Festival de Saint-Denis : « Nos esprits libres » par Il Caravaggio et les jeunes talents du Studio Lyrique

Cette soirée donnée jeudi 15 mai en l’Église Saint-Denys-de-l’Estrée constituait tout à la fois une avant-première du festival de Saint-Denis et le concert de clôture du programme de deux  ans du « Studio lyrique », porté par l’ensemble Il Caravaggio et sa cheffe Camille Delaforge : huit chanteurs ont ainsi été préparés à une carrière soliste dans les domaines du répertoire lyrique baroque et classique, et le public a pu en cette occasion découvrir un bel aperçu de leur talent. Camille Delaforge a eu par ailleurs la belle attention de présenter chaque soliste avec des mots très touchants entre les 2 parties du concert.

C’est un beau programme qui a été proposé au public, concentré dans son style (chansons et airs de la deuxième moitié du XVIIe siècle français), mais très varié dans les choix, avec une alternance de pages tantôt dédiées aux voix seules, tantôt requérant des ensembles, allant de la pastorale à la tragédie, en passant par le grotesque, avec également un « intermezzo » instrumental : la belle sonate pour viole de gambe de M. Marais.La deuxième est partie presque entièrement dédiée à la comédie-ballet de Lully- Molière (avec le remake de Charpentier pour Le Mariage forcé).

Les solistes se montrent tous très impliqués et l’on observe une belle complicité entre chacun d’entre eux, la cheffe et les instrumentistes.
Chez les femmes, on apprécie notamment l’engagement et la belle projection de Louise Bourgeat (« Je languis » – Le Bourgeois Gentilhomme). Appoline Rai-Wetsphal fait quant à elle preuve de clarté et d’expressivité dans le « Récit de la beauté » du Mariage forcé de Lully.
Les hommes sont mis en valeur dans les ensembles, avec « Oh, la belle harmonie » du Mariage forcé de Charpentier, « Dormez, beaux yeus » des Amants magnifiques, les airs des Espagnols du Bourgeois Gentilhomme. On apprécie dans ces pages le ténor Léo Guillou-Keredan, la basse prometteuse Alexandre Adra, et le ténor Jordan Mouaïssia (dont Première Loge a déjà eu l’occasion de vanter les mérites), tout à fait remarquable dans les stances du Cid. Il fait preuve d’une agilité, d’une flexibilité et d’une présence qui donnent envie de le réentendre bientôt (pourquoi pas dans un Rossini ?)

Le concert se termine par un tutti de la troupe, et remporte un beau succès public. En bis, les artistes offrent le finale du Carnaval de Venise de Campra, œuvre qui a accompagné ces jeunes talents pendant leur participation au Studio Lyrique.

Les artistes

Apolline Raï-Westphal, soprano
Louise Bourgeat, soprano
Jordan Mouaïssia, ténor
Léo Guillou-Keredan, ténor
Alexandre Adra, basse

Ensemble Il Caravaggio, Studio lyrique Il Caravaggio, dir. Camille Delaforge

Le programme

Nos esprits libres

Anonyme Chantez, résonnez ma musette
Marc-Antoine Charpentier Sans frayeur dans ce bois
Jean-Henri d’Anglebert Prélude en ré mineur
Marc-Antoine Charpentier Les stances du cid
Honoré d’Ambruis Le doux silence de nos bois
Marin Marais Sonate pour viole de gambe
Nicolas Racot De Grandval J’ai languy sous vos dures lois
Jean-Baptiste Lully Le mariage forcé, Récit de la beauté
Marc-Antoine Charpentier Le mariage forcé, Oh la belle harmonie
Jean-Baptiste Lully Les amants magnifiques, Dormez beaux yeux
Jean-Baptiste Lully Le Bourgeois gentilhomme
Anonyme Nos esprits libres et contents

Festival de Saint-Denis, Eglise Saint-Denys-de-l’Estrée, concert du jeudi 15 mai 2025