Lauréates du Concours de chant de Nîmes sur la scène de Montpellier

Dans l’écrin de la salle Molière de l’Opéra-Comédie de Montpellier, Emy Pegliasco-Gazeilles et Marilou Rolland, lauréates du Concours international des jeunes chanteurs de Nîmes 2021, ont brillé devant une centaine de spectateurs.trices conquis.es. Au gré d’airs et duos d’opéra du XIXe siècle, mais aussi de mélodies orientalisantes, leur parcours mis en espace évoque le voyage en Orient-Express.

Elles ne sont pas « sœurs jumelles », bien que leur bis de Michel Legrand (Les Demoiselles de Rochefort) dévoile leur complicité ! Celle-ci s’est déjà affirmé dans le duo de la pension de La Fille de Madame Angot (C. Lecocq) ou dans celui incontournable de Lakmé et Malika (Léo Delibes). L’une est soprano coloratura, Emy Pegliasco-Gazeilles, jeune avignonnaise lauréate du Concours de Nîmes, mais aussi du Concours des symphonies d’automne de Mâcon.

L’autre est soprano, Marilou Rolland, issue de la structure montpelliéraine Opera Junior, également lauréate de ce Concours. Sa 9e édition s’est déroulée en septembre 2021 sous l’égide de l’association nîmoise Arioso.

Emy Pegliasco-Gazeilles

Marilou Rolland

Le savoir-faire des jeunes chanteuses est indéniablement structuré, leur expérience de la scène devrait suivre avec de futurs engagements. Le jeu scénique et les dialogues parlés sont en effet  à peaufiner : l’élocution et la projection (surtout pour Emy Pegliasco) manquent de clarté et de naturel pour incarner deux pensionnaires en goguette (Marie et Louise de l’opérette Les Mousquetaires au couvent), valise à la main. Il est vrai que la mise en espace et en dialogue, même succincte, pêche par ses répliques conventionnelles tournant le dos à l’audace juvénile.

Néanmoins, pour la soprano colorature, le tempérament enjoué et la précision des arpèges aigus sont des atouts appréciés : le redoutable « Je suis Titania la blonde » de Mignon (Ambroise Thomas) et les impertinences de Thérèse, femme à barbe des Mamelles de Tirésias ( Francis Poulenc) en témoignent avec bravoure. La barcarolle de Donizetti (Il Barcajuola ) n’est en revanche ni belcantiste ni colorée par des variations de timbre.

Chez la soprano Marilou Rolland, la personnalité et la musicalité se perçoivent d’emblée. D’autant que la jeune artiste s’adapte tant au registre espiègle de l’opérette (l’air « Curieuse » des Mousquetaires au couvent ) qu’à celui lyrique des amoureuses émouvantes, telle Salomé dans « Il est bon, il est doux » d’ Hérodiade (J. Massenet). Plus surprenant, la couleur chatoyante, voire capiteuse de son médium – l’air de Salud de La Vida breve (de Falla) ou la mélodie ravélienne de Shéhérazade – incitent à entrevoir une mezzo-soprano potentielle (avec des aigus larges, tant mieux …). Le contrepoint au timbre fruité du duo des fleurs de Lakmé conforte cette hypothèse.

Sur le plateau, la pianiste Anne Pagès-Boisset accompagne avec sûreté les jeunes chanteuses, après les avoir accueillies sur le quai de l’Orient-Express.

Soucieux des missions d’un Opéra national, Montpellier démontre son intérêt pour la jeune génération. Après cette invitation accordée aux finalistes du Concours de Nîmes, le public découvrira celles et ceux de l’Académie Jaroussky (15 décembre 2021), du Concours international de la mélodie de Gordes (14 février 2022).

Les artistes

Emy Pegliasco-Gazeilles, Marilou Rolland, sopranos
Anne Pagès-Boisset, pianiste

Le programme

Airs ou duos extraits de La Fille de Madame Angot de C. Lecocq, Les Mousquetaires au couvent de L. Varney, Mignon d’A. Thomas, de La Vida breve de M. de Falla, Le Nozze di Figaro de W.A. Mozart, Les Mamelles de Tirésias de F. Poulenc, Hérodiade de J. Massenet, Lakmé de L. Delibes.

Mélodies El Desdichado de C. Saint-Saëns, Vocalise-étude, La Flûte enchantée de M. Ravel, Adieux de l’hôtesse arabe de G. Bizet, L’île inconnue d’H. Berlioz, Les Roses d’Ispahan de G. Fauré, Il Barcajuola de G. Donizetti. Lied Myrthen de R. Schumann.

Concert du 1er décembre 2021 , Opéra-Comédie de Montpellier.