KANDINSKY ET LA MUSIQUE DES COULEURS
Philharmonie de Paris – Musée de la Musique / Centre Pompidou

Plus qu’un hommage ou une évocation, certains titres de tableaux de Kandinsky (Improvisation, Fugue, Composition…) témoignent de la place essentielle de la musique dans la démarche du peintre.
Mais plus encore qu’une source d’inspiration, la musique constitue pour Kandinsky un modèle à atteindre dans ses structures, sa spiritualité et sa liberté vis-à-vis de l’injonction d’imitation du réel. Le pionnier de l’abstraction picturale en nourrira son art.
D’abord constitutive du moment fondateur de la vocation du peintre (le choc Wagner), la musique, spécialement de ses contemporains d’avant-garde mais aussi de maîtres anciens, sera le cadre, la référence et l’objectif permanents du projet artistique de Kandinsky.

C’est ce que la très belle exposition, fruit d’une collaboration entre le Musée de la musique – Philharmonie de Paris et le Centre Pompidou, illustre et démontre de manière exemplaire, dans une scénographie très élégante, qui réussit à présenter les quelque deux-cents œuvres dans l’espace d’exposition relativement réduit de la Philharmonie.
Basée sur le fonds inégalé du Centre Pompidou et enrichie de prêts prestigieux, elle présente un parcours thématique et musical qui renforce l’émotion et la perception des correspondances entre formes et sons. Le visiteur est invité à parcourir l’exposition muni d’un casque, non pas pour écouter un audioguide descriptif, mais pour vivre une expérience d’écoute parallèle : des extraits musicaux choisis ne commentent pas les œuvres, mais entrent en résonance avec elles. Des textes de Kandinsky, diffusés ou affichés sur les murs, accompagnent le parcours et prolongent la réflexion esthétique du peintre.

Une installation autour de Lohengrin ouvre le parcours, évocation du choc esthétique décisif vécu par Kandinsky. Parmi les temps forts du parcours :

  • Les relations entre Kandinsky et Schönberg, avec notamment l’extraordinaire Impression III (Concert), prêtée par la Lenbachhaus de Munich, associée au Quatuor à cordes en fa dièse mineur opus 10 du compositeur viennois.
  • La reconstitution du dispositif conçu par Kandinsky au Bauhaus pour illustrer Les Tableaux d’une exposition de Moussorgski.
  • La fascinante section consacrée à Klänge, recueil de poèmes “sonores” où le langage devient matière musicale, dépouillé de signification, accompagnés et non pas illustrés par des xylogravures.
  • La projection numérique évoquant le Salon de musique imaginé par Kandinsky en 1931 à la demande de Mies van der Rohe, accompagné de Klavierstücke de Hanns Eisler.
  • L’admirable Fugue, prêtée par la collection Beyeler. Son dialogue avec une œuvre de Paul Klee souligne deux approches différentes de la forme musicale : la transcription graphique quasi littérale chez Klee et la polyphonie picturale chez Kandinsky.

L’exposition s’achève sur un moment exceptionnel : la réunion, pour la première fois en France, des trois dernières Compositions de l’artiste – Compositions 8, 9 et 10 – avec des prêts du Guggenheim de New York et de la Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen de Düsseldorf.

« Kandinsky, la musique des couleurs », Philharmonie de Paris, du 15 octobre 2025 au 1er février 2026. Pour en savoir plus, cliquez ici !