Florence : un Macbeth musicalement captivant au Teatro del Maggio Musicale

Macbeth (Verdi), Teatro del Maggio Musicale Fiorentino
Le chef d’orchestre Alexander Soddy assure une synchronie parfaite entre la scène et la fosse, et une excellente performance des masses artistiques.
FLORENCE – La première de Macbeth de Verdi au Teatro del Maggio Musicale Fiorentino, le dimanche 12 octobre, a été un succès retentissant, grâce à une distribution de grande qualité et, surtout, à la direction du chef d’orchestre anglais Alexander Soddy, de retour à Florence après avoir ouvert avec succès le dernier Festival del Maggio Musicale Fiorentino avec Salomé de Strauss. Ceux qui l’ont apprécié en avril, l’apprécient encore plus dans cette production : ce n’est pas son premier Macbeth, même s’il le dirige pour la première fois en Italie, et on sent qu’il aime cet opéra et le connaît parfaitement. Sa direction précise et fluide assure une harmonie rare entre la scène et la fosse, ainsi qu’une excellente interprétation de l’Orchestre et du Chœur du Maggio Musicale Fiorentino ; la section féminine de ce dernier se distingue sur le plan du jeu, incarnant le grand groupe de sorcières, véritable moteur de l’action, notamment dans la version de 1865 vue et entendue dans cette production (malgré la disparition du protagoniste sur scène, tirée de la version de 1847).
En bref, un Macbeth très sombre sur scène, mais riche en couleurs à l’orchestre, musicalement très agréable ; le protagoniste, Luca Salsi, compte environ 150 représentations de cet opéra à son actif et sa vaste expérience (dans les plus grands théâtres du monde) est évidente. Vanessa Goikoetxea, quant à elle, fait ses débuts dans un opéra de Verdi : un choix surprenant que celui de commencer par le personnage de Lady Macbeth, qui nécessiterait une voix de soprano dramatique d’agilité ; Goikoetxea n’en est pas une, mais elle possède une belle voix de soprano lyrique, une solide préparation technique et une grande maîtrise de la scène : son art et son intelligence dramatique lui permettent de résoudre ce rôle difficile et de remporter un succès très vif.
La voix puissante et ciselée d’Antonio Poli dans le rôle de Macduff, qu’il a interprété pour la première fois il y a vingt ans à Rome dirigé par Riccardo Muti et toujours avec Luca Salsi, captive aussi le public. Salsi a également joué dans les deux précédents Macbeth produits par le Maggio Musicale Fiorentino au XXIe siècle : en 2013 au Teatro della Pergola (le théâtre de la première en 1847, dont la version fut choisie à cette occasion), dirigé par James Conlon, et au Teatro del Maggio, en forme de concert, en 2018, dirigé par Riccardo Muti dans la version 1865.
Il n’y a pas de points faibles dans le reste de la distribution, et les applaudissements nourris durant la représentation témoignent de l’appréciation du public pour la qualité de la prestation musicale.
La mise en scène de Mario Martone a suscité des réactions plus nuancées, certains spectateurs la critiquant ouvertement. La mise en scène présente des costumes et accessoires contemporains, mais elle reste essentiellement traditionnelle : en bref, les sorcières restent des sorcières et les rois restent des rois (et non des prostituées héroïnomanes et des gangsters, comme dans la production de Graham Vick de 2013, soit dit en passant). Certaines idées semblent très efficaces, comme celle consistant à résoudre la lecture de la lettre de Macbeth à sa femme, parfois difficile pour une soprano non native, grâce à un message vocal depuis un téléphone portable ; ou encore le fait d’isoler par un épais voile noir, à la fin de la scène où le meurtre du roi Duncan est découvert, le couple nouvellement régnant des courtisans : tandis que ceux-ci se désespèrent, Macbeth et sa Lady sont fous de joie, et ils commencent même à trinquer et à danser, tout en continuant d’invoquer la vengeance divine avec les autres.
Après l’ouverture jouée rideau (heureusement !) fermé (un magnifique rideau en bois peint – inspiré du Triomphe de la Mort de Palazzo Abatellis, à Palerme – par Mimmo Paladino, qui a également conçu les décors), le décor restera presque entièrement noir, avec peu d’éléments scéniques et d’inévitables projections. C’est certes un spectacle très sombre (volontairement sombre et lugubre : la maison de Macbeth, dans l’interprétation de Martone, reflète l’inconscient du couple, possédé par le mal, et le fond ne peut être que noir), mais globalement réussi. Malgré toute cette obscurité, l’habile utilisation de la lumière par Pasquale Mari, également responsable des vidéos, est néanmoins appréciable. Le lien avec l’actualité est inévitable : pendant Patria oppressa, les images d’une Gaza dévastée défilent et, à la fin du spectacle, des banderoles portant les slogans « Assez de guerres », « Assez de génocides » et « Assez de massacres » apparaissent sur l’avant-scène.
Seules trois représentations sont encore prévues : les mardi 14 et vendredi 17 octobre à 20h et le dimanche 19 octobre à 15h30.
Per leggere questo articolo nella sua versione originale in italiano, cliccare sulla bandiera!
Macbeth: Luca Salsi
Lady Macbeth: Vanessa Goikoetxea
Banco: Antonio Di Matteo
Macduff: Antonio Poli
Malcom: Lorenzo Martelli
Dama di Lady Macbeth: Elizaveta Shuvalova
Domestico di Macbeth: Egidio Massimo Naccarato
Medico: Huigang Liu
Sicario: Lisandro Guinis
Un araldo: Dielli Hoxha
Prima Apparizione: Nicolò Ayroldi
Seconda Apparizione: Aurora Spinelli
Terza Apparizione: Caterina Pacchi
Orchestre et chœur du Maggio Musicale Fiorentino, chef d’orchestre : Alexander Soddy, chef de choeur : Lorenzo Fratini
Mise en scène : Mario Martone
Décors: Mimmo Paladino – Barbara Bessi
Costumes : Ursula Patzak
Lumières et video: Pasquale Mari, video designer: Alessandro Papa
Choréographie : Raffaella Giordano
Danseurs: Enrico L’Abbate, Rosario Campisi, Chiara Casiraghi, Alice Consigli, Matilde Cortivo, Edoardo Groppler,Sandro Mabellini, Mariangela Massarelli, Mauro Milone, Domenico Nuovo, Francesco Pacelli, Federico Raffaelli, Sara Silli, Cinzia Sità, Dario Tamiazzo, Simone Ticci – Enfants : Gherardo Attori, Kai McMillan – Amazone à cheval : Michaela Ricci (Equus Primus Selleria SRL)
Macbeth
Melodramma en quatre actes de Giuseppe Verdi, livret de Francesco Maria Piave et Andrea Maffei d’après Shakespeare, créé au Teatro della Pergola de Florence le 14 mars 1847 (version révisée de Paris, Théâtre Lyrique, 19 avril 1865).
Teatro del Maggio Musicale Fiorentino, représentation du dimanche 12 octobre 2025