textes, toujours parfaitement compréhensibles – une qualité essentielle dans les pages retenues où la complémentarité des paroles et de la musique est essentielle. Elle passe avec aisance d’un style à l’autre, évitant à juste titre les envolées trop lyriques qui seraient ici déplacées, même dans Rusalka, dans la mesure où l’orchestre fait place à une simple guitare dont les accords raffinés et délicats se marient au mieux au timbre de la chanteuse.

Un disque attachant, qui montre, après d’autres tentatives (signées notamment Natalie Dessay ou Anne Sofie von Otter), que la frontière est plus ténue qu’on ne le pense parfois entre la mélodie et la chanson, et souligne le lien de filiation existant entre des répertoires qu’on a sans doute tort de « compartimenter » trop hermétiquement.

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Guy Béart, L’eau vive, par Fleur Mino et Jérôme Brajtman