Bon anniversaire Jean-Baptiste ! (2/2)

Molière et les musiciens de comédies-ballets : une réjouissante musicothérapie ! (2/2)

Chaque 15 janvier, la Comédie-Française célèbre l’anniversaire du « patron ». L’année qui commémore les 400 ans de sa naissance (15 janvier 1622) s’avère particulièrement faste pour ses comédies-ballets. Spectacle total, chacune d’entre elles invente une manière de « coudre ensemble » les composantes de comédie, ballet et musique. Un ménage à trois plutôt opérant …

« Dans sa splendeur », de Marc-Antoine Charpentier à André Jolivet

Le Bourgeois gentilhomme, estampe – © Gallica / BnF

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J. B. Lully / Molière, Monsieur de Pourceaugnac au Théâtre des Bouffes du Nord (2016)

Les compositeurs collaborant avec Molière ont marqué la comédie-ballet de leur griffe. Si les deux Jean-Baptiste – J.-B. Poquelin et J.-B. Lully – ont brillé dans les intermèdes de L’Amour médecin, de Monsieur de Pourceaugnac ou du Bourgeois gentilhomme (1670), leur relation orageuse s’est soldée par un arrêt de coopération. Prenant le relais, le jeune M.-A. Charpentier n’est pas en reste, de retour d’un fructueux séjour en Italie. Sa contribution initiale au Mariage forcé (1672) ouvre le champ à des collaborations diverses. La plus connue, celle du Malade imaginaire (1673), se rapproche du savoir-faire des Comédiens Italiens par ses ruptures de forme et de ton. Le fameux intermède de Polichinelle sonne très commedia dell’arte dans cette ultime œuvre du dramaturge. L’enregistrement des Arts Florissants ne s’y trompe pas, restituant le vœu du compositeur de conférer « sa splendeur » au Malade imaginaire. Un projet que le chef William Christie éclaire dans son interview accordée à Judith le Blanc sur le site du CMBV.

Leurs successeurs ont emprunté des voix diverses. Au XIXe siècle, les comédies-ballets sont dépossédées de leurs divertissements lors des représentations. De ce fait, l’opéra-comique s’empare d’une part du tribut pour le revisiter avec une euphorie chantante. Charles Gounod signe Le Médecin malgré lui, adapté par les librettistes J. Barbier et M. Carré (Théâtre-Lyrique, 1858). « Qu’ils sont doux ces glouglous », couplets de l’ivrogne Sganarelle, assurent un succès pérenne aux barytons. En 1880, Ferdinand Poise crée L’Amour médecin (Opéra-Comique) dont plusieurs divertissements dansés pastichent le style lulliste (Opéra-Comque). Quoi de plus irrésistible que la caricature des médecins lors de la consultation ? L’ensemble vocal de chacun des deux opéras est réjouissant (sextuor du 2e acte du Médecin malgré lui, quintette du 2e acte de L’Amour médecin). Les metteurs en scène actuels s’en saisissent d’ailleurs avec truculence, alors que les enregistrements se font hélas attendre …

Le Médecin malgré lui, mise en scène de Laurent Pelly au Théâtre de Genève (2016)

Au XXe siècle, l’esthétique divertissante et l’hybridation de la comédie-ballet sont en partie transférées vers le ballet, plus tard, vers la comédie musicale. Commande des Ballets Russes, Les Fâcheux de Georges Auric sont créés en 1924 à Monte Carlo dans une chorégraphie de Bronislava Nijinska, décors et costumes de Georges Braque.

L’Amour médecin de F. Poise et C. Monselet (1880). Affiche de l’Opéra-Comique (Bibliothèque-Musée de l’Opéra de Paris)

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Georges Auric, Les Fâcheux, par le Deutsche Radio Philharmonie Saarbrücke

Cependant, la Comédie-Française continue de commander des musiques contemporaines pour actualiser l’éclat des comédies-ballets : à Manuel Rosenthal pour L’Amour médecin (1939), André Jolivet pour Les Amants magnifiques (1954), Marc-Olivier Dupin pour Le Bourgeois gentilhomme (2001). Sous d’autres cieux et d’autres langues, Molière demeure inspirant. Wolf-Ferrari imagine un burlesque Amore medico (1913). Après-guerre, Rolf Liebermann transpose L’Ecole des femmes en Die Schule der Frauen (1957) via l’adaptation de H. Strobel, au festival de Salzburg.

Dans notre présent malmené, testons la musicothérapie en compagnie de Molière et de ses complices :

Sans nous tous les hommes 
Deviendraient malsains,
Et c’est nous qui sommes
Leurs grands médecins.

La Comédie, Le Ballet et La Musique au final de L’Amour médecin

Pour aller plus loin …