Robert Badinter : mort d’un humaniste, librettiste et féru d’opéra

Robert Badinter, qui œuvra toute sa vie au service de causes justes et nobles, était aussi un passionné d’opéra, qu’il considérait comme « l’art dramatique supérieur », ou encore « l’expression la plus complète de l’art ». Ce « monomaniaque de la justice », comme il se définissait lui-même[i], rêvait d’écrire un livret d’opéra. Il lui fallait un sujet, qu’il trouva en relisant Hugo : Claude Gueux, brève nouvelle de 1834 dont le héros éponyme préfigure Jean Valjean.

De cette lecture naîtra Claude, livret d’un opéra dont la musique est signée Thierry Escaich, créé avec un très grand succès à l’Opéra de Lyon le 27 mars 2013. Spectacle mémorable, d’un humanisme poignant, dirigé musicalement par Jérémie Rhorer et servi par la mise en scène implacable d’Olivier Py et la scénographie de Pierre-André Weitz, érigeant la prison en une effroyable machine broyeuse d’hommes. Une captation, fort heureusement, a immortalisé l’événement (DVD Bel Air Classiques), mais une reprise scénique de cet opéra est plus que souhaitable. Pour que vive la mémoire de son librettiste – et celle de ses idéaux.

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[i] Ces « auto-citations » sont tirées de l’interview ci-dessous.

https://www.youtube.com/watch?v=17bDNX0ZokM