Concert « Le soleil de Naples » : Chorégies d’Orange hors les murs

Quel bonheur de retrouver des artistes lyriques généreux et une pianiste de haute volée dans le cadre inspirant d’un lieu dédié au spectacle depuis l’Antiquité romaine !

C’est parmi les belles pierres du théâtre antique d’Arles que le trio de ténors « Le Soleil de Naples » avait choisi d’évoluer, dans le cadre d’une tournée produite par les Chorégies d’Orange hors les murs en collaboration avec Arsud, nouvel outil régional pour les arts et spectacles.

Annoncé comme un temps fort de la programmation estivale d’un été culturel pas tout à fait comme les autres, le programme, qui permet à un public rapidement conquis de déambuler entre Pausilippe et Marechiaro, lieux symboliques de l’histoire de la chanson napolitaine, tient largement ses promesses et réchauffe les cœurs dans une période où ce n’est pas un luxe inutile !

Né en 2016 de la rencontre de trois amis, Giandomenico Cappuccio, Pasquale Ferraro et Vincenzo Di Nocera, ténors du Chœur de l’Opéra de Monte-Carlo, le trio « Le Soleil de Naples » partage un goût bien compréhensible pour la romance, la passion et la joie de vivre, caractéristiques essentielles à l’interprétation de la chanson classique napolitaine. L’été dernier, c’est la Cour Saint-Louis d’Orange qui s’était embrasée aux mélismes des indémodables mélodies de Di Capua, de Curtis ou Tosti… Pour cette tournée 2020, c’est Nice qui aura donné le départ d’une série de concerts où les communes d’Ollioules, Orange Vaison-la-Romaine et donc Arles auront pu profiter, dans un nouveau programme, des talents d’artistes accomplis de ces trois authentiques napolitains.

Faisant se succéder les titres dans une belle dynamique à la fois joyeuse et souvent empreinte de mélancolie, ces trois ténors à la couleur vocale barytonnante, s’ils n’ont pas forcément les voix ensoleillées que l’on peut attendre dans ce type de répertoire évidemment immortalisé par quelques-uns des plus grands gosiers du siècle dernier, de Caruso à Pavarotti en passant par Gigli et Di Stefano, ont cependant suffisamment le sens du mot et du phrasé pour faire passer dans leurs interprétations cette poésie si typiquement napolitaine qui mêle passion et grotesque, humour et tragique, dans des textes signés Libero Bovio, Vincenzo Russo, Giovanni Capurro ou Salvatore di Giacomo. En outre, le fait de chanter les paroles originales, souvent bien supérieures en réalisme au texte italien, dans cette langue napolitaine toujours usitée, permet de savourer pleinement les accents de tarentelle de Comme facette mammeta ou la nostalgie d’A Vucchella, et ce d’autant plus que dans cette dernière mélodie, signée Tosti, les trois ténors s’accompagnent eux-mêmes – et fort bien !- d’un instrument : guitare pour Pasquale Ferraro, piano pour Giandomenico Cappuccio et mandoline pour Vincenzo Di Nocera.

N’hésitant pas à laisser libre cours à quelques jeux de scènes bienvenus dans ce type de soirée (port des lunettes noires de mafiosi napolitains dans le standard Malafemmena) ni à ajouter un ou deux couplets en français pour Guaglione (c’est-à-dire, en français, Bambino !), nos trois compères bénéficient avec Kira Parfeevets au piano d’une véritable artiste, à la complicité musicale sans faille.

Pianiste et chef de chant, on savait depuis longtemps Kira Parfeevets passionnée par l’accompagnement et le travail sur l’interprétation vocale. On retrouve ici la sensibilité d’un toucher qui sait se faire à la fois extrêmement nuancé ou au contraire totalement trépidant dans de magnifiques mélodies comme Era de Maggio ou au O surdato’nnamurato. Tout au long de la soirée, cette interprétation transporte public et solistes dans un enthousiasme communicatif et montre tout simplement que Kira Parfeevets aime ce répertoire. L’émotion du public sera d’ailleurs particulièrement palpable dans un bel hommage rendu en solo à la musique d’Ennio Morricone pour le film Le Professionnel.

Le programme se termine comme il se doit par l’incontournable O Sole mio puis, en bis, par le non moins fameux Funiculì Funiculà, composé en 1880 pour l’inauguration du funiculaire du Vésuve mais dont les paroles, à double sens, parlent surtout du feu dont brûle un jeune homme pour sa belle…

Ce soir, c’est tout le public du théâtre antique qui s’enflamme pour ces trois ténors de braise et leur pianiste incandescente !

Les photos du spectacle, signées Romain Boutillier/Ville d’Arles, sont à découvrir


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Les artistes

Giandomenico Cappuccio, Pasquale Ferraro et Vincenzo Di Nocera   ténors

Kira Parfeevets   piano

Le programme

Concert donné le samedi 25 juillet 2020 au Thâtre antique d’Arles

Mélodies et chansons de Di Capua, De Curtis, Tosti et Denza.