Poitiers célèbre le 10e anniversaire du CHŒUR ET ORCHESTRE DES JEUNES avec MALIK DJOUDI

« Le plus important, c’est la transmission… » C’est par ces mots que Malik Djoudi a refermé cette dixième édition des concerts du COJ (Chœur et orchestre des jeunes). Des mots qui caractérisent on ne peut mieux l’esprit qui préside à cette initiative impulsée par l’Orchestre des Champs-Élysées en 2013, grâce à laquelle de jeunes choristes et instrumentistes en herbe peuvent se produire en public dans d’excellentes conditions, sous la conduite de chefs professionnels et dans des lieux prestigieux : Abbaye aux Dames de Saintes, Palais des Congrès de Parthenay, ou, comme cette année, Théâtre Auditorium de Poitiers. Pour cette édition anniversaire, ce sont plusieurs lycées de Poitiers, Angoulême, Royan, mais aussi les Conservatoires de Grand Poitiers, Bordeaux, Angoulême, l’Université de Poitiers et le Pôle Aliénor de Poitiers qui ont été sollicités, fournissant un ensemble de choristes et d’instrumentistes aussi enthousiastes que talentueux.

Au programme, en ce mardi 14 mars, des œuvres qui couvrent l’ensemble du XIXe siècle, de Beethoven et sa Symphonie n°5 (créée en 1808) au Requiem de Fauré (dans sa version 1900), via le Requiem de Cherubini (créé en 1817) ou le Magnificat de Mendelssohn (composé en 1822), dont le premier mouvement conclut le concert avec une touche d’allégresse bienvenue. Autant dire que ce n’est pas la facilité qui a été choisie et que les extraits d’œuvres retenus exigent de la part des interprètes expressivité et musicalité, mais aussi rigueur et précision. Le résultat est étonnant et l’on mesure tout le travail qui a dû être effectué en amont lors des répétitions, notamment celles des choristes, menées par les professeurs des lycées ayant participé à l’événement, très applaudis par leurs élèves ! Passées les premières mesures de la 5e de Beethoven, dont l’incisivité cueille un peu à froid les musiciens, l’orchestre fait vite preuve d’une belle malléabilité et témoigne d’une véritable entente avec la cheffe (la talentueuse Guillemette Daboval, qui intégrera l’académie Favart lors de la prochaine saison et deviendra cheffe assistante de l’Opéra Comique), laquelle dirige également avec souplesse et précision les jeunes choristes, impressionnants de concentration et de sérieux, aussi convaincants dans la déploration de l’ « Introit » du Requiem de Cherubini que dans le chant tourmenté du « Dies Irae » ou le recueillement du Requiem de Fauré (bravo pour le beau rendu des lignes aériennes et épurées du « Sanctus » – qui sera repris en bis – ou encore la douceur du « Lux aeternat »…).

Enfin, le parrain du concert, Malik Djoudi, réserve aux spectateurs une belle surprise en montant sur scène pour interpréter avec les musiciens un de ses plus célèbres titres : la fameuse Odepluie. L’arrangement proposé par Arnold Bretagne est très réussi en ceci qu’il préserve toute la magie et la délicatesse du morceau, permettant aux instrumentistes et aux choristes de dialoguer poétiquement avec « l’enfant du pays » – Malik  Djoudi étant resté, comme l’on sait, extrêmement attaché à la région où il passa son enfance . Faut-il s’étonner de la présence du chanteur à un tel concert ? Certainement pas : comme il nous l’a confié lors d’un petit entretien précédant le concert, pour Malik Djoudi, la musique est avant tout affaire de passion et d’émotion, lesquelles peuvent toutes deux être générées par toutes les styles et genres musicaux, du rock à la pop, de l’électro à l’opéra. Le chanteur, par sa présence, souhaite ainsi contribuer à abolir les frontières qui séparent encore trop souvent les différentes formes d’art et leur public. Lui qui se dit amateur de musique classique (il avoue un faible pour Ravel et notamment sa Pavane pour une infante défunte) sans pour autant être « spécialiste » a, chevillée au corps, la ferme conviction que le brassage des cultures (ce chanteur français n’est-il pas le petit-fils d’un grand père algérien et d’une grand-mère vietnamienne ?), la richesse des rencontres multiples et variées que la vie réserve, l’apprentissage de la tolérance sont la clé d’un vivre ensemble riche et harmonieux. Admiratif des jeunes avec lesquels il a travaillé et de leur grand sérieux au cours des répétitions, il a ainsi mis en œuvre, concrètement, la nécessaire transmission dont il a vanté les mérites avant de prendre congé du public, enthousiaste et venu très nombreux.

Un grand merci à Malik Djoudi, aux jeunes et aux organisateurs du concert, dont l’action, en contribuant à pallier la place insuffisante allouée à l’enseignement artistique dans les écoles, collèges et lycées français, est véritablement d’utilité publique. Voilà bien le type d’événements qui nous confortent dans l’idée que tout reste possible avec un peu de volonté, une ferme envie de partager – et une bonne dose d’enthousiasme, de passion et d’ouverture d’esprit !

Les artistes

Malik Djoudi, voix
Matéo Dupont, baryton

Chœur et orchestre des Jeunes, dir. Guillemette Daboval

Avec la participation des :

Lycée Guez de Balzac (Angoulême)
Lycée Cordouan (Royan)
Lycée Victor Hugo (Poitiers)
Lycée du Dolmen (Poitiers)
Lycée Kyoto (Poitiers)
Conservatoire de Grand Poitiers
Conservatoire de Bordeaux
Conservatoire d’Angoulême
Université de Poitiers
Pôle Aliénor de Poitiers

Le programme

  • BEETHOVEN,  Symphonie N.5 | 1er mvt |
  • CHERUBINI,  Requiem ut mineur (1816) | Introit Kyrie / Dies Irae / Pie Jesu
  • FAURE, Requiem op.48 (version 1900) | Sanctus / Agnus Dei / Libera Me (avec baryton solo)
  • MENDELSSOHN, Magnificat | 1er mvt
  • MALIK DJOUDI, Odepluie, arrangement de Arnold Bretagne

Concert du mardi 14 mars 2023, TAP de Poitiers