Édito juillet/août 20 – « J’ai rêvé que… »

En mai dernier, les rédacteurs et rédactrices de Première Loge se remémoraient avec beaucoup de nostalgie quantité de souvenirs ayant marqué leur vie de spectateurs et spectatrices. Aujourd’hui, même si  l’avenir est encore incertain, nous avons choisi d’être résolument optimistes et de nous projeter dans l’avenir, fût-il rêvé !  Voici comment nous imaginons le monde (lyrique) d’après…  

 

J’ai rêvé que les maisons d’opéra réinventaient le système de production avec troupe de solistes à demeure en sus de leurs orchestre et chœur.

L’orchestre de l’Opéra en 1916

J’ai rêvé que les maisons d’opéra réinventaient le système de production avec troupe de solistes à demeure en sus de leurs orchestre et chœur.

J’ai rêvé que nos dirigeants avaient saisi non seulement les enjeux économiques de l’activité artistique, mais aussi et surtout l’importance vitale de l’art dans notre quotidien.

 

 

 

J’ai rêvé que de nouveaux Jeux Olympiques étaient organisés, qui demandaient non seulement aux sportifs mais aussi aux artistes de donner le meilleur d’eux-mêmes.

J’ai rêvé que nos responsables politiques décidaient de faire passer l’humanisme, la culture et l’éducation avant l’économie.

J’ai rêvé que les spectacles donnés en province tournaient plus facilement et plus fréquemment en régions.

J’ai rêvé que les spectateurs pour lesquels une présence à l’Opéra ne constitue qu’un acte social libéraient leurs places au profit des vrais mélomanes…

J’ai rêvé que la crise sanitaire avait infléchi les politiques culturelles vers des productions ou mutualisations solidaires, à l’instar de la relocalisation des ressources vitales.

 

J’ai rêvé que la mode consistant à mettre, sur les affiches, une illustration sans aucun rapport avec l’œuvre donnée avait cessé.


J’ai rêvé qu’avant les spectacles, on demandait non seulement aux spectateurs d’éteindre leur portable, mais aussi de ne pas tousser  – ou à tout le moins de tousser discrètement.

J’ai rêvé qu’on avait enfin supprimé le glas sinistre annonçant la fin des entractes à l’Opéra Bastille.

J’ai rêvé que les théâtres de Paris et de Province redonnaient vie enfin
aux troupes lyriques en France !

Je rêve de retrouvailles insolites avec le chant dans les dispositifs actuels de théâtre. Autour des instrumentistes et artistes sur scène, le public tirerait au sort l’une des thérapies proposées : la déclaration d’amour, la lettre amoureuse, le travestissement masqué, la célébration épicurienne, etc.

J’ai (vraiment) rêvé que Pénélope Bagieu et la metteuse en scène Zabou Breitman concoctaient un théâtre musical dédicacé aux « Culottées » du XXIe siècle : chaque actrice-chanteuse y imprime son style dans un joyeux collage au parcours ouvert !

J’ai rêvé que l’on organisait enfin à Bastille une « sortie des artistes » digne de ce nom permettant de venir saluer nos chanteurs préférés autrement qu’entre un portique de sécurité et  des barrières sinistres…

J’ai rêvé que les spectateurs cessaient de huer mais se contentaient de ne pas applaudir lorsqu’un spectacle ne leur plaisait pas.