DERNIÈRE MOUVEMENTÉE POUR FALSTAFF À NICE : de la vertu des directeurs d’opéras… et de Sir John Falstaff en majesté

On savait que le métier de directeur de maison d’opéra, tout comme celui des équipes associées au choix d’une distribution, pouvait parfois relever d’un véritable casse-tête !

L’équipe de Bertrand Rossi a donc dû, une nouvelle fois dans la saison, relever le défi de remplacements au pied levé pour cette édition de Falstaff dont Romaric Hubert a  déjà rendu compte pour Première Loge.

Pour la dernière, voulant se montrer rassurant, Bertrand Rossi vient donc devant le rideau expliquer au public que les collègues voisins de l’Opéra de Monte-Carlo ont bien voulu prêter pour la soirée Massimo Cavalletti pour remplacer Vladimir Stoyanov en Ford et Nicola Alaimo pour assurer la partie vocale écrasante du rôle-titre en remplacement de Roberto de Candia, qui assurera néanmoins la partie scénique ! A l’écoute des pédigrées de ces deux artistes, on est évidemment impressionné par des parcours les conduisant régulièrement sur les plus grandes scènes du monde. Et Bertrand Rossi de conclure, non sans humour, que parfois l’Opéra c’est un peu comme le foot : imaginez l’OGC Nice s’entourer pour un match de Kylian Mbappé et de Lionel Messi ! Sauf que pour l’OGC ce serait impossible alors que pour l’Opéra, avoir Alaimo et Cavalletti ça l’est tout à fait !

Si nous avons été moins sensibles à ce Ford de belle allure mais à la voix selon nous trop légère pour un rôle que Verdi positionne dans la droite ligne de ces barytons à la couleur bien spécifique – la fin de son air « È sogno ? O realtà ? » trahit ainsi une tension dans l’aigu – le Sir John de Nicola Alaimo, même sans l’apport d’une production scénique, surclasse la plupart de ses collègues actuels (et confirme la magnifique impression laissée par sa récente prestation à la Fenice). De fait, alors que le chanteur se tient pourtant le plus discrètement possible côté jardin, on surprend plus d’une fois le public les yeux rivés sur lui ! Il est vrai que même dans des conditions aussi singulières – en regardant évoluer sur scène Roberto de Candia, on a ainsi parfois l’impression qu’il chante… lui aussi ! – Nicola Alaimo, par la moindre des inflexions d’une voix aujourd’hui au zénith de sa maturité, manifeste un engagement de tous les instants dans un rôle qu’il incarne à la perfection.

Décidément, l’Opéra de Nice sait faire preuve de cette « agilité » dont, paraît-il, il est bienvenu de faire preuve aujourd’hui dans le monde du travail !

Les artistes

Sir John Falstaff : Nicola Alaimo
Ford : Massimo Cavalletti

… et toute la distribution réunie par l’Opéra de Nice

Le programme

Falstaff

Comédie lyrique en trois actes donnée pour la première fois au Teatro alla Scala, Milan, 9 février 1893. Musique : Giuseppe Verdi (1813-1901) Livret : Arrigo Boito (1842-1918), d’après Les Joyeuses Commères de Windsor (1602) et les parties I et II d’Henri IV (1596-1598) de William Shakespeare.

Représentation du 6 avril 2023, Opéra de Nice.