KEVIN AMIEL, KARINE DESHAYES et CHIARA SKERATH clôturent la saison 2019/2020 des Instants Lyriques… et célèbrent la réouverture de l’Éléphant Paname !

C’est à un Instant Lyrique très particulier que nous a conviés l’Éléphant Paname en cette soirée du 29 juin, puisqu’il s’agissait du dernier concert de la saison, après une interruption qui nous a privés de récitals très attendus, notamment ceux de  Rachel Willis-Sorensen et Michael Spyres. Au cours de cette soirée se sont produits le ténor Kevin Amiel accompagné par le pianiste Yvan Cassar et le violoncelliste Christian Pierre La Marca, ainsi que Karine Deshayes et Chiara Skerath, accompagnées par Antoine Palloc.

Le timbre solaire de Kevin Amiel, très clair, sa voix naturellement haut placée, la facilité de ses aigus constituent d’indéniables atouts et ont aisément conquis le public (le vibrato, un peu prononcé dans le grave et le médium, reste globalement sous contrôle). Ce type de voix est en revanche un terrain propice à certains débordements expressifs (accents appuyés, effets surlignés, sanglots ad libitum,…) que le jeune chanteur a le bon goût d’éviter, préférant, y compris dans les chansons napolitaines, la sobriété et l’émotion contenue aux effets racoleurs – ce dont nous lui savons gré ! La carrière de ce jeune ténor semble en tout cas prendre un bel essor : nous serons heureux de le retrouver l’an prochain notamment en Nadir des Pêcheurs de perles à Saint-Étienne, en Alfredo de La Traviata à  Bordeaux, ou encore en Lenski à Massy. L’accompagnement d’Yvan Cassar et de Christian Pierre La Marca, à l’image du chant de Kevin Amiel, a privilégié la sobriété et la tendresse au « tape-à-l’oreille » (merveilleuse introduction au violoncelle de l’air de Nemorino ou de Core ’ngrato…)

En seconde partie, Karine Deshayes et Chiara Skerath, accompagnées par le toujours impeccable Antoine Palloc, ont proposé un programme extrêmement varié, séduisant et original, mêlant des pages de Mendelssohn, Chausson, Mozart, Puccini, Donizetti, Straus, Offenbach et Humperdinck. Les timbres chauds et veloutés des chanteuses se marient remarquablement bien dans les duos (F. Mendelssohn : « Ich wollt, meine Lieb ergösse sich »,  « Abschiedslied der Zugvögel », la prière d’Hansel und Gretel de Humperdinck, la Barcarolle des Contes d’Hoffmann,…). Karine Deshayes a fait valoir ses habituelles qualités de musicienne et de diseuse, notamment dans Le Colibri de Chausson. Son interprétation du touchant « All’ afflitto » de Roberto Devereux pleine de pureté et de tendresse fut particulièrement appréciée. Merci enfin de nous avoir proposé le trop rarement entendu  « C’est l’Espagne… » des Bavards d’Offenbach, impeccable de tenue, de verve, d’humour dénué de vulgarité. Irrésistible !

Chiara Skerath, quant à elle, a séduit le public par son timbre chaud, la pureté de son style, sa diction impeccable, sa sensibilité frémissante. Une artiste à suivre absolument, qu’on avait déjà beaucoup appréciée en Ännchen du Freischütz au Théâtre des Champs-Élysées la saison passée et dont on ne manquera pas les prochaines apparitions (elle sera entre autres Ilione dans Idomenée de Campra à Lille, Servilla dans La Clémence de Titus à Rouen ou encore Megacle dans L’Olimpiade au Théâtre des Champs- Élysées).

Une soirée qui nous rend très impatients de retrouver, à la rentrée, le dôme étoilé de l’Éléphant Paname pour de nouveaux Instants Lyriques !

Les artistes

Kévin Amiel   ténor
Chiara Skerath   soprano
Karine Deshayes   mezzo-soprano

Yvan Cassar   piano
Christian-Pierre La Marca   violoncelle
Antoine Palloc   piano

Le programme

G. Verdi : Rigoletto « La donna e mobile… »
G. Donizetti : L’Elisir d’amore « Una furtiva lagrima... » 
N. Paganini : Variations sur un thème de Rossini
R. Sacco : Ti voglio bene assai 
E. Curtis:  Torna a surriento 
F. Cilea : L’Arlesiana « E la solita storia… »
F. Mendelssohn : « Ich wollt, meine Lieb ergösse sich »« Abschiedslied der Zugvögel »
E. Chausson : Le colibri 
R. Hahn :  A Chloris 
W.A Mozart : Le nozze di Figaro, « Via resti servita… »
G. Puccini : Gianni Schicchi, « O mio babbino caro… »
G. Donizetti : Roberto Devereux, « All’ afflitto »
O. Straus : « L’amour ne connaît pas de loi »
J. Offenbach : Les Bavards, « C’est l’Espagne… »
E. Humperdinck : Hansel und Gretel, Prière