Michael Spyres et Mathieu Pordoy nous convient dans le Salon musical de Rossini…

Ce lundi 31 janvier Michael Spyres, accompagné du pianiste Mathieu Pordoy, donnait un récital de mélodies et de pièces pour piano de Rossini à l’Athénée (Théâtre Louis Jouvet).

Avant que le concert ne commence, Michael Spyres nous explique que nous n’entendrons pas d’extraits d’opéras, mais des mélodies et de la musique de chambre – notamment des pièces de vieillesse ou pièces pour piano, dans lesquelles Rossini laisserait entendre des accents plus intimes et plus personnels. Ce programme, construit comme un pied de nez aux détracteurs contemporains de Rossini qui persiflaient ses célèbres crescendi, est construit comme un Crescendo inversé : de la maturité vers la jeunesse, de l’ombre vers la lumière, de la gravité vers la légèreté. Même si en soi le programme n’est pas une totale découverte (Maxim Mironov a gravé récemment un très bel album au programme très proche, chroniqué ici par Stéphane Lelièvre), les œuvres écoutées ce soir sont suffisamment rares pour justifier une saine curiosité.

De fait, on découvre ou redécouvre un Rossini moins familier, dans un répertoire constitué de petits bijoux, tels le rare L’ultimo ricordo, de pièces intimistes et en demi-teintes, voire quelque peu inquiètes, la soirée s’ouvrant progressivement vers des œuvres plus sereines, qui sont en même temps de vrais tubes : La Danza, bien sûr, ou, en bis, la Canzonetta spagnuola.

Mathieu Pordoy @tatyanaVlasova

Michael Spyres est, ce soir, dans une forme vocale superlative, avec un timbre d’une qualité égale sur toute la tessiture, un legato souverain, un sens des nuances accompli et un français quasi parfait. Sa complicité avec un Mathieu Pordoy élégant et poétique au possible est totale, et c’est un bonheur que de voir et d’écouter ces deux musiciens dialoguer entre eux et avec le public pendant cette grande heure de musique rossinienne.

Le concert se déroule dans une ambiance des plus sympathiques, qui résulte de la personnalité de Michael Spyres et de Mathieu Pordoy, de l’accueil d’un public conquis, des bis généreux qui terminent le concert, des dimensions du lieu également : le magnifique cadre du théâtre de l’Athénée constitue un écrin parfait pour un récital chant – piano, donnant presque l’impression d’un concert privé, pour famille et amis. La soirée se termine par un échange informel entre la salle et le duo d’artistes, qui évoque ses projets (le duo devrait avoir bientôt d’autres occasions de se reformer : ne les manquez pas !), suivi d’une séance de dédicaces.

Les artistes
Michael Spyres, ténor   
Mathieu Pordoy, piano Production : Le Balcon
Coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet

Avec le soutien de la Karolina Blaberg Stiftung

Le programme

Rossini
1. L’âme délaissée
2. Élégie (« Adieux à la vie ») sur une seule note
3. Roméo
4. Un rien pour Piano (N11 en Ré b Maj)
5. Élégie « Au chevet d’un mourant »
6. L’ultimo Ricordo
7. L’Esule
8. Un rien pour piano (N21 en Fa # min)
9. Le Lazzarone
10. L’Invito
11. Nizza
12. Barcarole pour piano
13. L’Orgia
14. La Danza
15. Addio ai Viennesi

Bis : Ariette à l’ancienne (« Que le jour me dure… »), Belta crudele, Canzonetta spagnuola

Athénée – Théâtre Louis Jouvet, Paris
Récital du lundi 31 janvier 2022, 20h